La Chartreuse et son patrimoine militaire
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photo: photobrol |
La Chartreuse n’est
pas qu’une friche militaire. C’est un patrimoine militaire unique. C’est
d’ailleurs ce patrimoine-là qui est le plus menacé aujourd’hui, et où l’intervention
des promoteurs immobiliers la plus sournoise.
matière, voici le témoignage de l’aumônier militaire R. MEIJERS, et du capitaine Chef L. BALCK qui évoquent les souvenirs de ce qui
symbolisait, jusqu’aux années 60, Liège, ville de garnison, avec des milliers
de « ploucs » qui ont dévalé « Pierreuse » et le « Thier de
la Chartreuse » pour se rendre, chaque soir durant quelques heures, dans la
Cité ardente. « Dans les années 30, le 11 novembre toutes les écoles de la ville (communales et
catholiques) s’en allaient, en cortège, à l’Enclos du Bastion devant les tombes
des fusillés de « la Chartreuse ». Ensuite, nous traversions, au
cimetière de Robermont, la pelouse d’Honneur des Anciens, tombés durant la
guerre de 14-18. La Chartreuse nous semblait immense, imposante avec ses
« tunnels », ses bâtiments, ses soldats « au garde à vous ». Maintenant
que « la Chartreuse » est appelée à disparaître et ce dans un avenir
plus ou
moins proche, nombreux sont ceux qui, un peu tard, s’y intéressent ! Depuis
des années, « la Chartreuse » s’est lentement mais sûrement dégradée.
Le plus bel exemple de cet état de chose est la « Maison Lambinon »
connue également sous le nom de ferme Napoléon, de café Clerment ou tout
simplement le « Bloc 22 ».Construite vers 1792, elle fut la seule
maison à être incorporée dans l’enceinte du fort de 1818.Toujours intacte en
1960, allez voir ce qu’il en reste ».
ce qui reste du hameau de Péville, démoli par Wellington pour y construire le fort. Quant la ferme Napoléon, il a passé une nuit
là-bas, mais c’est son vainqueur Wellington qui a suggéré d’y construire un
fort contre l’ogre français.
Le patrimoine militaire menacé depuis
la vente en 2003
gène les vautours immobiliers qui tournent autour du site. Quand Immo Gérardrie
achète le site en 2003 il le divise très vite en trois lots et refile les
bâtiments classés à une nébuleuse Infinéa Invest. Et puis, la vente a été organisée de telle
manière que ça doit foirer : l’extérieur des remparts est à la Ville; l’intérieur
appartient aux promoteurs, qui prétendent ne pas avoir les moyens de les
rénover. Or, la ville avait justement préconisé un partenariat avec le privé pour
manque de moyens.
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photo Gaudry |
L’asbl La Chartreuse l’a
dit depuis vingt ans : «le réduit est
le cadeau empoisonné. Les promoteurs pensent que les pouvoirs publics
devront s’impliquer si ils veulent vraiment, comme ils le prétendent, un avenir
pour le domaine ».
centrale à celui de la zone sud et nord,
principalement destinées à la construction de logements neufs et donc
bien plus rentables. Cela permettrait d’équilibrer le déficit de la zone
centrale et de limiter le portage
financier sur la zone centrale tout en évitant que la dégradation du fort se
poursuive et que celui-ci exerce un effet répulsif sur les acheteurs éventuels.
L’urbanisation de la dernière zone (nord ou sud) ne serait autorisée qu’une
fois le fort réaménagé. Ceci suppose toutefois un partenaire privé ayant les
reins assez solides pour mener à bien le réaménagement de l’ensemble du site ».
réduit passe d’Infinéa Invest à Immo Chartreuse ; je n’ai pas réussi à
savoir les clauses de la transaction. Toujours est-il que celle-ci ne montre pas
plus d’activité que son prédécesseur, que du contraire. En novembre 2009 les
cachots, où étaient retenus par les allemands les condamnés à mort durant la
première guerre mondiale, sont détruits. L’ancienne infirmerie, et les
« nouveaux » cachots subissent rapidement le même sort. En 2017, pour
l’échevin Hupkens, la zone centrale militaire est irrécupérable ou déjà démolie
à moitié.
souvenir de ces écoliers des années 30, qui défilaient le 11 novembre devant les tombes des fusillés de la
Chartreuse. Mais l’histoire militaire de la Chartreuse est infiniment plus
riche et mérite mieux que cette lente descente aux enfers.
C’est la géopolitique, stupid :
le Thier de la Chartreuse : le « Grand chemin »
Le site de Cornillon,
aux portes de Liège, a été fortifié depuis que la ville existe. Mais « quoique tous ces restes (de la Chartreuse)
soient d’un âge vénérable, ils ne peuvent nous renseigner sur les premiers
épisodes de l’histoire militaire de la Chartreuse ; les annalistes
eux-mêmes nous laissent presque ignorants sur ce point » (Gobert, Liège à travers les
âges. Les rues de Liège, t. IV p. 112 ).
sûre : il y avait des fortifications. C’est géopolitique. On pourrait l’oublier
en arpentant ce vénérable Thier de la Chartreuse: ce chemin fut longtemps le « Grand chemin » ou « Chemin royal« . Ce Chemin royal a posé
des problèmes à Coehoorn, le Vauban hollandais qui reconstruit le fort contre
Louis XIV. Il a fallu attendre Wellington, le vainqueur de Napoléon, pour que
ce chemin soit dévié vers ce qui est aujourd’hui la N3 dont on dit dans le plancommunal de Mobilité de 2004 que « l’accès de la Chartreuse vers
l’Est par la seule route de Fléron (N3) est particulièrement mal adapté ».
Vu les bouchons sur la N3 le danger que le trafic reprend son chemin ancestral
en se faufilant dans les rues non adaptées de la Chartreuse n’est pas
inimaginaire… C’est les militaires qui nous apprennent que l’aménagement de la
Chartreuse aujourd’hui doit se concevoir en y intégrant la problématique de la
mobilité.
1336 : la forteresse démolie par
nos aïeux
prince-évêque Jean de Flandre y installa un château fort, d’un côté pour se protéger contre ses
voisins, mais probablement aussi pour y instaurer un genre de douane. Installer
ce qu’on appellera plus tard une barrière sur ce Chemin Royal était tentant
pour un Prince toujours à court d’argent. Les liégeois n’étaient pas
particulièrement heureux avec cette initiative de leur Prince. C’était une période
très turbulente notamment autour d’une taxe sur la fermeté qui frappait entre
autres la bière. Cette révolte a mené au Mal Saint Martin. Ce qui explique que
les Liégeois l’ont détruit en 1336, lors de leur conflit avec leur
prince-évêque Adolphe de La Marck.
qui n’aimait pas trop les révolutionnaires : « La forteresse a été démolie par nos aïeux vers ces moments dans un
accès de surexcitation contre le chef de la Principauté. Il n’en resta plus
pierre sur pierre… » (GOBERT Th., Liège à travers les âges. Les rues de
Liège, t. IV p. 358-360).
L’évêque-mendiant assassiné au
Basse-Wez
peut-être plus pierre sur pierre, mais le site rentre dans la grande histoire en
1482, lorsqu’en dessous du Cornillon, au
moulin de Basse–Wez, au
pied des vignobles qui couvraient alors les coteaux de la Chartreuse, le
Prince-Evêque Louis de Bourbon est tué par Guillaume de La Marck, popularisé en 1823 par le romancier Walter Scott dans son Quentin Durward comme un barbu sanguinaire surnommé « le
Sanglier des Ardennes ». Cette scène a été immortalisée dans un célèbre
tableau de Delacroix de 1829 ‘L’Assassinat de l’évêque de Liége’.
Delacroix ne situe pas la scène au Basse-Wez, mais on peut vivre avec ça, voir
demander au Louvre de retoucher cette erreur ?
été remis sur son trône par Charles le Téméraire qui avait incendié la ville
pour la punir de sa révolte. Mais après la mort du Téméraire les rapports de
force sont tels que son successeur Jean de Hornes doit accepter de faire sa
Joyeuse Entrée à Liège en compagnie de Guillaume de La Marck. Ce dernier ne
cesse d’ourdir des intrigues en s’acoquinant avec l’ « universelle
aragne » (Louis XI).
situation se consolide de Hornes attire de la Marck dans une embuscade et
l’exécute à Maastricht pour le meurtre de son prédécesseur de Bourbon.
civile de sept ans entre les de la Marck (Everard et Robert, frères de
Guillaume) et les de Hornes où la Chartreuse joue un rôle clef. Les de La
Marck, excommuniés et interdits de la avec les œuvres
d’art qu’elle contenait, les autels et aussi les livres liturgiques et qui
devaient, en raison de leur destination, constituer le joyau de la
bibliothèque. Celle-ci, heureusement, était abritée dans un local complètement
isolé par une muraille de pierre ; elle dut à cette situation privilégiée
d’échapper à la destruction de tout le monastère» (Stiennon).
Cité, pénètrent en 1486 et 1487 à Liège
et s’emparent de la Chartreuse. Ils sont finalement repoussées, après une
occupation d’une quinzaine de jours. Un incendie consume l’entièreté de
l’église des Chartreux «
deux camps signent la Paix de Saint-Jacques, le Prince fait le siège du château
de Franchimont, quartier général des La Marck, en 1488. Il décide, en accord avec la Cité, de démolir la Chartreuse. Probablement pas
entièrement, puisque deux siècles plus tard, lors de la guerre franco-espagnole de Trente Ans, la Chartreuse est occupé par
les troupes à la solde de Louis XII. Et en 1649, c’est l’évêque Ferdinand de Bavière qui, pour
rétablir son autorité à Liège, fait appel à des troupes allemandes qui occupent
La Chartreuse. Nous sommes en plein dans
le conflit Chiroux- Grignoux.
tant de démolitions- reconstructions, les vestiges ne sauraient nous renseigner
sur les premiers épisodes, comme disait Gobert.
est très fouillée à partir de 1692 et les travaux de fortification du Vauban
hollandais Coehoorn. Le Centre Liégeois d’Histoire et d’Archéologie Militaire
(CLHAM)
a fait un beau travail sur toute l’époque moderne.
La Chartreuse en tenaille entre Louis
XIV avec Vauban, et la ligue d’Augsbourg avec Coehoorn
les puissances européennes forment la ligue d’Augsbourg en juillet 1686. En 1688, lorsque le prince électeur et
archevêque de Cologne mourut, le roi de France soutient la candidature de
l’évêque de Strasbourg. Son adversaire fut Joseph Clément de Bavière. C’est compliqué, et je vous épargne les détails, mais retenons
que la principauté était jusqu’au cou dans ces problèmes puisque Joseph Clément
avait aussi des prétentions sur la principauté, à côté de l’archévêché de
Cologne. Même le pape Innocent XI se prononce en faveur de Joseph Clément. Louis
XIV déclenche alors la guerre de la ligue d’Augsbourg (la majorité des pays européens parleront de la guerre de neuf ans,
c’est plus simple). Louis XIV envahit
l’archevêché de Cologne et l’évêché de Liège. En 1691, l’armée française, sous
les ordres du maréchal de Boufflers, apparaît devant la Chartreuse. Après 4
jours de bombardement et plusieurs attaques, les Français s’en emparent. On
peut donc supposer qu’il y avait encore des fortifications. De là, ils bombardent
la ville durant plusieurs jours. Obligé de battre en retraite sous la menace
des troupes hollandaises, le maréchal de Boufflers met le feu à la Chartreuse.
1692, les hollandais nomment Coehoorn commandant de Liège. C’est dans ce
cadre-là qu’il améliore les défenses de La Chartreuse.
D’Artagnan. En 1691, Coehoorn retrouve Vauban comme adversaire à Namur, où il avait
construit le Fort William et La Casotte. Coehoorn est grièvement blessé lors du siège et salué par
Vauban qui rebaptise Fort William en Fort Coehoorn en son honneur.
http://www.clham.org/t-1-fasc-9-10-chartreuse les premiers dessins concernant
la Chartreuse fortifiée datent des années 1692. Les travaux dureront trois ans.
Fabrice Muller a mis sur internet une plaquette du Centre Nature et Patrimoine
très instructive
Chartreuse avait été aménagé, entre 1691 et 1693, un ouvrage stratégique dit à
couronne. Ce dernier ouvrage militaire qui englobait tout le couvent de la
Chartreuse était protégé par une triple ligne de défense, formée de simples
terrassements, de tranchées, mais qui s’appuyaient sur la Meuse: en aval à
Coronmeuse et en amont vers Avroy » (GOBERT Th., Liège à travers les âges. Les rues de
Liège, t. I, p. 520).
s’intéressent vivement à ces travaux. En 1692, Villeneuve envoie un simple
dessin représentant la Chartreuse: « Plan
des ouvrages qui ont été fait par les alliés pour fortifier la Chartreuse de
Liège« . Les alliés dont parle Villeneuve, c’est Coehoorn, ennemi de la France. Ce qui frappe c’est
l’étendue de l’enceinte fortifiée. On remarque également l’ébauche d’un chemin
avec la mention : « Chemin de la
Ville« . Probablement le Thier de la Chartreuse.
envoie un second dessin intitulé : « Plan
de Liège, avec une légende relative aux lignes faites par les Alliés »
avec la route qui traverse l’enceinte fortifiée au sommet de la colline.
qui a servi de base au « Plan de la
Ville et Citadelle de Liège édité à Paris chez la Veuve du Sr Du Val, Géographe
Ordinaire de Sa Majesté sur le Quay de l’Orloge« , de 1694. Une manière
de faire savoir à l’adversaire qu’on sait tout : « en partant du pont de « Mercoeur » nous avons le Réduit
ou Château Neuf flanqué de Citadelle ou ouvrage à couronne, y a le « Trou
des Chartreux » et devant l’Enceinte de l’Hospital, une fossé plein d’eau
qui devait être la première ligne de défense ».
La Chartreuse occupe
apparemment tout le plateau : le réduit et ses fortifications font environ 125
toises soit 243 m. Entre le réduit et l’enceinte de l’Hospital, il y a presque
400 m. Il est pour nous difficile à situer ce fameux « Fossé plein
d’eau », qui rejoint, d’une part, « l’Ourt » et, d’autre part,
« la Rivière Meuse ». Mais
n’oublions pas que la ‘dérivation’ a modifié fondamentalement la situation fin
du 19ième siècle. Evidemment, à part le réduit central qui devait
être construit en dur, le reste est en matériau peu solide : palissades en
bois, remblais de terre, etc.
travaux touchent à leur fin, Coehoorn envoie le « Plan et Profils des Fortifications de La Chartreuse de Liège avec
Légende« .
1701 – 1714 La Chartreuse et la guerre
de Succession
se prolonge sans interruption dans la guerre de Succession dont l’enjeu reste
le même. Il n’y a que le prétexte qui change. Louis XIV s’immisce dans la
succession de Charles II d’Espagne pour éviter la reconstitution de l’empire de
Charles Quint au profit des Habsbourg d’Autriche, ce qui aurait signifié un
encerclement de la France. Mais la guerre de Succession d’Espagne se conclut
par un demi-échec pour Louis puisque les Autrichiens remplacent les Espagnols
dans les Pays-Bas espagnols (désormais autrichiens) et en Italie.
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van Coehoorn |
En 1701, la Chartreuse
retombe dans les mains françaises. De la Combe envoie, le 26 décembre, « un projet des ouvrages à faire à La
Chartreuse« . Par rapport au plan de Coehoorn, les deux saillants
fortifiés et la redoute ont disparu : « Toute ce qui est marque de Jaune est Entièrement demoly et le restans.
des Bastions ne vaus plus grand chose. Les trois demylune sont toute Entière de
mesme que les chemins couvers ou il ni aura que quelque peu de réparations a y
faire ». En 1702, Filley envoie un dossier au maréchal de Boufflers en
vue de rétablir « les fortifications
de Liège » et indique les travaux à effectuer à la Chartreuse…
inspirera peut-être un architecte-paysagiste ou un jardinier de 2018 : « Je ne voy rien de mieux que de rétablir de
terre cette enceinte comme elle étoit auparavant, gazonner extérieurement tout
le corps de place bastionné comme il est. Il faut que le gazonnage commence du fond du
fossé attendu qu’il n’y avoit qu’une très petite berne auparavant qui ne paroit
presque plus, que ce gazonnage soit élevé jusqu’à la fraize de la hauteur de 17
pieds et audessus de la fraize de trois pieds. Il est nécessaire que les
parapets soient gazonnez intérieurement en donnant 20 pieds despaisseur aux
parapets des bastions et 18 a ceux des courtines, la banquette de 4 pieds de
largeur et le rampart de 3 et 4 toises sans les talus, bien fraizer tout ce
corps de place a planter un epalissage panchée dans le fossé a 3 pieds près du
gazonnage ».
Filley estime la longueur
du corps de la place bastionnée à 1,2 km. « L’angle formé des deux bastions ferment cette enceinte de place contre
un très bon mur de maçonnerie l’on peut conter toue la gorge de cet ouvrage
très bien escarpé; outre cela doublement fermé de bons murs de maçonnerie, de
maniers qu’il n’est pas croyable qu’elle puisse être attaquée de ce coté là; il
faut seulement faire deux coupures sur lavenue de la ville avec deux ou trois
petits escarpemens a droite et a gauche de peu de dépense. Les Demilunes sont
presque dans leurs entiers, il faut seulement en nettojer le fossé, y mettre
une fraize, rétablir et gazonner les parapets intérieurement tout de même que
le parapet de la place, et fermer la gorge de ces Demilune d’une palissade. Il
faut rétablir entièrement le pont de charpente qui va de la place ala Demilune
4, de même celuy de la Demilune 4 ay chemin couvert.
bâtiment dans cette Encainte de Place, l’on pourra très bien se servir de Ceux
qui sont dedans et au bas de la Chartreuse, cest une petite paroisse ou il y a
un beau bâtiment, occupé par des Béguines qui ne sont point enfermées, ou l’on
pourroit faire un très bel hôpital ou y loger des troupes » (je suppose que ces béguines, c’est le couvent
des sœurs augustiniennes du mont Cornillon).
montant, les Ennemis y avoient fait sur les hauteurs deus espèces d’ouvrages de
terre qui sont très ruinez et tout a fait contre la Place, mon avis est de bien
applannir touts ces sortes de méchans ouvrage qui occupent la hauteur,
conservant celui 16 devant le bastion, le rétablir et la palissader.
ne sont soutenu de rien. Il y a aussi un petit bâtiment quarré en matière de
redoute devant le bastion qui est attaché a une enceinte de maçonnerie qui
joint lescarpement, autour duquel il est très neccessaire de faire un
retranchement de terre bien palissade afin de voir dans les fond qui sont a la
droite, et devant toute cette partie, ce Poste est très avantageusement Placé
et d’un très difficile accez.
la hauteur de l’Abbaye de Robermont, ou l’on peut risquer un poste supposé
qu’il y ait assé de trouppes dans la Chartreuse seulement pour la Découverte
des grands fonds qui abordent a cet endroit là, mais il ne faut pas penser
soutenir ce poste, je le crois trop éloigné. Pour tous les ouvrages de la
Citadelle et de La Chartreuse il faut au moins 30000 fascines ».
Janvier 1702« .
Robermont. Or, elle y a toute se place. Même si le cimetière monumental a pris
la place de l’Abbaye.
abbayes de Bernardines. La première est Robermont mais les religieuses subissent comme
les Chartreux violences et pillages et quittent ces lieux peu sûrs en 1230. Elle
s’installent au Val Benoît, mais les moines Augustins refusent de quitter ces
lieux. Pendant un certain temps, les deux congrégations religieuses vivent
ensemble au Val Benoît En 1242, une partie de la communauté se réinstalle à
Robermont.
Une Jérémiade de Vauban au sujet de
l’Entrepreneur de qui il tache vainement de tirer quelque chose
Evidemment, Filley, en
‘applannissant touts ces sortes de
méchans ouvrage retranchemens’ n’a pas facilité le travail de nos
archéologues. Le 24 juin 1702, soit cinq
mois après le rapport de Filley, Vauban se plaint des liégeois au maréchal de
Boufflers : « Estât auquel sont les
ouvrages de la Citadelle et de la Chartreuse de Liège. Il y a une Jérémiade au
sujet de l’Entrepreneur mais les gens de ce pays souffrent constamen les
exécutions sans beaucoup s’en émouvoir ce qui me persuade qu’il y a bien de la
mauvaise volonté dans leur fait. Reste à achever le parapet… les terres s’y
transportent par les Pionniers Paysans qui sont les plus grandes Canailles du
monde et les plus mauvais ouvriers!!! Du fort des Chartreux a qui il restera a
faire les communications de la ville au fort qui doivent envelopper tout le
faubourg Damercoeur dessus et dessous et tous les batimens nécessaires a la
garnison et les munitions« .
comme Vauban propose de ‘faire les communications de la ville au fort
qui doivent envelopper tout le faubourg Damercoeur’, pour des raisons
militaires, ne devrions-nous pas inclure aussi Amercoeur dans le périmètre de
la Chartreuse ? Je reviendrai là-dessus dans un autre blog.
tard, les travaux de Vauban sont mis à rude épreuve. Le duc de Marlborough lance
une nouvelle offensive contre Liège. Le livre Het Staatsche Leger décrit la
prise de la place : « Le 27, les
tranchées furent ouvertes et, le 29, à 10 heures du matin, les mortiers
commencèrent leur travail. Les bâtiments situés à l’intérieur de l’enceinte du
fort étaient la proie des flammes. Après la première salve, le son de la
chamade et le hissement du drapeau blanc annonçaient la fin du combat. Le 31
octobre, la garnison forte de 1500 hommes et de deux pièces légères, partit,
avec les honneurs militaires, vers Anvers via Tongres, à l’exception de 300 à
400 Suisses et sept compagnies de Wallons Liégeois qui abandonnèrent le service
français et réintégrèrent la ville de Liège« .
Traite des barrières et le «
renversement des alliances »
avec la guerre de Succession (1701-1714) d’avoir des frontières septentrionales
en contact direct avec les Provinces-Unies. Mais il doit se résoudre à conclure
le Traité d’Utrecht (1713) où ses ennemis les Habsbourg héritent des Pays-Bas.
Louis XIV doit céder aux Pays-Bas la Flandre rétrocédée ou West-Flandre. Et
après la mort de Louis XIV, lors du traité des Barrières de 1715, les garnisons
hollandaises peuvent occuper huit places fortes afin de constituer une Barrière
contre la France. Le traité prévoit aussi
la destruction de certaines places fortes, dont la citadelle de Liège…
Je suppose que les ouvrages militaires de la Chartreuse ne méritaient plus une
mention à part. En 1703, les Chartreux reviennent prendre possession de leur
couvent. Le couvent connaît un nouvel essor et les lieux sont embellis.
époque un dessin d’un M. de Lacombe de 1744.
alliance offensive et défensive entre la France et la monarchie autrichienne,
enlève encore plus l’intérêt militaire de la Chartreuse. En l781, l’Empereur autrichien Joseph Il abroge même le traité des barrières,
toute barrière étant inutile depuis l’alliance entre la France et l’Autriche.
Les hollandais retirèrent leurs troupes en 1782.
1794 bombardements autrichiens
Lorsqu’en 1792, les
troupes républicaines françaises envahissent Liège, le couvent des Chartreux,
sans défense, est saccagé et pillé, les moines sont expulsés. La Chartreuse
joue encore un rôle militaire en 1794, mais pas pour ses fortifications, mais
par sa position stratégique au-dessus de la ville, et, pour les Autrichiens,
sur leur chemin de retraite. Voici le récit :
« Au lendemain de sa belle victoire
de Fleurus, Jourdan paraissait devant Liège. Avec le secours bienvenu des
habitants, il est parvenu non sans mal à rejeter les Autrichiens du prince de
Saxe-Cobourg des murs de cette Cité, si ardente dans son amour de la France et
de la liberté. Les soldats de Jourdan, dans les rangs desquels on comptait
nombre de volontaires liégeois et belges, se sont ébranlés dès l’aube du 9
thermidor (27 juillet vieux style) de la colline de la Citadelle, mais les
canons autrichiens retranchés sur la rive droite les attendaient au pont des
Arches, le seul que possède cette ville. Il fallut charger sous la mitraille et
l’on eût perdu bien du monde sans le concours vaillant des patriotes liégeois.
Nombre d’entre eux traversèrent le cours d’eau à la nage pour tenter de déloger
les artilleurs autrichiens. Les Kaiserlicks firent retraite à travers le
quartier qu’on nomme Outremeuse; commencé en bon ordre, ce mouvement tourna à
la confusion lorsque la vaillante population du lieu se mit à faire pleuvoir
sur les Impériaux les projectiles les plus divers, depuis le fruit pourri
jusqu’à la lourde brique. Les Kaiserlicks se sont retranchés sur les hauteurs
de la Chartreuse, d’où ils arrosé de boulets le faubourg d’Amercoeur, dont il
ne reste aujourd’hui que ruines fumantes. Mais de là encore, ils furent
délogés ».
Des années plus tard, Napoléon autorisera les habitants d’Amercoeur de se
servir sur le chantier de démolition la cathédrale Saint-Lambert pour
reconstruire leurs demeures. Et le nouveau roi des belges et holandais se servira
de la même ‘carrière’ pour son fort.
Révolution liégeoise et française fera ce que l’empereur-sacristain Joseph II
n’a pas réussi : l’ordre des Chartreux fut supprimé le 13 mai 1797 et ses
biens qui s’étendaient de la rue Basse-Wez à l’église Saint-Remacle-au-Pont
furent vendus ou réunis à d’autres hospices civils comme le Valdor. On parle
ici de la Chartreuse. Je n’ai pas retrouvé mention d’une vente d’un fort ou
d’ouvrages militaires (à l’époque des ruines avaient une valeur positive :
on récupérait les briques, pierre de taille etc.).
1818 le Duc de Wellington veut reconstruire
la Chartreuse
En 1817, après la
défaite de Napoléon à Waterloo, les vainqueurs chargent le Duc de Wellington de
la construction d’une ligne défensive le long de la frontière. C’est les
français qui paieront. Après on va chercher un roi pour s’en occuper :
Guillaume d’Orange est mis à la tête du Royaume-Uni des Pays-Bas créé au
congrès de Vienne. En 1815, Guillaume avait été à la tête de l’armée
néerlandaise aux Quatre-Bras et à Waterloo. La butte du lion à Waterloo sera
érigée par les Hollandais à l’endroit même où fut blessé le prince héritier.
C’est l’Orangiste Cockerill qui a coulé le lion.
Wellington dessine les frontières méridionales du Royaume-Uni des Pays-Bas. De
1816 à 1825, des ingénieurs hollandais ont construit ou reconstruit 18 places
fortifiées. 60 millions des indemnités de guerre imposés à la France sont alloués
à la construction des forteresses.
préconise la construction d’un nouveau fort sur l’ancien hameau de Péville.
« Vu le rapport de notre Commissaire
général de la guerre qui a fait une inspection pour le Feld-Maréchal Prince de
Waterloo nous avons décidé et décidons : de consacrer une somme de deux
millions cinq cent mille florins pour la construction du fort de La Chartreuse
à Liège et les achats (propriétés privées)« . Ce Feld-Maréchal – en
fait, c’est lui qui décide et Guillaume exécute – est Arthur Wellesley, d’abord
comte, puis marquis, puis duc de Wellington, après sa victoire sur Napoléon à
Waterloo. En fait, Wellington avait déjà battu Napoléon en 1809 et 1812 au
Portugal et en Espagne, , avec l’aide des guerilleros.
belle-mère des jeunes états nés après Waterloo. Les travaux dureront jusque
1823. Comme déjà dit, de nombreuses pierres utilisées lors de la construction
du fort de la Chartreuse proviennent de la cathédrale Saint Lambert.
travaux extraordinaires pour fortifier la frontière méridionale du Royaume des
Pays-Bas » décrit les travaux à exécuter à la Chartreuse : 2.500.000
florins. Dans les prévisions pour 1821 le rapporteur écrit : « On n’a pu fermer le fort cette année à cause
de la grand route qui traverse le fort, au lieu de cela on a porté tous les
murs du rempart capital à la hauteur de 30 pieds« . L’arrêté loi du 4
février 1815 défendu « de construire
ou reconstruire des maisons ou murailles, former des élévations, faire des
caves, creuser des puits ou faire toute autre excavation dans la distance de
300 toises (1.800 pieds) de l’extrémité du glacis le plus avancé ». A
propos de ces glacis, Th. Gobert écrit : « Ils joignent au nord le Thier de la Chartreuse, au nord-est la route de
Robermont, au sud la rue de la Piclerotte, au sud-ouest I’impasse du Chera« .
L’enceinte extérieure était parcourue par une galerie voûtée permettant
l’accès aux saillants. À l’origine, le fort ne comprenait qu’un étage voûté
d’une épaisseur de 2 m. La devise du fort se trouve toujours au-dessus de la
poterne d’entrée : « Nihil intentatum relinquit virtus ». Le
ravitaillement en eau potable était assuré par plusieurs puits. Le puits
principal, « derrière la courtine, est
couvert d’une voûte à l’épreuve. II est garni d’une roue creuse à laquelle un homme
imprime en marchant le mouvement de rotation, et a une profondeur de 400
pieds ; mais il était à sec en 1825, et on avait le projet de le creuser
davantage« .
700.000.000 francs. Une partie était destinée au réarmement des Pays-Bas. Le
paiement annuel de 70 millions a été régulièrement effectué, et a permis la
réalisation de tous les travaux prévus. Il coûta 86,2 millions de florins pour
vingt forteresses: 28,3 millions de florins furent payés par l’indemnité, 22,6
millions de florins furent ajoutés pour le compte de la Grande-Bretagne, et les
contribuables belges et néerlandais payèrent 35,2 millions de florins. Une
floppée d’entrepreneurs ont pu s’enrichir grâce à cette initiative.
La Chartreuse : une des rares traces du Royaume Uni des
Pays-Bas visibles en Belgique
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Le fort hollandais de 1823. © Centre Nature et Patrimoine |
C’est donc cette
partie du fort qui est le plus intéressant point de vue patrimoine militaire.
C’est une des traces du Royaume Uni des Pays-Bas visibles en Belgique encore
aujourd’hui. En 2017 la Cité Miroir a acceuillie une expo du photographe
gantois Michiel Hendryckx sur ce thème, dans le cadre du bicentenaire de
l’ULiège. L’affiche reprenait le Canal de l’Ourthe.
En 2016 cette expo était au STAM.
Il faut que je vérifie si Hendryckx a repris la Chartreuse.
le 25 septembre 1816 Guillaume Ier décide la création de trois universités dont
l’Academia Leodiensis, officiellement installée le 25 septembre 1817.
Lambinon encore repris dans les projets ZACC, et connue également sous le nom
de ferme Napoléon. En 2006, la ferme Napoléon, déjà en fort piteux état, est
touchée par un incendie qui provoque l’effondrement de la toiture et d’une
partie des murs.
En 1830, une victoire sans péril
![]() |
flêche ou redon du fort |
En 1830, quand commencent les émeutes contre la Hollande, le commandant de province de Liège, le
général Cornelis Gerardus baron van Boecop, regroupe tout son monde à l’abri
des remparts de la Citadelle et c’est là que le gros des escarmouches se passent.
En face 4000 et 5000 hommes, soit le quintuple des forces «hollandaises». La Chartreuse est impliqué suite à un
fait-divers. Le 19 septembre, un jeune homme provoque les hollandais à la
Citadelle, « door zijn partes
posteriores den schildwacht te laten zien ». La sentinelle tire et la
Révolution a son premier martyr à qui on fera des funérailles en grande pompe
depuis la place Saint-Lambert jusqu’au cimetière de Robermont. Dans la foulée
on veut s’emparer du tout proche fort de la Chartreuse. Une soixantaines de
gardes s’en emparera le lendemain, capturant « la garnison » : un sergent-major conducteur des travaux, un
sergent, un caporal et six hommes. Cette victoire sans péril sera célébrée par
la suite comme « un épisode glorieux
», et donnera même lieu à la frappe d’une médaille.
la place sera occupée « par nos frères
les militaires belges » Le 6 octobre, van Boecop quitte la citadelle à la
tête de 900 soldats auxquels 5000 Gardes Urbains rendent les honneurs. Le butin de guerre s’éleva à 39 canons plus
quatre-vingt affûts qui servirent à parquer les canons à la Fonderie de
Saint-Léonard.
années de l’indépendance, les Français s’intéressent fortement au fort. Via
leurs espions ils se rendent compte de son état lamentable. En 1831, Lafaille
fait un rapport : « les
chambres sont encore plus puantes et sombres que celles de la Citadelle. Les
ophtalmies qui règnent dans les garnisons de la Belgique, ne paraissent pas
tenir seulement au séjour des troupes dans les casemates ou dans les bâtiments
voûtes ; on a voulu en trouver la cause dans l’eau, dans le collet ouvert sur
le devant, ces ophtalmies sont graves et nombreuses« .
Brialmont abandonne le tracé
bastionné à la Vauban de la Chartreuse
La guerre
franco-allemande de 1870 et la défaite totale de l’armée française confronte
tout le monde avec les progrès
révolutionnaires de l’artillerie réalisés
en Allemagne. En 1855 déjà, Brialmont avait visité les nouvelles fortifications allemandes conçues pour faire face au
canon rayé. La guerre de 1870 prouve sans appel aux ingénieurs militaires que
le tracé bastionné (selon les conceptions de Vauban) est désormais complètement
dépassé et que seul le tracé polygonal (défendu par Brialmont) peut être
envisagé. Brialmont réalise une seconde enceinte fortifiée autour d’Anvers. En
1882, il expose dans ‘La situation militaire de la Belgique. Travaux de défense
de la Meuse’ ses idées sur la fortification de la vallée de la Meuse. Les
travaux s’étalèrent entre 1888 et 1891, et coûtent 71,5 millions de francs or.
A titre de comparaison : le Palais de justice de Bruxelles a coûté 45
millions et les nouveaux quais de l’Escaut et des ascenseurs à bateaux 72
millions.
ceinture des forts, la Chartreuse est déclassée comme fort en 1891 et servit de
caserne. Sa superficie est réduite de 41
à 31 ha. Le domaine non aedificandi, en dessous du glacis, est urbanisé. Les
bastions situés du côté de la campagne sont sortis du domaine militaire. Après
démantèlement des murailles et comblement des fossés, la prestigieuse avenue de
Péville et ses villas sont partiellement construites à l’emplacement des
anciens espaces militaires. À l’est du fort, une cité de logements sociaux prend
place le long de la bien nommée rue des Fortifications.
fort hollandais sont exhaussés.
1927 un central téléphonique dans la
Chartreuse
Au cours de la
Première Guerre mondiale, les Allemands
transforment le fort en prison pour
résistants. Une stèle placée dans le bastion des Fusillés évoque l’exécution de
49 patriotes.
Fortifications du Pays préconise de créer la position fortifiée de Liège, avec un
réseau téléphonique enterré. Du central téléphonique de la Chartreuse partent les lignes principales vers les forts
réarmés de la rive droite de la PFL 2 et vers les nouveaux forts de PFL 1. Une
ligne principale relie le central n° 1 de la Chartreuse au central n° 36 de la
Citadelle, d’où partent des lignes vers Pontisse, Eben-Emael, Flémalle,
Lantin…
1944 the 28th General Hospital US
Army
juillet 45 la Chartreuse sert d’hôpital pour l’armée américaine durant
l’offensive des Ardennes. À droite à l’entrée, il y a une plaque commémorative:
« The 28th General Hospital US Army occupied this Site of La Chartreuse – Sep 2644 to July 5 45« .
pas une mince affaire. En novembre 1944 par exemple il y a eu 5 504 admissions
(4 382 chirurgie et 1 122 malades). En décembre l’hôpital est fier de n’avoir
que 2 décès dans les 4000 patients chirurgicaux des Première et Neuvième Armées
US, et seulement un cas de gangrène, qui en plus s’est rétabli. Les patients
étaient évacués par trains sanitaires (par ex. 314 patients ont été évacués le
11 novembre 1944).
von Rundstedt, l’hôpital est touché par un V-1 le 26 décembre 1944 et,
ironiquement, la seule personne tuée est un prisonnier de guerre allemand.
L’hôpital est aussi touché par une bombe, avec de nombreuses victimes. Colonel
Walter H. Gerwig a reçu le Purple Heart parce que, bien que blessé, il a refusé
les premiers soins afin d’aider d’abord les nombreuses victimes. Le 17 décembre
un V-1 incendie un dépôt de carburant avec 400 000 gallons de combustible
précieux.
Les premiers RAMPs épuisés et affamés (recovered Allied military
prisonners –des prisonniers de guerre alliés) arrivent le 6 avril 1945, et
l’hôpital devint un hôpital RAMP temporaire le 9 mai.
déclassée en 1981. Les militaires la quitteront définitivement sept ans plus
tard.
Sources
Arnhem a des documents originaux (devis, métrés, états d’avancement, plans
généraux de la citadelle, etc.).
de Péville », https://www.fabrice-muller.be/bd-vieuxliege/bulletins-results.php?bulletinID=258
Chartreuse à Liège (1689-1702). Essai de localisation. 258. 1992. 12. 317–336.
the redoubt which combineds defensive bomb-proof barracks, lateral gun cellars,
infantry casemates which covered the courtyard inside of the fort and platform
with parapet. The main powder magazine is also noteworthy: with two levels and
three naves, it sank under the rampart, matching the main entrance.
In September of 1689, with Liège now part of the Grand Alliance against France,
Dutch engineers identified a weakness to the east, where the convent of La
Chartreuse was situated on high ground overlooking the town. They began
building the Fort de la Chartreuse to defend the area. However, the
construction work was only undertaken slowly and the fort was practically
useless when the French arrived in 1691. Boufflers’ army had been sent by Louis
XIV to punish the town for reneging on its promise of neutrality 2 years
earlier.
Plans de Liège 1567-1945
un reportage urbex https://www.youtube.com/watch?v=pvucG1ZFOMk