Rhées et le dispensaire du Château Rouge
Au cimetière de Rhées il y a cette tombe
impressionnante du dispensaire du Chäteau Rouge. Le Château Rouge date de 1784 et a été longtemps propriété de
l’ingénieur des chemins de fer Chèvremont. Mais c’est en 1909 seulement que la
société de charbonnages « Bonne Espérance, Batterie et Violette »
achète ce château pour en faire un hôpital pour ses ouvriers et pour la
population des environs. « Fondé en 1909,
le dispensaire s’ouvre progressivement à la population locale. Le personnel
offre son expertise dans la revalidation et la rééducation, mais aussi dans la
pédiatrie. En 1955, le service de pédiatrie est créé sous l’égide des docteurs
Hainaut et Paquot. Un nouvel hôpital sera érigé en 1957. Il compte alors 131
lits. Dans les années 70, avec les fermetures des charbonnages, le statut
évolue en asbl, qui développe des services de pédiatrie, des laboratoires et de
la radiologie. Le service des enfants est alors le premier service d’urgences
exclusivement pédiatriques en Belgique » (La
leçon d’anatomie, 500 ans de médecine à Liège, édité à l’occasion du 30ième
anniversaire du CHU et des 200 ans de l’ULiège et sa faculté de Médecine).
Ce dispensaire était géré par les soeurs de St
Vincent de Paul. Ces religieuses à la grande cornette blanche
amidonnée dont les ailes s’agitaient quand elles marchaient, avaient leur petit
couvent en face du Château Rouge. Elles régnaient aussi sur l´école
paroissiale, Notre Dame de la Licour, où
elles tenaient plusieurs classes, dont une maternelle. Et une tenait le patro
le dimanche.
Avant, ces sœurs avaient aussi une imposante
propriété à l’entrée de la rue Marexhe. Sur cette photo de 1980 on voit la chapelle Saint Roch, élevée après
l’épidémie de choléra en 1849. Et sur une photo du pont n° 2 de Marexhe ci-dessous on voit
2 religieuses dans le fond.
En France on les appelle les cornettes. Je n’ai pas
l’impression que le nom a été repris en Belgique où elles portaient pourtant la
même coiffe. Ces soures, c’est 406 ans d’expertise en pauvreté. Vincent de Paul est né en 1581 dans un village qui porte désormais son nom. Il a
été l’aumônier de la reine Margot, première épouse d’Henri IV. Il est choqué
par la pauvreté due en partie à la guerre de trente ans
(1618-1648). Il fonde les
Lazaristes en 1625 et la « Compagnie des Filles de la Charité » en 1633.
Son réseau de solidarité ou de charité devient finalement l’association
internationale de Saint Vincent de Paul. En Belgique, la Société est née en
1842.
Le Château Rouge dans le giron des Charbonnages de Bonne-Espérance
Dans l’inventaire des archives de la S.A. des
Charbonnages de Bonne-Espérance, Batterie, Bonne-Fin & Violette déposés par
Walthère Franssen au CLADIC , on a plusieurs références au château Rouge.
Il y a notamment un document sur l’ouverture du
dispensaire du Château Rouge acquise par la S.A. des Charbonnages de Bonne-Espérance
Batterie et Violette en vue d’y établir un dispensaire pour accidentés du
travail de la région de Herstal
Un rapport du C.A. à l’AG Exercice1922 décrit « l’aménagement de notre dispensaire du
Château Rouge agréé en 1921 et activement poussé en 1922. Des services ont
fonctionné une notable partie de 1922 et apprécié par la population ouvrière de
nos charbonnages et des usines de la région de Herstal ».
Le 08/05/1963
un Syndicat d’Etude composé de médecins de la région d’Herstal propose l’achat.
Mais finalement le Château est vendu à la Compagnie d’Assurance La Royale Belge
le 21/12/1965, selon le PV d’une réunion
du Collège des liquidateurs du 04/11/1966.
(Ces
documents proviennent des caves du bâtiment de la Caisse de Prévoyance des
Ouvriers Mineurs à Liège. En 1996, avant de quitter les lieux, la Caisse a
liquidé une partie de ses archives. Le Musée de la Métallurgie reçut une grande
quantité de livrets de travail transférés ensuite au CLADIC, et l’IHOES reçut
notamment le fonds d’archives de la S.A. des Charbonnages de Bonne Espérance
Batterie Bonne Fin & Violette qui était en dépôt au FNROM depuis 1966).
Je ne sais pas très précisément à quel moment ces
religieuses ont quitté le Château Rouge. Mais d’une manière générale leur
remplacement par des infirmières laïques a pris beaucoup plus de temps que je
ne le pensais. « La leçon d’anatomie », éditée à l’occasion du
30ième anniversaire du CHU m’apprend p.144 que «les infirmières deviennent de véritables héroïnes lors de la première
Guerre, à l’image de la reine Elisabeth ou d’Edith Cavell. En 1921 parait le
premier AR réorganisant les études d’infirmières. L’examen s’effectue devant un jury médical
provincial. Des écoles publiques et privés se multiplient dans les années 30,
mais il faudra attendre 1946 pour que le titre d’infirmière soit enfin reconnu.
En 1952 est créé l’Union Générale des infirmières belges, mais il faudra
attendre 1974 pour que la loi définisse un statut d’exercice de l’art
infirmier. Durant cette décennie, le mouvement de déchristianisation de la
société entraine la chute du nombre de religieuses, faisant disparaître cet
héritage médiéval ».
Rattaché au Centre Hospitalier Régional, ou « Citadelle ».
En 1965 La Royale Belge achète le dispensaire. Cela
durera jusque début 1998, lorsque l’intercommunale
« Centre Hospitalier Régional de la CITADELLE » (CHR de la CITADELLE) fusionne
avec l’ASBL Sainte-Rosalie et Château Rouge. Cette Intercommunale avait été
créée en 1989. Cette fusion apporte une nouvelle dynamique pour le Château
Rouge. En 1998, une nouvelle unité de revalidation est mise en place par le
service de Médecine Physique. Le « préambule
» s’occupe de revalidation cognitive et de réinsertion socio-professionnelle. Le
« pré en bulles » s’adresse aux
enfants de 5 à 17 ans qui présentent des problèmes suite à un accident
cérébral. Herstal a également des lits de gériatrie et est spécialisé dans des
activités d’hospitalisation en revalidation. Il offre aussi des services
ambulatoires dans plusieurs disciplines. Inauguré en 2003, l’hôpital de jour
gériatrique est transféré sur le site de la Citadelle en février 2012. En 2013,
une nouvelle plateforme d’autodialyse voit le jour.
En 2016 le Château Rouge prend le nom de « Citadelle
Herstal ». Mais plus pour longtemps. Personne ne savait ce que représentait
vraiment le « Centre Hospitalier Régional-Citadelle », comme ils ne savaient
pas que le Château Rouge en faisait partie. Le nouveau logo de 2016 reprend simplement
le mot « Citadelle » et les différentes déclinaisons en sous-titre : Laveu,
Herstal, Visé et Centre-Ville.
Mais les jours de l’ancien hôpital où travaille
encore une centaine de personnes sont comptés. La Citadelle construit un étage
supplémentaire pour accueillir les 40 lits du Château Rouge. On reconstruira
une polyclinique. Sur ce terrain-là ou ailleurs à Herstal, la question n’est
pas encore tranchée (Luc Gochel La Meuse 14/03/2022)
La Citadelle fait ainsi un peu la démarche inverse
du MontLégia qui a rassemblé trois hôpitaux sur un seul site. Aller au plus
près des patients et éviter les déplacements inutiles, c’est dans l’air du
temps. La Citadelle veut répondre aux nouveaux modes de prise en charge des patients. Les hospitalisations se réduisent au profit de
l’ambulatoire. Ce projet Archi Made de 420 millions d’euros sera mis en oeuvre
au cours des 15 prochaines années. L’organisation interne sera revue. Les soins
intensifs seront situés au-dessus des urgences, la pneumologie se rapprochera
de la cardiologie, les seniors seront regroupés sur un seul plateau… L’activité
d’hospitalisation au Château Rouge (Herstal) sera transférée à l’horizon 2024
sur le site de la Citadelle tandis qu’une polyclinique y sera maintenue dans un
nouveau bâtiment.
Sur le cimetière voir aussi https://hachhachhh.blogspot.com/2023/10/le-cimetiere-de-rhees-et-ses-resistants.html
Une dizaine de tombes avec des plaques RDW. La Royale Dramatique Wallonne est à la base du
home Louis Demeuse >>> https://hachhachhh.blogspot.com/2023/10/la-royale-dramatique-wallonne-la-base.html
https://hachhachhh.blogspot.com/2021/10/le-cimetiere-de-rhees-une-ville-en.html