Novembre 1918 : un Soviet de soldats allemands au Palais des Princes-évêques
En 2014 l’expo «Liège dans la tourmente » au Musée de la Vie wallonne, reprenait
une affiche du Soviet de soldats
allemands au Palais des Princes-évêques, en 1918. Cette
affiche a été imprimée à l’Imprimerie Coopérative Thonon, Place Verte 6.
Dans le cadre des commémorations de 14-18 La Braise
avait organisé un cycle « Un AUTRE REGARD SUR LA GRANDE GUERRE » avec
entre autres José Gotovitch sur le conseil de soldats de Bruxelles: « NOVEMBRE
1918 – REVOLUTION A BRUXELLES : le ZENTRAL –SOLDATENRAT ».
Un soviet des soldats au palais des princes-évêques en novembre
1918
siège de la Kaiserliche Kommandantur, le commandement impérial de la place
forte de Liège. Le palais sera à nouveau le siège de la kommandantur en 40-44. Au
Palais se forme
aussi le 12 novembre 1918 un Soldatenrat, un soviet des soldats. Le 22 novembre
ce Rat s’éclipse. Les signataires
sont Lückenhaus, „vorsitzenden des
Soldatenrat Lüttich“ et Schneider, „Generalstab“,
autrement dit état major. La proclamation se réfère aux
sociaux-démocrates Friedrich Ebert, Philipp Scheidemann, Otto Landsberg (Mehrheitssozialdemokraten ou sociaux-démocrates majoritaires), et de Hugo
Haase, Wilhelm Dittmann, Emil Barth (sociaux démocrates indépendants =
Unabhängige). Les majoritaires se mettront un peu plus tard à la tête de la
répression des conseils ouvriers et soldat révolutionnaires. Beaucoup
d’Indépendants sont tués, comme la Spartakiste Rosa Luxembourg ou emprisonnés.
institué que le 13 novembre 1918, soit deux jours après l’armistice. Une
cinquantaine de soldats investissent le Palais des Princes-Evêques, sans
rencontrer aucune résistance et déposent le gouverneur, le Freiherr Leuckart von Weissdorf, après que celui-ci ait légèrement protesté. Ce dernier transmet ensuite
l’ordre aux officiers d’obéir au Conseil des soldats.
première déclaration repris sur l’affiche de l’expo : « Hier s’est constitué à Liège un Conseil des
Soldats. Il travaille en parfait accord avec les anciens services et les
anciennes autorités militaires. Le but commun est le maintien de la discipline,
du sang-froid militaire et de l’ordre. Dans les circonstances actuelles, en
territoire occupé, chacun doit s’efforcer, par tous les moyens, à atteindre ce
but. La vente d’armes et de pièces d’équipement, les pillages, surtout de
magasins d’approvisionnement et de trains, de même que les dommages causés à
toutes les installations militaires importantes, seront punis sans aucune
considération, le cas échéant même de la peine de mort. La désertion également
reste, comme sous l’ancien gouvernement, un crime punissable« .
message suivant aux civils : « Le
Conseil des Soldats a repris l’autorité dans la province de Liège. Il invite la
population à s’abstenir de tout ce qui pourrait troubler l’ordre public. Le
conseil des soldats salue la population et la félicite à l’occasion de sa
délivrance« .
battant en retraite s’intensifie encore à partir du 16. Le voyage se fait
principalement à pied, parfois accompagné de charrettes tirées par des chevaux,
les officiers se distinguant à peine au sein de cette longue procession.
REVOLUTION A BRUXELLES : le ZENTRAL –SOLDATENRAT.
le 9 novembre. L’immeuble du gouvernement général est occupé dans l’après-midi
et le pouvoir du gouverneur de Bruxelles, le lieutenant-général Hurt, lui est
retiré. Le drapeau rouge est hissé sur les quartiers militaires en fin de
journée. Le dernier gouverneur général, Ludwig von Falkenhausen resté à l’écart
de l’agitation, quitte la Belgique par le chemin de fer via les Pays-Bas dans
la nuit du 12 au 13 novembre 1918. A l’inverse, à l’image de la plupart des
officiers, le gouverneur de l’administration civile, le baron von der Lancken,
se met à la disposition du conseil des soldats.
révolutionnaires fraternisent avec la population. Pourtant, malgré la présence
de mitrailleuses qui doivent préserver l’ordre public, le chaos succède bientôt
à la fête.
durant, des fusillades opposent soldats allemands révolutionnaires et officiers restés fidèles à l’empereur. Elles font une dizaine de morts parmi les civils
belges. Dans une atmosphère de guerre civile, les soldats révolutionnaires en
finissent avec le régime du gouvernement général et remettent une partie de
leurs prérogatives aux autorités locales. Bruxelles n’est pas libérée par les
troupes alliées, mais par des militaires allemands en révolte.
de guerre d’un Alsacien ancien-combattant 1914-1918 ». En octobre 1915
il avait été enrôlé dans la garde impériale de Berlin. Au début de novembre
1918 il se retrouve chef cuisinier d’un casino des officiers à Bruxelles. Le Soldatenrat
proclame sa démobilisation et organise
la retraite générale vers l’Allemagne.
Une longue colonne de camions se met alors en route, de laquelle il trouve
l’occasion de s’échapper, prenant congé définitivement de l’armée allemande. Il
rejoint alors Liège et trouve à loger chez des hôtes très généreux qui
l’hébergent durant trois semaines au cours desquelles il assiste au long défilé
des troupes allemandes en retraite. Il quitte enfin Liège pour Paris avec neuf
autres déserteurs alsaciens-lorrains à bord d’un train rempli de prisonniers
français libérés. Après la guerre il s’établit comme exploitant viticole à
Wintzenheim et exerce à deux reprises le mandat de maire. En 1940, l’Allemagne
nazie victorieuse ré-annexe l’ancien Reichsland perdu en 1918. Eugène Bouillon,
tout comme une partie de la population jugée indésirable, en est expulsé et se
réfugie avec sa famille dans le Lot.
de fêtes. Quelques jours avant l’armistice, le drapeau rouge est hissé dans
plusieurs villes. Des soldats allemands, revenant de vacances ou arrivant de la
réserve, font un arrêt dans les premières villes après la frontière, dans
l’espoir d’une paix qui ne saurait tarder et qui leur permettrait d’échapper au
front.
Les soviets de soldats et le POB
est développé dans un article de Herwig Lerouge dans Etudes Marxistes :
ces conseils de soldats cherchent contact avec le Parti Ouvrier Belge (POB). Ce mouvement révolutionnaire avait démarré en octobre 1918 en Allemagne.
Le prince Max von Baden, chancelier de l’Empire, démissionna et fut remplacé
par le socialiste Ebert. Le 9 novembre, la république fut proclamée et le
kaiser s’enfuit. Le 10 novembre, un comité de soldats allemands venus de Berlin
débarqua à Bruxelles. Quand les soldats allemands se révoltèrent contre leurs
officiers et instaurèrent un conseil révolutionnaire à Bruxelles, à l’exemple
de ce qui se passait en Allemagne, des militants du POB et des membres de la
Jeune Garde socialiste se joignirent à eux. L’un d’eux était Joseph
Jacquemotte, le futur président du Parti communiste. Le baron von der Lancken, l’une
des figures de proue des autorités d’occupation allemande, chercha à contacter
la direction du POB afin d’empêcher que la population soit aspirée dans une
révolte. Mais le POB n’avait nullement l’intention de participer à
l’insurrection: Joseph Wauters, qui fut invité par les insurgés allemands, refusa toute collaboration et
Anseele, qui fut nommé par les insurgés président de la «République belge », déclina
la proposition.
Lerouge se base sur le livre de Jan Godderis « Oorlog aan de oorlog !? De houding van de Belgische Werkliedenpartij
ten aanzien van het leger 1885 – 1914”. Selon
Godderis, Joseph
![]() |
Vooruit 1910 |
Jacquemotte se serait
engagé activement. Selon sa biographie au carcob cela n’est pas le cas. Surveillé par les notables du POB, il ne
répond pas aux sollicitations du Conseil des soldats allemands. Je me pose
aussi des questions sur les démarches du baron von der Lancken auprès de la
direction du POB. Il était à la tête de la Politische au près du Gouverneur
général de la Belgique occupée depuis février 1915, et certes bien placé pour
faire ce genre d’approches. Michael Amara,
un historien qui a fait un très beau travail sur 14-18, a fait une édition critique de sa correspondance entre 1915 et 1918. Mais il n’aborde
malheureusement pas les soviets de soldats. De la part d’un haut
responsable allemand il est certes logique et sensé de compter sur le POB comme
‘modérateur’ de conflits. Mais on ne peut pas exclure que les dirigeants de ce
mouvement se sont aussi tournés vers ce parti que quatre ans auparavant se posait
comme défenseur de la solidarité internationale.
lors de la conférence de José Gotovitch sur le conseil de
soldats de Bruxelles le 15 AVRIL à la Braise…
Bibliographie
Soldatenräten 11.11.1918
Brüssel
Soldatenräte! Kameraden! Bei allen Truppenteilen müssen sofort Soldatenräte gebildet
werden. Nach der Mitteilung des Grossen Hauptquartiers darf der Bildung von
Soldatenräten keine Schwierigkeit bereitet werden. Die Art der Wahl muss den
Truppenteilen überlassen werden. Die Dienststellen und Truppenteile
(Bataillon), entsenden je einen ausreichend legitimierten Vertreter in den
Soldatenrat Gross Brüssels, der im Gebäude des Generalgouvernements, rue de la
loi 8, tagt. Meldung beim Vollzugsausschuss, der dauernd versammelt ist.
November 1918. Der Soldatenrat Brüssels.
Vollzugsausschuss. Freund. Nottebohm. Horn. Siegmund. Heinig.
retraite des Allemands – interview avec un fondateur du conseil de soldats à
Bxl. Extrait de l’émission « 14-18 », Alain Nayaert et Willy Estersohn
(1968) http://www.rtbf.be/video/detail_le-soldatenrat-et-la-retraite-des-allemands?id=1938879
soldatenrat bxl
http://dgtl.kbr.be:8881//exlibris/dtl/d3_1/apache_media/L2V4bGlicmlzL2R0bC9kM18xL2FwYWNoZV9tZWRpYS84NjQ1Nw==.pdf
Révolution à Bruxelles: le Zentral-Soldaten-Rat in Brüssel, Editeur
scientifique Baumann, Carl-Einstein Kolloquium 1998, (page 237-257) Publié 2001
Sous les drapeaux de l’envahisseur. Mémoires de guerre d’un Alsacien
ancien-combattant 1914-1918, imprimerie Messager de Colmar, 1934, 120 p.
1914-1918. Le P.O.B. face a la guerre, Bruxelles, Vie ouvrière,
1986.
Mes blogs sur l’expo Liège dans la Tourmente
http://hachhachhh.blogspot.be/2015/01/liege-dans-la-tourmente-les-refugies.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/08/expo-liege-dans-la-tourmente.html
Voir aussi mes autres blogs sur 14-18
description de la balade