65ième balade-santé MPLP sur les terrils du Gosson
Notre 65ième balade-santé ( mars 2022) a étésur les deux terrils du Gosson, à cheval sur
St-Nicolas (Gosson 1) et Seraing (Gosson 2), avec comme guide-nature Francis
Leclerc, président Natagora Liège. On prend le même et on recommence :
c’est Francis qui nous a ouvert dernièrement la réserve naturelle de l’île aux
corsaires.
Départ de la Maison des Terrils, Rue
Chantraine 161 Saint-Nicolas.
Des biotopes uniques
Francis nous a fait découvrir la flore et la
faune des terrils, même si c’étaitun peu tôt dans la saison.
Ces deux terrils sont des biotopes uniques. C’est
beau, et en même temps c’est interpellant ! Voilà deux crassiers, comme on
les appelle à Charleroi. Le Gosson 2 est entré en combustion et ses schistes
rouges ont été que exploités (pour des terrains de tennis notamment) jusqu’au
début des années 2000. Actuellement en région liégeoise, seuls trois terrils
sont encore en combustion. Il s’agit du Malgarny (St-Nicolas), du Bon Buveur
(Jemeppe) et de la petite Bacnure (Herstal).
La société Holcim qui était propriétaire du
site, avant de le vendre à la commune de Saint Nicolas, a brûlé une partie dans
ses fours. Une bonne partie des terrils a été rasée, ce qui explique que l’on
se trouve sur un plateau.
On y retrouve tous les stades de végétation
représentatifs de la colonisation végétale des sites miniers en allant des
pentes mobiles à végétation pionnière jusqu’aux boisements denses à robiniers
en passant par les friches et les boulaies… Si on ne fait rien ça évolue vers
un bois. La moitié de la réserve naturelle est gérée par des moutons. Mais la
végétation est tellement pauvre qu’il faut éviter que ces moutons souffrent de
la famine.
Ces friches ont été ensemences au canon. Ce
qui explique un tas d’espèces exotiques qui côtoient des espèces indigènes
communes et rares. La petite pimprenelle des Baléares, le lin d’Autriche,
l’eschschlozia de Californie sont aussi communes que nos espèces indigènes.
L’espèce américaine Robinia pseudoacacia a été
plantée pour stabiliser les pentes après exploitation. Cette légumineuse
(si ! si !) introduite chez nous par le botaniste français Jean Robin en 1601, a
été plantée par les chemins de fer pour stabiliser les
voies ferrées. Le robinier s’est naturalisé chez nous au point de se comporter
comme une espèce invasive. Deux ans à
peine après le réaménagement de la gare de Milmort le robinier colonise déjà
les bermes ! De nouvelles forêts spontanées de robiniers se développent
sans intervention humaine. Au Gosson on en coupe une partie parce que la
diversité sous ces bois est très pauvre. Les nodules bactériens dans ses
racines sont capables de fixer l’azote atmosphérique. Le sol s’enrichit ainsi en
nitrate favorisant une flore nitrophile banale et peu diversifiée (orties,
sureau noir ou ronces) …
D’autre part, c’est l’essence la plus
plantée à travers le monde (après l’eucalyptus et le peuplier hybride), parce
que c’est un bois qui résiste à l’humidité, aux champignons et aux insectes,
sans le recours d’aucun traitement. Ce n’est pas difficile : le bois est
toxique, et le menuisier doit faire très attention en le sciant. Il est aussi cultivé comme plante ornementale, on trouve de nombreux
cultivars aujourd’hui, avec ses jolies fleurs.
Où commence l’artifice et où termine le
naturel ? Faut-il absolument fixer une situation somme toute très passagère de colonisation après les fermetures ?
photo Catherine Bertrand |
Le Gosson a aussi ses œuvres d’art, avec ces
arcs de Venet sur le Ravel et cette immense libellule de 80 mètres de long, dont
les ailes déployées sont des plans d’eaux propices à la ponte des crapauds
calamites (Bufo calamita, un petit crapaud protégé qui fréquente les mares
temporaires, les ornières..). Je ne sais pas ce qui reste de l’installation Land Art, la Mémoire d’arbre, de Xavier Rijs (2013) : »Tout ce que l’arbre vit, il l’inscrit dans
sa matière. On peut y voir ses maladies, ses blessures… Un peu comme un livre…
Cela montre que le temps crée des choses extraordinaires mais qu’il détruit
également ». Idem pour la création de Werner Moron «Soufflez» ; une flûte où il
a fait pousser des orties, des sureaux ou des
frênes: « Pour qu’une oeuvre soit «durable», il faut qu’elle disparaisse
progressivement en nourrissant d’autres vies, végétales en l’occurrence (les
plantes installées dans les trous de la flûte) ».
Il y a eu aussi des ruches qui produisaient le
miel des terrils, mais je n’ai pas l’impression qu’elles sont toujours là. Ces
ruches remontent à 2014, lorsque Dominique Bangels, un prépensionné d’Arcelor
et conservateur de la réserve naturelle du Gosson y a posé ses ruches.
Il y a évidemment ces panoramas magnifiques
sur le bassin industriel, depuis Sclessin et Ougrée jusqu’à Flémalle et bien
au-delà, avec stade du Standard, et le haut-fourneau d’Ougrée et l’usine où
j’ai passé une bonne partie de ma vie professionnelle. Ces deux terrils sont les
poumons verts (34 hectares) de la commune de Saint-Nicolas qui détient le
record de densité en Belgique avec 3306 habitants au km²….
Le patrimoine minier
Au seizième siècle il y a déjà une bure du
Gosson. La société civile «Gosson l’Agace » demande une concession en 1791. En
1838, elle produit 20.000 tonnes de charbon par an. Plus tard, le site est
découpé en deux parties : le Gosson 1 (trois puits) et le Gosson 2, où se
trouve la Maison des Terrils, avec son puits « Dor ». D’où les deux terrils.
En 1868 la Compagnie du chemin de fer liégeois-limbourgeois crée la ligne
Ans-Flémalle avec ses voies de desserte vers les charbonnages du coin (la lignes 33 desservait le Gosson, mais il y avait aussi la 33A, 32,
36, 36A et 125. Ces lignes sont l’épine dorsale du Ravel qui va jusque Liers.
La S.A. Charbonnages de Gosson-Kessales nait
de la fusion de Kessales avec Gosson, La
Haye et Horloz réunis, en 1954. Gosson 1 remonte sa dernière cage en 1959. Le
Gosson 2 est fermé en 1966.
Le lavoir accueille depuis 2008 la Maison des
Terrils. Le projet européen Pays des Terrils s’étend de Saint Nicolas à Aix-la-Chapelle,
avec la salle des machines du Bas-Bois à Soumagne, Blegny-Mine ou la Maison
Wauters à Plombières qui loge aujourd’hui la Maison du Site. Herstal a loupé le
coche. Va demander pourquoi…
Une balade sur deux îles à Liège : une Belle et des
Corsaires
Francis organise avec la régionale Liège de
Natagora aussi des balades sur deux îles: une Belle et des Corsaires ! Voici le lien vers l’agenda de la régionale