En 2002, les chercheurs de l’Institut
d’Urbanisme et d’Aménagement du Territoire de l’Université Libre de Bruxelles
(IUAT-ULB) et du Centre de Recherche en Aménagement et Urbanisme de
l’Université de Liège (CRAU-ULg) travaillent sur un Schéma de Structure
Communal pour Herstal (SSC). Ce Schéma doit remédier aux faiblesses du plan de
secteur des années 70, ou le rouge urbanisable est démesuré par rapport au vert
(7% seulement est vert). Le problème est que par rapport au plan de secteur, le
SSC n’est qu’un document d’orientation. Dans le Code du DéveloppementTerritorial (CoDT) de 2017 le SSC est assimilé au Schéma de Développement
Communal (SDC). Je continue donc d’utiliser dans ce blog l’abréviation SSC.

Nos chercheurs ‘découvrent’ «une très large bande de territoire qui
sépare le Herstal urbain du Herstal rural. Elle est constituée d’espace, d’air,
de lumière, d’espaces verts, agricoles, paysagers, écologiques »
. Ils
proposent de limiter l’urbanisation de la bande verte, «vu qu’au moins 2000 logements sont encore possibles dans des zones
aptes, et de maintenir son caractère rural et/ou vert et/ou paysager
».

Cette bande verte, qui va de Pontisse à Vottem,
est peu connue. Et pour cause, puisque lorsqu’on a essayé de couler le SCC dans
un Règlement Communal d’Urbanisme (un RCU est un document légal opposable au
tiers qui fixe les règles urbanistiques en vigueur dans chacune des zones), le
Conseil d’état a jugé ce RCU illégal, devant la première contestation d’un
citoyen lésé. Pourtant, toute une série de raisons, dont le réchauffement
climatique, plaident pour son maintien. C’est pourquoi je propose ici d’en
faire le tour.

Les grandes zones définies par le SSC

Cette bande qui sépare la zone urbaine (bas de
Herstal et Vottem) et la zone rurale ou semi-rurale (Liers et Milmort) n’est
qu’une des grandes zones définies par le SSC. Il y a encore les zonings qui au
départ s’appelaient ‘parc industriels’, les ZACC (Zone d’Aménagement Communal
Concertée), et les terrils qui ont un statut spécial. 

Et puis il y a des Master Plan, dont celui du Cœur
de Herstal reprend même – du bout des lèvres – l’idée «d’une trame verte et bleue qui suit le relief naturel du vallon de la
Préalle et qui relie le plateau herstalien au canal Albert»

Et, pour finir, il y a une bande grise. Dans
le Schéma de Structure la friche industrielle des Acec  et le site de la Fabrique Nationale, au
centre de Herstal, sont en gris. C’est-à-dire avec une affectation non-définie,
autrement dit, laissé à la discrétion du collège. Entretemps, les Acec font
partie d’un Master Plan. L’avenir du site de la FN n’est pas défini. Pourtant dont
une partie est de facto une friche aussi. Rappelons-nous l’incendie du stock de
polyuréthane qui a menacé la rangée de maisons accolées à l’ancienne usine de
Prémadame. Cette usine a évolué de friche industrielle à friche immobilière,
après la faillite de Newmarket. Pourtant, est-ce trop demander à la direction
de la FN –sous statut public !- quels sont ses projets à moyen terme avec
sa partie industrielle. La production restera-t-elle éternellement en plein
centre ville ? Ne déménagera-t-elle pas tôt ou tard comme on a vu avec FN
Moteurs (aujourd’hui Safran Boosters).

Ce Schéma Territorial n’est pas l’Evangile
pour moi ; loin de là. Elle a préparé le Master Plan Cœur de Herstal du
5/3/2018 que je critique vertement. Mais la bande  verte a été pour moi une découverte et
mériterait une certaine protection contre les appétits immobiliers qui sont
autrement plus friands de zones vertes que de friches industrielles ; or,
c’est ceux-ci qui devraient à mon avis être au cœur des préoccupations
urbanistiques.

Le Clos du Val

Nous commençons notre randonnée le long de la bande
verte au Clos du Val à Vottem. Les experts du Schéma de Structure Communale ont
mis Vottem dans la zone urbaine, avec le bas de Herstal, tandis que Liers et
Milmort  sont qualifiés de zone rurale ou
semi-rurale.  Je ne suis pas sûr que les
Votemmois seront d’accord…

Selon les Dear Hunters, ce couple
d’urbanistes  qui a passé quelques
semaines dans un conteneur Place Gilles Gérard, en 2019, ce Clos «pourrait fonctionner comme un point de
départ agréable pour des balades récréatives, avec un café au départ et une
glace à la fin»
.

Difficile à s’imaginer que le vallon qui
s’étend du Clos du Val jusq’au Faux Rieu à Herstal-Bas a été creusé par un
ruisseau, le Rida, qui en été est presqu’à sec.

En 1910 le vicinal 467A LIEGE –
HOUTAIN-ST-SIMEON a barré ce val, tout en laissant des passages aux maraîchers.
Dans le fond de son jardin un riverain a aménagé une vasque d’eau autour d’une
petite fontaine qui de mémoire d’homme ne s’est jamais trouvée à sec. Le
terrain en bas est entretenu par la même famille. La vue sur le vallon du Rida
à partir du vicinal est magnifique.

Ce vicinal partait de la Place Jean de Wilde,
par la Vieille Voie de Tongres et le Cimetière Sainte-Walburge, en faisant une
boucle par le Charbonnage de la Batterie pour revenir par la Rue du Plope à
Vottem-Eglise.

En bas de la Chaussée Brunehaut, une ancienne décharge

La Ville a été bien inspiré de passer par ce
vicinal pour la liaison Ravel Meuse – Ravel Liers (Ravel= Réseau Autonome de
Voies Lentes). Quant à la remise à ciel ouvert du Rida, préconisée par le
Schéma de Structure Communal, c’est une autre paire de manches. En bas de la
Chaussée Brunehaut, le Rida coule en dessous d’un terrain de foot, aménagé
sur  une ancienne décharge de Vottem d’avant
la fusion. Un demi-siècle plus tard, en juillet 2020, notre bourgmestre ff a encore
invoqué des émanations de méthane pour faire partir des gens du voyage qui s’y
étaient installés. Notez que la Ville a refusé de prendre en compte cette
pollution lors de l’installation d’une Séniorie juste au-dessus, et, avant ça, pour
y implanter l’Athenée de Vottem.

Si nous contournons cette ancienne décharge
par le sentier Marnette. A son débouché apparaît le hameau de Haren que le SSC définit
comme un « hameau à caractère rural,
intégré dans la bande verte. Il faut établir avec clarté la distinction entre
zone rurale et zone urbaine: y déterminer le rôle des franges en tenant compte
de l’importance à accorder au dialogue et partenariat avec le monde agricole».

Dans le 
tournant de la rue de Boclinville, il y a la source – ou plutôt résurgence  – du Rida. La Ferme Colson, avec sa
cressonnière , n’est plus là. Elle a disparu en 1953. Le cresson sauvage qui y
pousse a disparu avec notre été très sec. Selon notre historien local Raymond
Smeers, «abritée derrière un rideau
d’arbres fruitiers, la ferme n’était pas bien grande, assez vieillotte mais
charmante sous son toit de tuiles rouges. Coquette, elle se mirait dans les
eaux claires d’un étang très poissonneux, alimenté par de nombreuses sources »
.

Le Sentier Muraille : le Rida à ciel ouvert

Le Schéma de Structure propose de valoriser
les parties encore à ciel ouvert du Rida. Pour cette partie à ciel ouvert, il
suffit de descendre le Sentier Muraille, et je cite encore  M. Smeers: «nous retrouvons le Rida de l’autre côté de la route, fluet, limpide,
gazouillant discrètement, se cachant quelques fois sous les hautes herbes qui
ondulaient au moindre souffle du vent, suivant les méandres capricieux des
rives. Une prairie abondamment arborée de cerisiers, aujourd’hui disparus,
ressemblait, au printemps, à un immense bouquet de fleurs. Une dénivellation du
terrain augmentait la vitesse du courant permettant à l’eau dans ses remous des
perles à profusion pendant que dans les taillis et les arbres voisins, les
oiseaux tentaient de mettre au point un chœur à deux ou trois voix brillamment
orchestré par une grive musicienne. A hauteur 
de la double rangée de saules trempant leurs vertes ramures dans
l’élément fluide, le ruisseau s’élargissant, accueillait, dans son lit, écrevisses
et crevettes d’eau douce »
.

On associe Vottem aux fraises. On devrait
ajouter écrevisses  et crevettes d’eau
douce à sa palette culinaire.

Un
paysage très vert des deux côtés de la rue du Plein Hareng

Sur notre gauche, la très verte plaine de Haren
qui est devenue la pierre d’achoppement de la Bande Verte, cette formule
alambiquée qui ne correspond à aucune notion légale. Dans les Plans de Secteur il
y a comme zones non destinées à l’urbanisation les Zones Naturelles, les Zones
de Parcs et les Zones d’espaces Verts. Au fil du temps se sont ajoutés, en
surimpression, des périmètres de protection : Point de vue remarquable,
Liaison écologique, ou Intérêt culturel, historique ou esthétique. Ces ‘surimpressions’
ne pèsent pas lourds. Le nouveau Code de Développement du Territoire ajoute
encore les mentions “ZV“ “ZR“ (Zone Verte et Zone à Rénover). L’embarras du
choix, ou embarras tout court ? Les experts du Schéma de Structure
Communal ont ajouté la bande verte.

Lorsque les propriétaires des 5,3 hectares entre
les rues du Plein Hareng-Visé-Voie, la rue du Vicinal et la rue des Trois
Fermes ont introduit un projet de lotissement de 95 lots pour une centaine de
logements, la Ville a invoqué le SSC et la bande verte. Mais comme dans le plan
de secteur presque tout Herstal est constructible, les fermiers  ont introduit – et gagné – un recours au Conseil d’État contre le SSC, suivi d’un second 
qui a annulé le Règlement Communal d’Urbanisme (RCU) qui était censé
‘traduire’ la bande verte dans un texte ayant valeur légale. 
Les propriétaires ont arrêté les démarches après une Etude d’Incidences, mais demain n’importe quel promoteur
immobilier peut sur cette base introduire un permis d’urbanisme qui ne saurait
être refusé. Et n’importe quel autre promoteur qui peut cracher 5000€ pour
aller au conseil d’état pourra faire de même.

Pourra-t-on faire une urbanisation raisonnée,
qui tient compte d’un côté d’une densification nécessaire, et «établir avec clarté la distinction entre
zone rurale et zone urbaine »
, sans passer par une révision des plans
de secteur établis à une époque où les priorités n’étaient pas les mêmes que ce
qu’il faudrait aujourd’hui ? Je laisse la question ouverte

Toute cette zone en-dessous de Vottem était
une terre de maraichers. Ce qui explique un réseau très dense de sentiers. En
dessous de ce plan de lotissement apparait clairement le sentier °15. Une bonne
partie de ce chemin est envahie par la végétation, et plein de déchets verts et
de troncs d’arbres. Ce sentier est terrain communal. 

Les
terrains en-dessous, notamment le long du chemin creux n° 11, qui prolonge la
Rue de la Limite en direction de Vottem, sont très humides, et une source est bien
visible sous les buissons. Juste à côté il y a d’ailleurs la Rue de la Source.
Itinéraires Wallonie a demandé à la Ville de faire dégager ces chemins. Le 11
s’appelle dans l’Atlas des Chemins Vicinaux Chemin d’Oupeye au Hareng ou de
Visé à Huy.

https://www.balnam.be/herstal/chemin/11

Le Bouxhtay, le plus beau paysage de notre ville.

Sur notre droite, de l’autre côté de la rue
des Meuniers, il y a le Bouxhtay, qui est pour les auteurs du SSC le plus beau
paysage de la ville. En 1250, l’église Saint-André (place  du Marché à Liège, depuis
1220 l’église de l’ordre teutonique)
reçut de la chevaleresse Beatrix de
Vottem une donation de sept hectares. En 1359, une chapelle y a été érigée pour
le salut des âmes de demoiselles Idulle, Jehenne et Enguienne, filles du
seigneur de Vottem. Vers 1600 le château appartient à Lambert de Werteau,
bourgmestre de Liège et comparchonnier, c’est-à-dire détenant une parchon, une
part, dans un charbonnage: aujourd’hui on dirait un actionnaire. On appelait ces
terres pendant longtemps «la montagne de
charbon
 ». La campagne de la Banse doit son nom au puits ‘delle Banse’
où l’on montait la houille par une banse= manne. Ce terrain est public. A
l’époque, la commune de Vottem a acheté la propriété de M. Peeters ; le château
est à Herstal qui a  cédé une partie du
site à la SRL.

Ce n’est peut-être pas le moment idéal pour y
passer : l’AIDE (Association Intercommunale pour le Démergement et
l’Epuration) y a commencé des travaux d’égouttage, avec deux bassins
d’orage : un au pied du terril, qui remplace le bassin tout rikiki du
charbonnage de la Petite Bacnure, et un autre plus haut, en bas de la Chaussée
Brunehaut.  Peut-être que l’on
découvrira, pendant les travaux, la veine de houille ‘Maret’ qui vient à
l’affleurement. Elle pouvait atteindre 2m d’ouverture. En dessous de nos pieds,
 à côté des ruines de la chapelle, le
pertuis d’une autre branche du Rida. Les sources sont dans la prairie qui longe
la Rue des Fontaines. Dans les années 70 on y élevait des truites.

La ferme du Patar

Le Rida passe par siphon en dessous de la rue
Verte. Il continue son chemin, à ciel ouvert, dans les terrains très marécageux
de la ferme du Patar. Cette ferme appartenait au docteur Emile Muraille,
bourgmestre de Herstal de 1878 à 1882. La ferme est encore là, mais le premier
des neuf moulins actionné par le Rida a disparu. Mentionné déjà en 1341, on aurait
retrouvé les fondations lors de la construction du chemin de fer en 1863.

Les pompages des charbonnages ont tari partiellement
les sources, mais aujourd’hui l’eau revient. Et l’imperméabilisation des sols
fait que les orages d’été de plus en plus violents augmentent de risque
d’inondation. Ce qui explique que le Patar est une des seules zones de la bande
verte où l’urbanisation est bloquée parce que la zone est inondable.

Je découvre dans le N°126 du bulletin du Musée
un article de Raymond Smeers (que j’ai déjà cité plus haut) sur l’inondation de
1951 à la Préalle, dernière d’une série. « Le Rida qui ne distillait plus à l’époque qu’un mince filet d’eau a
retrouvé pendant quelques minutes son débit d’autrefois. Ensuite grossi par les
eaux de nombreuses petites sources et celles d’exhaures de charbonnages il
s’enfla démesurément. L’eau dévalant de la pente occupait toute la largeur de
la voie ferrée pour finalement se déverser en cascade dans les deux cours en
contrebas de la rue Charlemagne
 ». M. Smeers conclut : « depuis lors, divers travaux de
canalisation ont été entrepris. Dans les cours, les maisons ont été démolies.
Il n’y a plus eu d’inondations « !
Il situe la cause dans la
surélévation de plusieurs chaussées, lors de la construction de la voie ferrée
en 1863. Il me semble qu’il est un peu trop optimiste. Le réchauffement
climatique augmente l’intensité des orages, et l’imperméabilisation des sols
fait que ces eaux se trouvent  plus vite
contre la digue constituée par le talus du chemin de fer.

Une coupe géologique qui permet de remonter le temps

Si vous remontez la rue du Patar, à la fin de
l’asphalte, à gauche, une coupe géologique permet d’observer le cailloutis de
la terrasse principale de la Meuse et de remonter ainsi le temps… Si ‘terrasse mosane’ évoque pour toi un lieu
de convivialité, t’es à côté de la plaque. En 1894 X. Stainier, Professeur de
Géologie explique que sur les flancs de la vallée il y a, étagés á des hauteurs
différentes, des amas de cailloux roulés qui représentent le premier dépôt
connu de la Meuse. Ca remonte au Tertiaire (de -65 à -2.6 millions d’années). La
Meuse a, à plusieurs reprises, dû creuser un nouveau lit, suite à un soulèvement tectonique.
Le tremblement de terre de 1983 a les mêmes causes…

Si on a aujourd’hui une bande verte peu
urbanisée c’est parce qu’à l’époque construire sur les coteaux de ces terrasses
n’était pas évident.

Le hameau ancestral de la Fontaine.

Ce sentier est un tronçon du 86 qui va jusqu’à
Pontisse (Post&Wellness hotel). Mais suite à la suppression du passage à
niveau de la rue de la Baume, il faut faire un crochet par la Place César De Paepe
via un Ravel Rail pimpant neuf. Nous longeons dans la rue Pied du Bois Gilles
un terrain où la ville a relogé les forains qui étaient sur le site de
l’Abattoir, où l’on a construit un nouveau hall omnisports.

Un peu plus loin nous arrivons au hameau ancestral
de la Fontaine. Notre historien local R. Smeers nous apprend que du temps de
Charles Martel, « le Rieu serpentait dans
les prairies et les terres cultivées, longeant les vignobles et disparaissait
derrière un monticule arboré. Une métairie et un moulin y étaient établis. La
forêt du Bois Gilles qui s’étendait vers le nord-ouest en direction de Milmort
faisait partie de ce vaste domaine. Le Rida reçoit les eaux d’une source au
lieu dit ‘A la fontaine’. Avant la construction de la voie ferrée elle était
pourvue d’un lavoir public. Bon nombre de personnes viennent cueillir le
cresson qui croit en abondance sur les deux rives de ce petit cours d’eau
transparent comme un ruisseau de montagne. Malheureusement, la description de
cette riante vallée appartient au passé. Il n’en reste aujourd’hui qu’un groupe
de six maisons expropriées et un bassin de décantation nouvellement construit.
La jolie fontaine décore une pelouse non loin de Herstal »
(R. Smeers, La
petite histoire de la Préalle, 1985, éd. Charlemagnerie p.31-32).

Dans les années 50
on a exproprié la rangée de maisons qui se trouvaient dans ce qui est
aujourd’hui une prairie avec des arbres fruitiers, pour un projet de
lotissement de la SRL, abandonné depuis.

La rue du Bourriquet et la voie des Botis

Nous poursuivons
notre quête de la bande verte au-dessus du centre de Herstal très minéralisé en
montant via balnam.be –
Herstal Sentier n°i7
 , qui fait partie de la Voie des Botis. Via
la rue sur Les Thiers nous arrivons dans la rue du Bourriquet. Entre cette rue et
le cimetière de Rhées, un vieux puits de mine portait le nom de bêur dès Botîs.
Cette  voie des Botis était une de mes
premières balades-santé. C’est une des rares promenades reprises sur le site dela ville  C’est en quelque
sorte l’œuvre de la vie de mon ami Walthère Franssen.

Le ‘bêur dè
Bourikèt’ doit son nom à une rudimentaire machine d’extraction, un treuil
actionné par un manège actionné par des mules. Ne rigolez surtout pas avec ces
machines: on venait chercher de loin nos spécialistes de l’exhaure. Un village
en Pays de Loire s’appelle Decize-la-machine et cette machine était liégeoise !

A côté du building
du Bois d’Orange, dans la rue Emile Muraille, se trouvait le puits du Moulin à
vent. Ce moulin actionnait une pompe d’exhaure. Comme on ne sait pas très bien
où il se situait, on n’a pas osé construire là.

La cité des Monts a
été construite sur des terres achetées au Séminaire, dans les années 1920. Au
siècle passé un voyait grand pour le logement social ! Une partie des
champs sur notre droite sont dans la réserve foncière de la Société de Logement
SRL. Aujourd’hui la vigilance est de mise pour éviter qu’on utilise cette
réserve foncière pour attirer des promoteurs privés. Le fermier qui les cultive
les travaille à titre précaire.

Flprojects et la fourchette de densité nette admissible 

Si une partie de la plaine de Haren a été la
pierre d’achoppement de la bande verte, le site en dessous de la cité des Monts
en est la pierre tombale ! Une partie de ce site (1,4 hectares),  enclavée entre les rues du Trois Juin, Bon
Air et Désiré Janson, est menacé aujourd’hui par un projet de lotissement.

A l’époque, le SSC avait posé trois conditions
pour « l’aménagement des zones
actuellement bâties qui se trouvent en ‘périmètre urbanisé complémentaire’ (les
hameaux, lotissements et clos : Haren, Sur les Monts, Schweitzer, Julio-Curie,
Swerts, Kilmarnock, du Mayeur, Rhees, etc.). Il faut les identifier clairement
comme relevant des aires spécifiques au RCU, distinctes de la zone urbaine. Des
dispositions strictes seront imposées à tout projet de construction,
transformation, démolition, etc. Compléter l’urbanisation de fait, sous
conditions, pour «achever » un lotissement encore valide, pour transformer un
bâtiment existant, pour construire sur un terrain longeant une voirie équipée,
etc. Conditions (minimales) pour les modifications (exceptionnelles) à la
situation existante: fixer une fourchette de densité nette admissible ;
contribution importante des abords et jardins au maillage écologique, diminuer
l’imperméabilisation du sol (terrasses, accès, parkings,…), plus de
plantations, plus d’espèces indigènes, gestion plus écologique ».

Pour vérifier sur place comment ces conditions
ont été vidées de leur substance, je vous invite à suivre le trajet de la marcheexploratoire organisé en fin du printemps 2020. 

Une liaison cyclo-piétonne entre la rue du Bourriquet et le
Ravel 76

Nous poursuivons
notre quête de la bande verte via un sentier qui sera bientôt une liaison
cyclo-piétonne entre la rue de Milmort et la ligne 76
(conseil communal 25/5/2020 393.946€ en partie
subsidiable par le département Infrastructures subsidiées de la Région)
En fait, il s’agit
du sentier 27 de l’Atlas des chemins vicinaux. La liaison
débouchera sur le contournement cyclo-piétonne des deux ronds points flanquant
la sortie 34 de l’autoroute. On aurait pu passer aussi bien par le sentier 86
qui court en parallèle et qui aboutit dans la rue Hurbise (Post&Wellness
hotel), et qui, lui, a pratiquement disparu, grignoté par les labours  et faute d’entretien des haies. On peut
discuter sur le choix de ce sentier 27 plutôt que du 86 (qui est un peu le fil rouge de ce blog). Mais je peux me contenter
d’un engagement ferme de la Ville pour restaurer l’accès au sentier 86.

Le sentier 86  est selon Itinéraires Wallonie
« un chemin presque rural, qui court
au ras d’une terrasse mosane, tout en traversant une belle xhaveye (vallon
sec). Toute commune qui se respecte aurait déjà sauvegardé ce chemin depuis
longtemps
 ».
Dans les champs, quelques anciens puits de
mine qui, comme les pierres tombales, portent un nom et une date. Des traces
étonnantes de siècles d’activité houillère, recouverts d’une végétation
sauvage.

Le Grimbérieu et le Ravel 76

La descente du Ravel de la ligne 76 vaut le détour.
Elle descend en pente douce entre les rues Trixhe Maille et du Doyard,
pour arriver Avenue de l’Europe.  Ce Ravel fait partie du plan PIC Vert « Plan d’itinéraires communaux verts ».
Nous sommes sur le tracé de la ligne Genk – Riemst – Bassenge – Houtain –
Hermée – Herstal – Liège. En 1959 les trams sont remplacés
par des bus
(le 76 du TEC Liège Léopold – Herstal – Hermée – Bassenge –
Riemst / Kanne).

Nous sommes ici dans un vallon creusé par le
Grimbérieu. Ce ruisseau est quelque part sous nos pieds. A  l’époque les noyaux de peuplement
s’établissaient  sur une terrasse de la
Meuse, à l’abri des inondations. Au Pré Wigy il y avait une villa romaine et un
champ d’urnes protohistorique. Une ferme ainsi qu’un moulin construite  en 1768 ont été expropriées pour l’autoroute. 
A gauche du Ravel
il y a le beau parc du home Louis Demeuse, le potager collectif  “Les Chenillettes”  du  Service d’Insertion Sociale “Chrysalide” et
l’arboretum.  La Ville se vante «d’une spécificité de notre arboretum », la Butte du Doyard.  Située à l’entrée du
parc, c’est en fait un tas de remblais volontairement non entretenu. Cela peut
sembler un vrai fouillis « mais les
plantes et les animaux sauvages aiment beaucoup ce genre de lieux qui leur
offrent de nombreuses possibilités d’abris et de nourriture. Ronces, érables,
bouleaux, … toute la richesse de notre flore sauvage »
.

Des buttes comme
ça, il doit y en avoir des dizaines. Et il est vrai que ces lieux sont un havre
de biodiversité. Mais pour une ville qui fait si peu de cas de la biodiversité,
cette butte fait un peu tâche.

Pontisse et son fort

On termine notre tour de la bande verte via
les deux ronds points à l’entrée de l’autoroute.  La SPI a investi sérieusement dans la
mobilité douce. Un sous-produit de la lutte contre l’extension des Hauts Sarts dans
la zone 4. Des efforts un peu vains devant la pression automobile. Mais c’est
toujours mieux que rien. ‘L’hôtel
médicalisé
’ du Sart-âge est implanté dans un coin très vert, collé à
une autoroute très chargée. C’est un terrain privé mais si on respecte les
résidents on peut le traverser. Le parc est quand même très « gated community
», une résidence repliée sur elle-même. Je suppose que ce n’est pas un problème
pour les résidents, même si quelques contacts avec l’un ou l’autre promeneur
peuvent remonter le moral. Il faut traverser quelques buissons pour arriver
dans la rue de l’Abbaye qui mène vers le fort de Pontisse. Ce fort est repris dans
les propositions de la Ville pour se dégourdir les jambes pendant le
confinement. Elle intéressera sûrement les enfants, qui pourront y saluer les
ânes.

Les forts sont l’œuvre de Brialmont, le Vauban
belge (toutes proportions gardées). Selon le général Leman, défenseur de Liège
en 1914, ces forts avaient été conçus d’une manière déplorable.  Un jugement trop sévère: c’est  l’évolution des munitions dans la course
folle aux armements de 1870 à 1914 qui les a rendus obsolètes, dix ans après
leur construction. A Pontisse on peut voir, lors d’une des rares visites autorisées,
les dégradations du béton (non armé) avec des blocs de plusieurs tonnes qui se
sont détachés du plafond. Dans les années 30 on a construit un fort plus résistant
en dessous du premier.

les treuils au Thier Counotte

Le béton a été fait avec des galets et
graviers extraits de la Meuse. Au bout de la rue du Fort on avait installé un
plan incliné à quadruple voie avec au dessus, au Thier Counotte,  deux machines à vapeur actionnant les quatre
treuils. De là une ligne de chemin de fer partait vers les chantiers de Liers,
Lantin, Loncin et Hollogne. Ce chemin militaire correspond +- à la rue de
l’Abbaye dans le zoning.

Le schéma de structure proposait de classer le
fort. Il le vaut sûrement, mais cette proposition était motivée par une
compensation pour l’abandon d’une zone verte autour du terril.

Une pipeline de l’OTAN : secret militaire !

La rue de la Ceinture contourne le fort. Juste
après la ferme, un tronçon de la balade «au
pays des vignerons»
, avec le losange bleu, descend sur Vivegnis via  le Basse Va. Au-dessus du Bois Noir et du
Bois de la Péry la SPI aménagera des sentiers dans la zone tampon avec la future
zone 4. C’est le moment où jamais de proposer un maillage vers la rue des
Chalets en contre-bas, et avec le parc du Sart-âge que nous venons de
traverser. La zone est pleine de ronces, sauf sur une bande très large qui
longe un pipeline de l’OTAN.

La rue du Chalet réfère probablement aux
baraques Albert, dont nous voyons encore deux exemplaires. Vu le relief, cette
zone a été peu construite. Mais ça ne veut pas dire que ça a toujours été une
brousse comme maintenant. On retrouve 
des traces des anciens potagers qui montaient parfois assez haut. Il y a
un sentier sur la carte, mais il est par endroits envahi par les ronces.

Et puis, il y a aussi le passé minier. Les
tombes des deux de puits d’Abhooz sont à l’entrée du Brico, en Basse Campagne.
Dans l’Avenue Cité Wauters un puits servait à aérer les ouvrages du
charbonnage. Quant au terril, il est en-dessous de Chertal. On a rehaussé le
terrain de l’aciérie et du Train à Larges Bandes de cinq mètres, avec les schistes
du terril, pour écarter la menace d’inondation.

Une ‘agriculture urbaine et périurbaine’ dans des conteneurs

Voilà donc la belle zone verte entre notre
centre-ville très minéral et les trois communes très’village’ au-dessus.  La Ville a baissé les bras devant la
difficulté d’imposer une urbanisation raisonnée, et a laissé tel quel un plan
de secteur vieux d’un demi-siècle et inadapté aux défis actuels.

Pour masquer un peu cette réalité, la ville
développe des alternatives tape-à-l’œil dont le plus minable est à mon avis le
projet Verdir, un spin off de l’ULG. Verdir fait miroiter, sur l’ancien site
des ACEC, une « agriculture urbaine
et périurbaine,  des activités hors sol
par le biais d’un saut technologique important : l’aquaponie ou
l’hydroponie »
. Et on prévoit même d’utiliser les voies fluviales afin
de « permettre un transport doux et
de proximité des produits frais »
. Il ne manque que les boteresses
pour les porter sur le marché de primeurs place Cockerill !

Un jardin carolingien

Dans le cadre de Wallonie Destination Nature
2020-2021, et avec la commémoration du 1.200ème anniversaire de la mort de
Charlemagne, le musée a créé un jardin carolingien. Ce jardin s’est inspiré du
Capitulare de villis vel curtis imperii
de Charlemagne. Ce document renferme des prescriptions disciplinaires
curieuses. Le directeur de domaine qui a négligé les ordres royaux devra
s’abstenir de boisson (« a potu se abstineat ») jusqu’à ce qu’il ait reçu son
pardon. Et il faut croire que la civilisation carolingienne était tourmentée
par la famine, au point d’interdire le cannibalisme : « Si quelqu’un, trompé par le diable, croit qu’une femme est une sorcière
qui mange des hommes, et que pour cela il la brûle et donne sa chair à manger
ou la mange lui-même, il sera puni de la peine capitale
». Si ce jardin est
sympa, il ne saurait cacher le manque d’intérêt de la ville pour
l’environnement…

Un sculpteur de biotopes sur la friche Kraft

Mais question de greenwashing, le top est le
Musée de l’Éphémère sur la friche Kraft. Et je ne blâme pas l’artiste et « sculpteur
de biotopes » Werner Moron, de la cellule Art, Nature et Innovation de
Natagora, qui a conçu, derrière le nouvel hôtel de ville, un grand parc
paysager en 8 zones favorisant la biodiversité, avec des essences différentes :
milieu humide ou sec, petite mare, milieu ombragé ou ensoleillé, sols pauvres
et riches. Une pépinière slow fait redécouvrir les plantes indigènes. Werner
espère que les visiteurs recréeront chez eux des couloirs de biodiversité. C’est
presque de l’humour noir face au peu de respect de la biodiversité par la ville…

Werner est un artiste intéressant. Il est
présent au Préhistomuseum de Ramioul. Son collectif Paracommand’art a inventé
une chorégraphie sur la Place Saint-Léonard avec les Indignés qui l’occupaient.
En 2013 il a réalisé au Gosson une sculpture-radeau «L’eau monte » avec des bouleaux coupés sur le site. Il avait déjà
réalisé un radeau du même genre, en Pologne, en dialogue avec la Nef des fous
(v.1500) de Jérôme Bosch.

Il est conscient que son projet à Herstal est
instrumentalisé par la ville pour présenter cette friche industrielle sous un
angle favorable : «une œuvre d’art
n’est pas là pour faire société mais pour poser une question stridente et interpellant,
qui fait polémique. En fait, on doit toujours être dedans ET dehors (ne serait-ce
que pour les moyens nécessaires au développement d’une action) »
.

La Ville prétend « stimuler ainsi le développement d’activités liées à un tourisme durable
générateur d’emplois locaux pour accompagner la transition vers une économie
plus verte en liaison avec les objectifs européens à l’Horizon 2020
».

Je ne vais pas faire ici le bilan écologique
de ce projet (650 m³ de déblais, et 1200 m³ de remblais). Et la dalle de béton
de 422 m², ce n’est pas Werner. Elle est là pour l’assemblage de 8 containers
de l’architecte de renommée internationale Rudy Ricciotti. Werner Moron aussi a travaillé sur le thème de
container marin. Par un système de découpes, imaginé il y a une vingtaine
d’années, son box s’ouvre tout autant aux variations des couleurs qu’aux
arrière-plans où il va être déposé.

Conclusion

Voilà donc un aperçu la
bande verte, avec en miroir des projets ‘Verdir’ qui servent de feuille de
vigne à une stratégie qui cherche à attirer à tout prix, et sans conditions,
des promoteurs immobiliers. Des promoteurs qui, si on leur laisse le choix,
préfèrent évidemment mille fois un ‘green field’ à un ‘brown fields’, avec ses
contraintes et parfois ses mauvaises surprises. Il me semble inévitable de
passer par une révision des plans de secteur, rédigés à une époque où non
seulement les préoccupations étaient complètement différentes, mais, en plus,
dans un climat malsain de fusion des communes où l’intérêt général était
parfois (souvent) très loin.

Pistes à explorer

Phase finale rapport du 1/7/2010 Schéma de
structure Communal https://www.herstal.be/ma-ville/services-communaux/urbanisme/schema-de-structure-communal-rapport.pdf

 

Nous devons au confinement une page Wikipedia
très bien faite sur le Rida, rédigée pendant les moments de détente du
prof  Jan Nyssen de l’Ugent qui s’est
retrouvé en télétravail au Clos du Val https://fr.wikipedia.org/wiki/Rida_(ruisseau)

 

Depuis des années
j’organise une fois par mois une balade santé pour ma maison médicale,
documentée chaque fois par un blog. Voici une petite liste qui couvre +- le
parcours proposé dans le texte que vous venez de lire.

http://hachhachhh.blogspot.com/2020/09/56ieme-balade-sante-mplp-herstal-le-rida.html

http://hachhachhh.blogspot.com/2020/10/58ieme-balade-sante-mplp-herstal-le-rida.html

 

Le Sentier de Vottem

http://hachhachhh.blogspot.com/2014/03/le-sentier-vicinal-n-86-de-herstal-une.html

 

Le Bouxhtay

 http://hachhachhh.blogspot.com/2014/01/les-ruines-du-bouxhtay-le-plus-beau.html

 

Le Hameau du Pied
du Bois Gilles

http://hachhachhh.blogspot.com/2017/04/herstal-le-hameau-ancestral-de-la.html

 

La Voie des Botis

http://hachhachhh.blogspot.com/2016/09/25ieme-balade-sante-mplp-la-voie-des.html

 

Lors de l’enquête publique sur FLprojects nous
avons organisé une marche exploratoire.
On peut la commencer au parking du CPAS dans la rue Désiré Janson. https://hachhachhh.blogspot.com/2020/12/herstal-le-projet-bon-air-3juin-et-la.html

 

Le Ravel 76, la Cité Wauters et le fort

http://hachhachhh.blogspot.com/2017/02/28ieme-balade-sante-mplp-cite-wauters.html

 

Sur le musée éphémère http://hachhachhh.blogspot.com/2019/01/45ieme-balade-sante-mplp-10-fevrier.html