Dans les pas d’Eduard Wagener, cafetier au Rivage en 1886 deuxième partie
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l’expo ‘Vive la Commune’ sera à Herstal àpd 20/4 |
Deuxième partie : du Rivage à
l’expo ‘Vive la Commune’ à l’Espace Hayeneux
Une des figures clef du meeting de
commémoration de la Commune à Liège, en 1886, est un Herstalien, Eduard
Wagener. A Herstal le Bourgmestre a
décrété le couvre-feu parce qu’une dizaine d’individus s’étaient promenés à
Wandre, avec drapeau rouge et bonnet phrygien. Ils avaient traversé le pont de Wandre-Herstal et
ils étaient venus manifester devant le café Wagener, au Rivage, qui était resté
ouvert. Ce quartier « Rivage » a disparu en grande partie suite au creusement
du canal Liège-Maestricht. Il allait de Milsaucy à la rue Chera.
Le 24 avril 2021 de 10:00 à 12h, le PTB organise une balade historique sur les
traces de notre cafetier, président des « Va-Nus-Pieds ». Le point de départ est Rue de pont de Wandre
(au pied du pont coté Wandre). De là nous irons via le Ravel jusqu’à la Place
Licour. De là nous irons via la rue de Vieux Moulin à Milsaucy, fin du quartier
du Rivage.
Cette première partie est décrite dans mon
blog https://hachhachhh.blogspot.com/2021/03/sur-les-traces-dedouard-wagener.html
Voici la deuxième partie, qui va de la rue de
l’Abattoir via la rue Petite Voie au pôle Hayeneux, où nous espérons visiter
l’expo sur la Commune (en fonction des heures d’ouverture). La balade nous amène à l’Espace Hayeneux qui héberge à partir du 20 avril ’expo « Vive la Commune ! ». Elle est
jusqu’au 18/04 au PointCulture à Bruxelles et sera pour un mois à l’Espace
Marexhe à Herstal. C’est un concept
intéressant : montrer des endroits emblématiques de la Commune, sur lesquelles
des dessinateurs apposent ensuite un dessin illustrant l’événement passé évènements
qui n’ont presque laissé aucune trace. Le photographe Karim Brikci a déjà mis ce
concept de « photographies dessinées» en
pratique avec le dessinateur Manu Scordia et le collectif « Never forget ». Le
chemin (et l’heure) de retour seront libres, après la visite de l’expo (nous
conseillerons le Ravel Canal).
Les bleus et les rouges du café « Aux XV »
En face de Milsaucy se trouve toujours la
maison qui hébergeait à l’époque le café « Aux Quinze », QG du parti
des bleus, d’obédience libérale. Mais ne vous fiez jamais aux couleurs : d’autres
libéraux, les rouges, administraient la commune. On retrouve encore aujourd’hui
ces deux fractions rivales bleus et rouges partout en Basse Meuse. A Herstal ces ‘rouges’
perdront après 1886 la majorité au profit d’autres rouges du Parti Ouvrier
Belge.
L’abattoir qui a donné son nom à la rue – ou
plutôt le quai – n’était pas encore là en 1886 : c’est en 1899 seulement
que Herstal construit l’abattoir avec un quai le long du canal. Le Hall
omnisport se trouve sur l’emplacement de la fonderie des Ets Gillet. Une
nouvelle rue mène aux parkings en dessous du nouvel hôtel de ville. Jusqu’alors
l’accès du parking se faisait par la friche Kraft. Les star-architectes du
nouvel hôtel de ville avaient prévu une sortie par la rue des Mineurs. En fait,
un accès impraticable pour une voiture. On y a aménagé aujourd’hui un accès
piétonnier.
Un Musée de l’Éphémère.sur la friche Kraft
Le Musée de l’Éphémère sur la friche Kraft est de l’artiste Werner Moron, de la
cellule Art, Nature et Innovation de Natagora. Cette usine fabriquait des
transformateurs, des stabilisateurs de tensions et des hauts parleurs. Mes
parents ont eu un de ces appareils qui transformait le 110v en 220 Volt pour ne
pas jeter les anciens appareils sur 110V.
Notre « sculpteur de biotopes » y a
conçu un parc paysager. On est dans la biodiversité, là, avec un milieu humide
ou sec, petite mare, milieu ombragé ou ensoleillé, sols pauvres et riches. Pourquoi cette appellation ‘musée’? « Chacune des zones poursuit un objectif
pédagogique, explique Dorothée Luczak de Natagora. Nous voulons recréer en
ville des corridors écologiques et favoriser la biodiversité ». Pour notre
bourgmestre Frédéric Daerden (PS), « il
faut repenser les manières de produire, consommer et de créer du lien social.
Dans ce nouvel espace, les habitants pourront cultiver, échanger, jouer un rôle
dans la co-construction de la ville. Nous transformons ici une ancienne friche
de centre urbain en un espace privilégiant la biodiversité et le durable« .
En fait, on est ici dans greenwashing. L’idée
de base est de rendre cette friche attractive pour un promoteur immobilier. Il
n’y avait eu qu’un candidat pour un appel à projet. Et, point de vue balance
écologique, ce projet représente 650 m³ de déblais, et 1200 m³ de remblais.
Pour Moron, c’est un musée ; pour
d’autres c’est un labo : L.E.A.S.E (Laboratoire Économique Artistique
Scientifique et Environnemental) veut « promouvoir de nouveaux modèles
économiques en, mêlant art, sciences et environnement, dans le cadre du
programme Creative Wallonia, avec l’ASBL Façon de voir, Urbeo, L’Université de
Liège, le Pôle Mecatech et Natagora. Une dalle de béton de 422 m² accueille un
assemblage de 8 containers du star-architecte Rudy Ricciotti. La rénovation de
la Boverie, c’est lui !
Rue des mineurs et les frères Mineurs
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un mineur à l’entrée de la rue |
Nous descendons la rue des Mineurs qui n’a
rien à voir avec les charbonnages, mais tient son nom des frères Mineurs qui
possédaient des biens en Monsin. Anciennement, cette rue était une voie de
terre tortueuse, par endroits enfoncée entre talus, bordée de jardins cultivés.
Elle aboutissait en Monsin traversant la Laye au gué (wez) de Milsaucy. L’ancien
canal a coupé l’accès à Monsin. En 1870 on décida le redressement de ce chemin,
qui donnait sur la ‘Petite Voie’, mais le prolongement jusqu’au canal fut votée
seulement en 1895.
Nous prenons la rue Petite Voie (un
pléonasme), entièrement remise à neuf dans le cadre de la rénovation urbaine.
C’est officiellement une « Zone de rencontre« , où piétons et bagnoles
se retrouvent au même niveau (il n’y a plus de trottoirs) à maximum 20km. La zone est signalée par un panneau bleu
avec des enfants qui jouent. Certains chauffards, heureusement de moins en
moins, continuent à utiliser cette petite rue comme voie de transit. Il faut le
faire, pour éviter UN feu de signalisation dans la rue principale!
Mine de rien, la Petite Voie était à l’époque
un chemin de grande communication, en-dessous du grand chemin et donc moins
praticable lors des hautes eaux.
Le No 151 est selon le schéma de rénovation
urbaine «une vaste demeure enclose du
second tiers du XIXème siècle, dont les cinq travées sont marquées par un jeu
de pilastres ». Selon le propriétaire actuel, c’était un refuge de chasse
d’un noblion (il a son blason dans la façade). Et, donc, la chasse au gibier
d’eau sur les rives de la Laye.
Au n°156 l’armurerie E.& J. Marck
produisait en 1889 des carabines de tir pour les foires. Au N° 165 Eugène
Jacquemart fabriquait des pièces d’armes dans son atelier construit en 1900 à
côté de sa forge. Aujourd’hui, la résidence est toujours occupée à des fins
armurières même si les ateliers sont
reconvertis en garde-meubles.
La rue Marexhe: 25 décès le 31 mai 1849 par la choléra
La rue Marexhe n’a pas volé son nom : elle
était marécageuse. Lors de la grande épidémie de choléra de 1849, il y avait
ici 25 décès dans la seule journée du 31 mai. La population se tournait vers
Saint Roch : En Marexhe 45 une modeste chapelle a été transformée en potale en
1895.
Nous suivons la rue Haute Marexhe jusqu’au
Pôle Hayeneux, pôle 1 du schéma directeur de rénovation urbaine de 2007. En
2015 est inauguré l’espace Aurora du Groupe Horizon (Minguet): 44 appartements.
Le boulodrome (1.600m²) peut accueillir des tournois européens. L’expo sur la
Commune est dans la maison de quartier. C’est ainsi qu’il a fallu le présenter
pour tomber dans les critères des Fonds Feder. Les fonds FEDER exigent que
l’exploitation soit privée. En 2018 la Ville a
lancé un marché de «concession de services pour y développer « un projet de gestion à vocation
culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale ».
Mais il n’y a pas eu de candidat. Trouver un
concessionnaire privé pour rentabiliser 2 grandes salles de 75 à 100 personnes
: 150 et 180 m2 ; 2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de
10 à 15 personnes, sur 1.100m² : ce n’est pas évident. En attendant un candidat concessionnaire, la
Ville loue les locaux au monde associatif et l’utilise ponctuellement pour des
initiatives comme cette expo.
Le Ravel Canal.
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l’écluse n°4 sur l’ancien canal |
Pour le chemin de retour, nous vous invitons à
emprunter le Ravel Canal.
L’ancien canal latéral Liège-Maastricht est
en-dessous du boulevard. Dans Herstal en cartes postales Pierre Baré a publié
quelques beaux souvenirs de ce canal bucolique, avec ses 24 ponts et 6 écluses.
En 1923 une commission avait déjà examiné un
projet de canal entre Liège et Anvers. Mais il a fallu les crues désastreuses
de l’hiver 1925-1926 pour qu’une une
Commission nationale des grands travaux préconise d’entamer les travaux.
Le canal est inauguré lors de l’Exposition internationale de la technique de
l’eau de 1939. De cette Exposition il ne
reste que Palais des fêtes reconverti après. Ce témoin de l’architecture
moderniste de Joseph Moutschen est aujourd’hui en danger, ne fût-ce par
l’absence de perspectives. Derrière il y avait une piscine en plein air.
L’ensemble monumental dominé par un phare de
40 m auquel est adossée la statue du roi Albert est aussi de Moutschen, ainsi
que la station de pompage. Le bas relief reproduit le tracé du canal.
Notons que cette esplanade hébergeait deux
abris dissimulés dans le socle de la statue. Rappelons-nous le bunker en
dessous de l’ancien pont de Wandre du début de notre balade. En 1939 la Défense
Nationale se rendit compte qu’elle ne disposait ni d’effectifs suffisamment
nombreux, ni d’assez de mitrailleuses pour garnir cette ligne de front de 179
abris sur 60 Km. Elle décidé de ne pas l’occuper en espérant leurrer malgré
tout l’ennemi…
Liens intéressants
https://hachhachhh.blogspot.com/2021/03/sur-les-traces-dedouard-wagener.html
Le
BULLETIN N° 194 DES AMIS DU MUSEE HERSTALIEN fait le récit de la tourmente
de 1886 à Herstal. Ce texte est basé – entre autres – sur le rapport du
bourgmestre de Herstal « sur les grèves du mois de mai dernier présenté en
séance publique du Conseil Communal de Herstal du 3 mai 1886 », déjà repris
dans le N°24 du « Musée Herstalien », ainsi que sur un livre de 1969 de René
Van
Santbergen, « Une bourrasque sociale Liège 1886 ».
En 2012 j’ai publié un blog sur base de ces
deux publications,
http://hachhachhh.blogspot.com/2012/05/un-herstalien-edouard-wagener-au-cur-de.html
http://hachhachhh.blogspot.com/2013/11/la-revolte-de-1886-herstal.html
avec extraits du‘Rapport au Conseil Communal’
du bourgmestre libéral d’alors Hypolite Grégoire (1882 – 1895). Une
antenne herstalienne du Parti ouvrier belge (POB), fut fondée le 8 juin 1886.
Il faudra néanmoins attendre 1896 pour avoir comme échevin ff. Bourgmestre un
des fondateurs de cette section herstalienne du POB.
Compte rendu très complet des Assises dans La
Meuse 11 août 1886
https://anarchiv.wordpress.com/2019/05/25/wagener-et-rutters-emeutiers-anarchistes-de-liege-aux-assises-9-aout-1886/
et
Sur La Commune de Paris a 140 ans, elle n’est
pas morte !? par Micheline Zanatta, Présidente de l’IHOES Analyse n°80 – 12
octobre 2011
http://www.ihoes.be/PDF/Analyse_80_Commune_de_Paris.pdf
balade de la Place Saint Lambert au « Café
national » place Delcour, dans les pas des manifestants du 18 mars 1886.
https://hachhachhh.blogspot.com/2021/03/de-la-place-saint-lambert-au-cafe.html
https://www.facebook.com/Vive-la-Commune-Vive-la-Sociale-104025354991849/
https://unionisme.be/VAN_KALKEN_Les_emeutes_de_1886.htm
« Commotions populaires en Belgique (1834-1902) », par F. VAN KALKEN
(Bruxelles, 1936)
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« De Werkstaking » de Luyten qui était en 1886 au Borinage |
En mars 2016
Jonathan Lefèvre publie dans ‘Solidaire’ un article « 1886, première
grande révolte ouvrière en Belgique ». https://www.solidaire.org/articles/1886-premiere-grande-revolte-ouvriere-en-belgique
https://www.facebook.com/Vive-la-Commune-Vive-la-Sociale-104025354991849/