photo David Flausch

Que deviendra la friche de Chertal ? Après
le combat perdu sur la fermeture, commence un troisième mi-temps. C’est
important de suivre ce dossier de près pour différentes raisons.

D’abord, est-ce le pollueur qui payera ?

Ensuite, le coût de l’assainissement dépend de
ce qu’on veut faire de ces terrains. L’accord tripartite de 2005 prévoit une
reconversion industrielle.

Il y a un tiraillement entre les différents
niveaux du pouvoir sur la réaffectation future : extension du Trilogiport,
biopôle, voire du logement.

La commune d’Oupeye est surtout intéressée par
le logement afin de compenser les taxes perçues sur Chertal par les taxes
payées par des contribuables à haut niveau contributif qui peuvent se payer un
nouveau logement.

En plus, jusqu’à nouvel ordre, c’est Oupeye
qui payera la voirie dans le nouveau zoning, sans aucune contrepartie (le plan
Marshall a supprimé la taxe sur la force motrice des nouveaux investissements.

Et enfin, last but not least, il y a la zone
Natura 2000 autour du Hemlot, un ancien bras de Meuse ; on peut rêver de
rétablir le chemin de halage jusqu’au pont de Wandre.

Je suis modeste dans la description du
périmètre concerné. Je vous rappelle qu’en 2007, quand il était échevin de
l’Aménagement du territoire, et que Chertal avait été fermé une première fois,
Filot a lancé au MIPIM un masterplan sur « l’île
» formée par la Meuse et le Canal Albert. Il englobait donc toute la zone qui
s’étend entre Chertal et Loën.

Ce dossier concerne donc la Région Wallonne,
l’agglomération Liégeoise et les communes d’Oupeye, de Herstal (un peu, pour le
corps de garde), voire Visé.

photo Francis Cornerotte poche d’acier

Pour comprendre ça il faut remonter à la
Foncière liégeoise, une société anonyme créée par Guy Mathot et Michel Foret,
Gouverneur de la Province de Liège, lancée en 2005, après l’annonce de la
fermeture de la sidérurgie à chaud de la région liégeoise, en 2003. Cette
Foncière est censée recevoir les terrains assainis avant de les valoriser avec
le soutien financier de la Région. Théoriquement, Mittal assainit et apporte
les terrains. La Région ajoute l’équivalent de la valeur de ces terrains. Nous
verrons que cet accord apparemment si simple renferme de nombreuses inconnues.

La Foncière Liégeoise, un chat dans un sac ?

Comment peut-on interpréter cela ? Nous
avons quelques précisions dans un travail de fin d’études de 2017 sur la valeurpatrimoniale et le potentiel de reconversion du site du haut-fourneau Bd’Ougree. Selon Raphaël VANOORBEEK, «cette
société, cofinancée par ArcelorMittal et la Région wallonne (50-50), est
destinée à s’occuper de la valorisation et de la gestion immobilière des
friches industrielles du Groupe ArcelorMittal une fois assainies, et ce dans le
respect de l’intérêt général
(Lemaire, 2015, paragr. 4; PLURIS et al.,
2016, p. 6; Todayinliege, 2014, paragr. 1).
Le
redéploiement économique de ces friches peut se simplifier en 4 étapes (PLURIS
et al., 2016, p. 6) :

• le
choix de la destination des terrains ;

• la
remise en état et l’assainissement au niveau industriel par l’industriel
ArcelorMittal ;

• la
Foncière liégeoise reçoit dans son capital les terrains assainis par
ArcelorMittal et un montant équivalent provenant de la Région wallonne ;


ArcelorMittal et la Région wallonne valorisent ces terrains via la Foncière
liégeoise qui les revend»
.

Le choix de la destination des terrains est en
effet la première étape. Un assainissement au niveau industriel coûte la moitié
d’un assainissement pour de l’habitat.

répartiteur cc photo Francis Cornerotte

Vanoorbeek cite aussi une étude commanditée
par la Foncière liégeoise (intitulée « Réaffectation
économique des sites sidérurgiques désaffectés du bassin liégeois »
)
qui évalue leur potentiel  avec pour
chaque site un diagnostic territorial, une synthèse des contraintes, une
analyse AFOM (atouts, faiblesses, opportunités, menaces), la détermination des
enjeux, des objectifs et intentions ainsi que un Master Plan ou le
positionnement des principales options d’aménagement (Lemaire, 2015, paragr. 4; PLURIS et al., 2016, p. 6) .

 

La grande inconnue dans cette opération est
selon VANOORBEEK « le coût moyen de
l’assainissement qui peut être estimé entre 100 et 150 €/m². Cependant, il
dépend fortement de l’état des sols et de l’usage que l’on veut en faire. Les
chiffres de la SPAQuE montrent qu’on peut fortement s’éloigner de ces valeurs
en fonction du niveau de pollution mais également du scénario de réaffectation
que l’on envisage. A titre d’exemple, pour l’usine chimique UCB le coût est
monté à 423€ le mètre carré ; pour la Cristallerie VSL 175€ et pour Boch
Keramis 75€. En ce qui concerne la dépollution des de 307 hectares de friches de
Seraing et Ougrée, la SPAQuE a estimé en 2013 l’assainissement au niveau
industriel à 220 €/m² »
(Royer,
2016; SPAQuE, 2013)
.

En principe, ce coût ne concerne que Mittal
qui apporte des terrains assainis au niveau industriel.  Quant au prix de vente, on peut estimer que 
la SPI+ vend ses terrains à +-70€ le mètre
carré !

Mittal aurait-il accepté sans broncher une
opération d’assainissement dont le coût peut monter à 300€ le mètre carré comme
pour la cokerie de Flémalle (mais là
c’est la Spaque qui a casqué ! Fermée en 1984 par Cockerill Sambre, sous statut
public, la cokerie a été démolie dans les années 90 et dépolluée en 2013)
.

La Foncière disparaît des radars après l’OPA de Mittal

photo G. Mora-Dieu

Cette Foncière disparaît un peu des radars
après l’Offre Public d’Achat (OPA) réussi sur Arcelor. Au départ, Mittal fait
miroiter une relance de la phase à chaud, mais la crise mondiale de 2008 sonne
le glas de ce projet. La demande d’acier faiblit. Le HF 6 est à nouveau arrêté
en novembre 2008, suivi en avril 2009 par le HF B d’Ougrée. En avril 2010, le
HF B d’Ougrée est encore remis à feu, mais la reprise de demande européenne s’avère
inférieure aux attentes. La surcapacité en Europe du Nord est manifeste. Le 14
octobre 2011, c’est l’arrêt définitif de la phase à chaud. Le HF B est
néanmoins mis sous cocon jusqu’au 31 mars 2019.

Fin 2011 la SPAQuE, organisme public chargé de
la réhabilitation des friches industrielles, livre des estimations relativement
précises sur le coût de la dépollution des 307 hectares de la phase à chaud :
683 millions en cas de réaffectation à vocation industrielle ; pour de
l’habitat, la facture peut monter à 1 milliard (22,94 ha  pour le HF6 à Seraing, 13,55 ha  pour le crassier sidérurgique à côté du HF6, 5,94
ha pour la forge Ringmill à Seraing ; la cokerie d’Ougrée fait 38,50 ha et
le HFB d’Ougrée 39,18. L’aciérie et la coulée continue de Chertal font 46,77
ha, le laminoir 74,01 ha,  et le parc à
scories 66,18 ha). Mittal crachera-t-il 683 millions d’euros?

Le 24 janvier 2013, à l’arrêt définitif de la
cokerie de  Seraing et du laminoir de
Chertal s’ajoutent 7 des 12 outils de la sidérurgie à froid « afin de renforcer les 5 autres ». La
Foncière est réactivée. Le ministre Marcourt lance même un décret
expropriation, s’inspirant de la loi Florange promise au même moment en France
(Ls 26/1/2015). De l’esbrouffe sans lendemain !

Photo Lemoine

Le 16 décembre 2016, lors du dynamitage du
haut-fourneau 6 on annonce 3 ans de travaux de démantèlement, avant de commencer
les études d’assainissement. Le Soir écrit que « l’accord tripartite prévoit que Mittal procède au démantèlement du
seul haut-fourneau 6 de Seraing, et cède ensuite le terrain à une société
foncière qu’il détient à 50 % avec la Région »
(LS 1/10/2013). Le
journaliste parle de  démantèlement, pas
d’assainissement. Mais c’est peut-être pour lui un détail sans importance.

Toujours est-il que rien n’est défini
concernant l’assainissement des centaines d’hectares mis sous cocon.  Je ne critique pas cette mise sous cocon
(l’espoir fait vivre), mais une des conséquences en est que Mittal ne débourse
rien dans l’immédiat, en 2016, à part un peu de frais de surveillance et le
démontage du HF qui se paie peut-être en vendant la mitraille.

Après la mise à terre du HF6 la question de l’assainissement
réapparaît.

Début 2014 après la mise à terre du HF6 la
question de l’assainissement réapparaît. Le ministre wallon de l’Aménagement du
territoire Philippe Henry «réactive la
Foncière liégeoise en la dotant de 250.000 euros pour réaliser une première
étude d’un schéma directeur du bassin liégeois »
.

Cette première étude du ministre Henry ne
concerne que le site du HF6.  «Grâce au nouvel outil que constitue le
périmètre d’enjeu régional, la Foncière pourra réorganiser les 40 hectares sans
devoir réviser le plan de secteur. La procédure est désormais simplifiée et
plus rapide. L’investissement vise à accélérer l’assainissement en motivant
ArcelorMittal à respecter ses engagements. Et à libérer de nouvelles zones pour
des activités économiques ou du logement ».

Je n’ai pas cherché à savoir en quoi consiste
ce nouvel outil de périmètre régional, mais ça ne m’inspire rien de bon.

construction HF6

Le 31 octobre 2014 ArcelorMittal dépose à la
commune de Seraing une demande de permis d’urbanisme pour la démolition du HF. Le
17 décembre 2014, en conseil d’entreprise, les deux syndicats demandent
d’amender la mise sous cocon pour que le démantèlement débute également au
haut-fourneau d’Ougrée et à l’aciérie de Chertal. «ArcelorMittal pourrait commencer à lancer des travaux de démantèlement
qui ne nécessitent pas de permis comme démonter des machines, nettoyer les
sites »
, lance Jordan Atanasov.  Jean-Luc
Rader : « Tout ce qui traîne pourrait
être enlevé. Il va y en avoir du boulot. Au moins pour 10 ans. Puis Mittal
devra dépolluer les sols. Autant ne pas traîner ! Le modèle au départ c’était
une société gérée par la tripartite qui avait un monopole, en recourant à des
sous-traitants pour les tâches spécialisées. Mais ce n’est pas possible, selon
Mittal. Quelques entreprises qui sont engagées pour faire du décablage, font
appel à UDIL pour avoir des hommes mais ça reste aléatoire»
.

Des deux côtés, l’idée de base est de mettre
au travail sur travailleurs de la cellule de reconversion UDIL sur les travaux
de démolition. En plus, pour la CSC, c’est une remise en question partielle
de  la mise sous cocon de la phase
liquide. Celle-ci ne se justifie plus sauf pour le laminoir à chaud qui
pourrait encore devoir laminer des brames venues d’ailleurs.

Les entreprises spécialisées dans le démantèlement se
positionnent

En février 2015 Philippe LAWSON nous apprend
(L’Echo 25/2/2015) qu’une association momentanée a été constituée en août 2014,
par des entreprises spécialisées. Pas question donc de mettre au travail les
travailleurs de la cellule UDIL. Un petit chantier de 500.000 euros a été
attribué à Ecoterres, une filiale du groupe DEME, pour le site de la Rue Ramoux
à Seraing, près du HF6. On promet à DEME l’assainissement des zones externes du
HF6. En plus, deux sociétés wallonnes, une bruxelloise et une flamande ont créé
un Groupement d’intérêt économique (GIE) dans le but de remporter les marchés
de dépollution des sites d’ArcelorMittal à Liège. Stéphane Verstraete est administrateur
délégué de Solaz, la filiale environnementale de l’entreprise DC Industrial, qui
est en train d’assainir le site de Duferco à Clabecq. Il dit: « nous essayons de nous unir pour proposer
un service complet, de la démolition à l’assainissement des terrains en passant
par le démantèlement des outils à ArcelorMittal. Ici, le GIE a plus de sens
qu’une association momentanée. Notre objectif est de participer au
redéploiement de la région liégeoise « .
Solaz prétend travailler avec
Castagnetti, spécialisée dans la démolition, et European Cleaning &
Maintenance (nettoyage industriel), de Flémalle tous les deux. Le GIE comprend
également De Meuter, de Ternat (démolition, démantèlement, assainissements et
désamiantage).

Photo David Flausch

Le GIE a pour objet  » l’ élaboration conjointe d’offres de services, d’études et de
conseils délivrés dans le cadre des travaux de réhabilitation et de
démantèlement des anciennes unités industrielles sidérurgiques d’ArcelorMittal
situées dans le bassin liégeois « .
Son capital est de 10.000 euros.
Une augmentation de capital se fera en fonction des besoins.

Le GIE et DEME ne sont pas les seuls. En août
2014, trois entreprises wallonnes et une du Limbourg unissent leurs forces pour
tenter de remporter les marchés: Wanty (Peronnes-Lez-Binche), Oxytec (Herstal),
Retrimeuse (Seraing) et Martens Democom (Genk). Les quatre sociétés, déjà
fournisseurs agréés du groupe, ont constitué une Société momentanée pour le
démantèlement (SMD) des outils du chaud.

2019 fin de la mise sous cocon

En 2019 le cocon est levé. A cette occasion La
Libre Belgique du 31/8/2019 fait le point sur la Foncière, ce partenariat
public-privé Région wallonne/ArcelorMittal. Les deux parties ont chacune quatre
administrateurs bénévoles, auxquels s’ajoute un observateur de la Sogepa, le
bras financier de la Région wallonne. Françoise Lejeune est la présidente du
conseil d’administration et Manfred Van Vlierberghe, le CEO d’ArcelorMittal
Belgique, le vice-président. “Le but,
c’est d’ ‘obliger’ ArcelorMittal à remettre à la disposition de la communauté
liégeoise l’ensemble des sites qu’il a fermés. C’est d’abord une reconversion
économique que l’on veut porter. Et au-delà, il y a une réflexion globale à
mener sur quels secteurs d’activité choisir et à la bonne place”
, explique
Françoise Lejeune. Mme Lejeune est un calibre : elle a été directrice
générale de la SPI, notre agence de développement pour la province de Liège,
jusque fin 2018. “On a beaucoup crié au
loup sur la pollution mais on se rend compte que le site du haut-fourneau 6
était beaucoup moins pollué qu’imaginé”
, signale Françoise Lejeune. “Nous avons entendu qu’ArcelorMittal ne
prendrait pas toutes ses responsabilités. Évidemment qu’on les prendra
”,
tient à dire Manfred van Vlierberghe.

Selon l’article de La Libre, des études de
sondage des sols pour évaluer leur pollution, dépolluer et démanteler les
infrastructures sont à charge d’ArcelorMittal. Des experts évaluent la valeur
des terrains assainis et la Sogepa apporte un montant équivalent afin de
réaliser d’éventuels travaux de dépollution supplémentaires, si l’on veut faire
autre chose que de l’industriel. Les terrains dépollués sont cédés à la
Foncière.  On est dans le schéma défini
en 2005.

photo Sophie Lerouge

Quant au délai donné à ArcelorMittal la
patronne de la Foncière est plus
evasive : “Non mais il y a un suivi
fait par la Foncière et un planning provisoire et théorique qu’on adapte”
. Françoise
Lejeune: “Pour mettre en œuvre une zone
d’activités économiques de grande taille, il faut dix ans. Et quand on me dit
que le privé va plus vite, je voudrais bien qu’on me donne un exemple.”

“ArcelorMittal
n’a aucun intérêt à ce que les choses traînent car on dépense beaucoup d’argent
pour sécuriser les sites. Il y a encore et toujours des incidents, des
intrusions, des vols et des accidents, même avec les équipes et les caméras sur
place”
, affirme le CEO belge.

Sur le coût de la dépollution le CEO
d’ArcelorMittal conteste le chiffre de 800 millions d’euros qui circule depuis
des années: “nous avons besoin des
sondages de sols et de savoir ce qu’on va ensuite faire des terrains pour
préciser les choses”
.

Je ne vais pas faire la fine bouche sur les
délais. Tout compte fait, la relance du chaud suivi par la mise sous cocon
n’ont pas simplifié les choses. Ce qui est nouveau est de savoir ce qu’on va
ensuite faire des terrains. Mittal s’est engagé pour un assainissement
industriel. Si on veut plus, c’est pour le contribuable wallon… Mais jusque là
on s’oriente exclusivement vers l’implantation d’activités économiques.

porte 32 photo Sophie Lerouge

Par contre, ce qui ne me rassure pas du tout
c’est le haut-fourneau 6 qui a été démoli fin 2016. On dit que les études de
sols sont en voie de finalisation et que la Paire Ramoux est entièrement
dépolluée et accueillera de l’activité économique. On devrait quand même avoir
une première idée des coûts ?

Quant à la cokerie, le permis d’urbanisme pour
la démolition est là et les études de sols sont en cours. Un consortium privé aurai
marqué un intérêt pour une réaffectation économique du site.

Pour Chertal, un expert en études de sols a
été désigné et quelque 1000 sondages vont être effectués. Trilogiport semble
intéressé dans une extension à Chertal.

Oupeye se met dans la danse

Jusque là on n’a encore rien entendu de la
part d’Oupeye, dont le budget est fortement bousculé par la disparition des
taxes payées par Chertal.

En mai 2019 Arcelor Mittal et Oupeye se
concertent en vue d’un de permis pour le démantèlement de l’aciérie. Le
bourgmestre a pris «des contacts avec
Engie, afin d’évoquer un projet de production d’énergie verte sur le site de
Chertal réhabilité, avec l’installation d’au moins trois à quatre éoliennes ”. Oupeye
souhaite qu’à l’avenir des activités industrielles puissent être maintenues le
long du canal Albert, que le centre du site soit dédié à de l’économie mixte,
avec des éoliennes et des espaces pour les PME et que la berge côté Meuse soit
dédiée au tourisme fluvial avec l’aménagement d’un Ravel »
(LLB 11 Mai
2019).

Voilà tout un programme : de l’industrie
le long du canal, de l’économie mixte au centre, avec des éoliennes et des PME
et au tourisme fluvial et un Ravel côté Meuse ! Oupeye inspire
probablement Alain Mathot (PS) qui le 27 avril 2020 annonce au conseil communal
de Seraing que la ville ne délivrera le permis d’urbanisme pour le
démantèlement qu’à la condition que le groupe sidérurgique se montre
respectueux des investissements que les autorités communales prévoient de
réaliser pour redynamiser la cité.

Des pressions de bonne guerre de la part de
deux communes qui ont souffert de la fermeture ?

Relier Cheratte à Chertal par un nouveau pont ?

Puisque personne conteste, Oupeye rajoute
encore une couche en décembre. Le bourgmestre Fillot a veut un pont et une
passerelle vers le futur arrêt du Réseau Express Liégeois. «D’après une étude réalisée en 2015 par la Foncière liégeoise, une fois
que le site sera valorisé à plus de 50%, l’accès par le pont de Wandre sera
insuffisant. Un problème que nous avons évoqué cette semaine avec Visé, lors
d’une réunion commune entre nos deux collèges communaux. Car, mine de rien,
même si Chertal se trouve en grande partie sur Oupeye et un peu sur Herstal,
Visé est évidemment concerné par le redéploiement du site. Relier Cheratte à
Chertal par un nouveau pont permettrait de valoriser Cheratte-bas et tout le
projet de réhabilitation de l’ancien charbonnage. Mais surtout, ça permettrait
de rentabiliser le futur point d’arrêt du Réseau Express Liégeois (R.E.L.), à
un gros kilomètre. Ensuite une passerelle piétonne, au-dessus du canal Albert,
entre Vivegnis et Chertal, permettrait aux travailleurs de Chertal de se rendre
facilement au complexe commercial de Basse-Campagne ou d’utiliser les lignes de
bus qui relient Liège à Basse-Campagne. Vivegnis serait relié à Cheratte»
.
Un avis partagé par Viviane Dessart, bourgmestre de Visé. «Cela permettrait d’inciter les travailleurs à utiliser le train et
d’ainsi alléger la mobilité dans la région»
(La Meuse 
13/12/2019).

Je dois reconnaître que les deux bourgmestres
sont sur la balle. Le Plan Urbain de Mobilité vient de sortir. 
Il prévoit p.121 « un nouveau pont pour développer
l’accessibilité à la zone Chertal ». Et du côté Cheratte le promoteur
immobilier Matexi utilise ce pont comme argument de vente de ses logements sur
la paire du charbonnage.

Sogepa mandaté pour entamer les négociations de rachats avec
ArcelorMittal

le chemin de fer vers Trilogiport

En mai 2020 PS-MR-Ecolo accordent un mandat à
la Sogepa pour entamer les négociations de rachat avec ArcelorMittal. Les
opérations majeures se dérouleront en partenariat avec NOSHAQ et la SPI, pour qui
“l’un des principaux enjeux est que le
public garde une maîtrise”
. Entendons : par rapport au privé. L’idée est de
créer une société mixte avec d’un côté les partenaires publics classiques que
sont la Sogepa, la SPI, Noshaq et pourquoi pas Nethys, et de l’autre des
partenaires privés dont Arcelor peut-être. «Mais
ces derniers resteront majoritaires pour ne pas que l’Europe puisse nous
taxer pour aides d’État illégales»,
ajoute le ministre. Le journaliste
ajoute : il faudra alors discuter de la pollution historique des terrains,
de l’ampleur de la dépollution selon la future activité prévue et de
l’évaluation de son prix de vente une fois réhabilité Autrement dit: ça
n’avance pas vite aujourd’hui parce qu’ArcelorMittal n’est pas pressé de
dépolluer. Si on lui rachète les terrains à l’avance, il aura de l’argent pour
le faire… (LLB, La Meuse et
l’Avenir 2/5/2020)

Frédéric Daerden se réjouit « que cette mission a été confiée à la Sogepa
et aux acteurs liégeois que sont Noshaq et la Spi, ce qui signifie une reprise
publique des terrains d’Arcelor… des terrains précieux. Le message adressé à
Arcelor est en tout cas clair : il est temps d’avancer… mais pas n’importe
comment et pas à n’importe quel prix »
. A la question ‘ça vaut combien, un
site comme Chertal ?’ le ministre répond : “C’est impossible à dire. Cela dépend de son état, de ce qu’on doit y
faire et de ce qu’on veut y faire. ”
 
On évoque une reconversion “économique”… est-ce la seule piste ? “La réflexion n’est pas encore menée à ce
stade même si le Gre – Groupement de Redéploiement Economique –
avait
évoqué une reconversion logistique en bord de canal… mais il faudra bien sûr
envisager une mixité de fonctions. Le but n’est pas de faire ici un Trilogiport
bis. La propriété finale doit être publique et il faudra travailler en
complémentarité avec les communes, en associant la population, le secteur
culturel aussi… Et dix ans, c’est trop pour reconvertir Chertal, cela doit être
beaucoup plus court.
” (DH 4/5/2020).

parc à scories photo Eddy Van Loo

Un  ministre prétend qu’AMB restera majoritaire; pour
l’autre, c’est une reprise publique de ces terrains. Où se situe la Foncière
Liégeoise dans ce montage? Que faut-il comprendre sous le terme ‘mixité de
fonctions’ ? Et que vient faire le secteur culturel ?

 Mauro Lenzini, ex-bourgmestre et actuel député
PS, ajoutez une couche. Il propose de «
valoriser le site de Chertal en y créant un biopôle. Une solution
biotechnologique, biomédicale et biopharmaceutique pour une partie de ce site
idéalement situé près de l’eau, du rail et de la route. Il ne faut pas faire
ici un Trilogiport bis. Pourquoi pas, une mixité des fonctions avec, de
l’habitat et du loisir en bord de Meuse ?
 »

Le terme mixité des fonctions s’élargit :
un biopôle ET aussi de l’habitat ! Ce qui change la donne par rapport aux
engagements d’ArcelorMittal ! Pour le député Julien Liradelfo (PTB), il
est surtout primordial que le propriétaire (ArcelorMittal) assume le coût de la
dépollution
…(DH 8 Mai 2020).

 

photo Eddy Van Loo

Willy Borsus soulève un lièvre qui jusqu’ici
n’était pas encore venu sur la table : les voiries d’un zoning sont en
principe à charge de la commune. Selon Borsus, « il n’est à ce stade pas prévu de solliciter un financement
direct de la part des communes d’Oupeye et de Herstal. Il serait envisagé de
créer une société mixte entre la Sogepa, les acteurs publics locaux et des
opérateurs privés dont le concours peut participer au développement du projet ”

(DH 4/7/2020).

Trilogiport, terminus de la nouvelle route de la soie ?

Le 9 décembre 2020 un évènement repositionne
le Trilogiport au milieu du jeu de quilles. Le premier train arrive au Trilogiport,
parti le 18 novembre de Yiwu, base importante de l’e-commerce en Chine. le long
de la nouvelle route de la soie. L’aménagement de cet accès ferroviaire a coûté
deux millions d’euros, plus la restauration du pont juste avant Chertal, par
Infrabel. (DH 10/12/2020 et La Meuse 9/12).

rails déboulonnés entrée Chertal

Un non-évènement (le train ne dépose que 41
conteneurs…) qui relance le débat. Je ne suis pas sûr qu’il y a un rapport
direct, mais au même moment des bruits courent qu’une “grosse société” du nord
du pays négocie directement avec ArcelorMittal pour reprendre le site “en
l’état”. Avant toute démolition et dépollution donc.

Borsus déclare que le Master Plan doit prendre
en compte “les spécificités et les enjeux
de chacun des sites, en particulier celui de Chertal où nous pouvons, sans trop
de risques, anticiper une destination majoritairement économico-industrielle”
.

Mauro Lenzini ne veut pas « que ce dossier échappe aux pouvoirs wallons et locaux, et
s’interroge sur le rôle de la Foncière liégeoise, qui ne doit pas ici être
by-passée”
(DH 4/12/2020)

L’Agence TER mandaté pour un Master Plan

Le dossier entre dans une phase
d’accélération. L’Agence TER est désigné pour un master plan avec des
propositions très concrètes de reconversion. Le ministre wallon de l’Économie
veut retrouver « de l’innovation en
matière d’urbanisation et de distribution de fonctions, de qualité de vie, de
mobilité, d’environnement, de biodiversité et d’économie circulaire,
d’implantation de nouvelles activités industrielles, de développement d’écosystèmes
complémentaires et à haute valeur ajoutée, de valorisation et de développement
des compétences locales »
(La
Meuse 12/12/2020)

Le Hemlot- photo Sophie Lerouge

En attendant, l’environnement s’invite au
débat. A l’issue d’une enquête publique «
la Fonctionnaire technique de la Région met en œuvre l’article 65 »,
explique
Paul Ernoux, échevin d’Oupeye. « On
ajoute au permis deux stations de mesures de la qualité de l’air. En tout, il
en existe quatre. L’ISSEP doit réaliser, pendant trois mois avant le début des
travaux, des relevés qui vont permettre d’avoir une idée de la pollution de
l’air avant travaux. »

En février, suite à la demande de permis de
déconstruire, Oupeye réclame une étude d’incidence sur l’environnement. Pour
Serge Fillot, bourgmestre d’Oupeye, «on
ne tient pas compte de la zone Natura juste à côté ».
Certes, cette
zone est, il faut le dire, en dehors du périmètre concernée. Mais on avait déjà
promis une compensation dans le cadre de la construction de l’écluse de Lanaye.
Et Chertal s’est accaparé d’une zone d’étangs le long de la Meuse ; zone
qui en toute logique pourrait être incluse dans la zone verte. D’autant plus
que c’est par là que devrait passer le Ravel envisagé par Oupeye.

Visé, non consultée dans le cadre de cette
enquête publique alors que Richelle, Sarolay et Cheratte se trouvent à un jet
de pierre du site, va se manifester auprès de la Région
(La Meuse 18/2/2021).

La député cdH Alda Greoli interpelle le
ministre de l’Économie en séance plénière du Parlement de Wallonie, et
conclut : « Ses réponses ne me rassurent
pas. Ça me conforte dans l’idée qu’il n’y aura pas dépollution en profondeur.
On parle d’une remise à niveau de niveau 5, mais on ne sait pas à quoi ça se
rapporte.»

De mon côté, j’ai essayé aussi de retrouver,
en vain, ces normes d’assainissement wallons en 5 niveaux. 

 Le 26 mars 2021 Ter propose une approche mixte
: industrie, entreprises, services, bureaux, logements. Mauro Lenzini déplore
la multiplicité des fonctions évoquées, “un
peu de logements, un peu de verdure et 1 % de mémoriel, et puis un projet
économique. On dit qu’on fait tout et au final on ne fait rien… on nous enfume.
Et il faudra attendre des années voire des décennies avant de voir une première
activité économique
.” Il interroge Henry sur les deux passerelles
envisagées sur le canal Albert et sur le pont sur la Meuse. Le ministre est
évasif :  le Masterplan “n’a pas pour vocation d’être le plan
d’aménagement final des sites. C’est une feuille de route à l’horizon de 30 ans.
Ce n’est qu’une fois dépollué qu’on pourra réellement mettre en œuvre le master
plan ».

 Le 23 avril 2021 le député écolo Bierin pose
une question écrite au Parlement Wallon : «le ministre a-t-il  fixé des
balises relatives aux activités à étudier ? L’idée de base semblait être de
privilégier l’activité économique du côté canal, et de préserver voire
accentuer le lien avec la nature, voire une véritable réserve naturelle, du
côté Meuse, ce qui paraît logique et bienvenu. À ce stade, quelle proportion de
la zone serait consacrée à de l’activité industrielle, et combien d’hectares à
la zone naturelle ? Qu’est-il prévu de faire avec les 370.000 tonnes de scories
qui sont sur cette deuxième partie du site? »

 

Le Hemlot photo S. Lerouge

Voilà que la réserve naturelle revient sur le
tapis, avec une question précise : combien d’hectares à la zone naturelle
? Il parle des 370.000 tonnes de scories ; je ne sais pas s’il fait un
lien direct avec la zone nature.

 Mauro Lenzini évoque deux mois plus tard la
production d’hydrogène vert ou de kérosène vert pour “les acteurs publics potentiellement concernés par ce projet”.
Liege Airport s’est engagé à réduire ses propres émissions de CO2. Lenzini voit
un lien “entre la production de kérosène
vert et le développement futur de l’aéroport liégeois”
(DH 26/5/2021)…

En juin le député Bierin rattaque. Il lave
plus vert que Lenzini. Il veut « faire
de Chertal un centre d’excellence en économie circulaire. ‘Get Up Wallonia’ l’a
bien compris : l’avenir de l’économie est circulaire. Comme le béton
circulaire. Ou la « reverse metallurgy » qui permettrait de valoriser des
déchets métalliques en matières premières. Ou l’Urban Mining : récupérer les
métaux précieux que l’on trouve dans les appareils. Les voitures électriques se
généralisant, une filière de recyclage des batteries pourrait donc notamment
s’installer à Chertal. Enfin, autre alternative encore, le retrofitting de
véhicules. Au lieu de fabriquer une voiture de A à Z, on pourrait convertir des
voitures thermiques en véhicules électriques. Enfin, cinquième filière
envisagée par Ecolo, la réutilisation des terres d’excavation en matériaux de
construction. Leur réutilisation, par exemple en remblais, pose problème
actuellement. Mais on pourrait les utiliser pour fabriquer des briques en terre
crue pour construire ou rénover des bâtiments »
(La Meuse 11/6/2021)

photo Eddy Van Loo

Ecolo envoie ses propositions à TER, chargée
du master plan, ainsi qu’au ministre wallon. « Ce master plan devrait donner de grandes orientations sur le type de
réaffectation. Nous voulons nourrir le débat lors de la prochaine étape. Et
éviter que le site ne devienne un autre Trilogiport ».

En juin, le ministre de l’Économie rejoint l’idée
de Lenzini de biokérosène. La filière hydrogène vert représente “un des axes stratégiques de redéveloppement
économique avec l’installation d’une industrie produisant de l’hydrogène ou
d’autres équipements industriels qui permette de créer de la valeur dans la
chaîne de traitement de l’hydrogène”
. Il fait le lien avec Liege Airport et
Intradel. Pour acheminer le biokérosène, un “pipeline” serait privilégié. Exit
Trilogiport ? 
(DH 26/6/2021).

Le parc à scories

Le député Bierin évquait en avril 2021 le parc
à scories. Je n’ai pas l’impression qu’il a approfondi la question. Je l’ai
fait pour lui. L’assainissement de ce parc pourrait être très léger. En
Wallonie, la scorie classique est considérée comme un déchet inerte  (arrêté du Gouvernement Wallon du 14 juin
2001 concernant la valorisation des déchets issus de la production d’acier).

parc à scories photo F. Cornerotte

Une tonne d’acier génère entre 80 et 150 kg de
scorie. Ces scories peuvent remplacer le ciment pour les routes et voies
ferrées.  Le seule contrainte est que ces
laitiers gonflent à cause de 
l’hydratation de la chaux et de la magnésie libres présentes en forte
quantité. En plus, ces % de chaux libre sont variables surtout pour les stocks
historiques comme Chertal.

Terranova a mélangé à Chertal du laitier LD
frais avec des granulats inertes et a commercialisé ce produit sous le nom de
TERRAX. Les installations sont toujours là, abandonnées.

Une autre utilisation est décrite par ArcelorMittal
France dans son Rapport de responsabilité sociétale 2020 :
https://france.arcelormittal.com/IMG/pdf/arcelormittal_rse_france_2020.pdf «Les scories d’aciérie peuvent être
utilisées pour le renforcement durable de parkings, de routes, chemins etc.
Ainsi à Dunkerque, depuis 2019, ce laitier a été utilisé pour la construction
de buttes paysagères destinées à protéger les riverains des retombées de
poussières émanant des activités portuaires ».

Voilà une solution toute tracée pour Chertal ?
Bien sûr, la communication de la plupart des sidérurgistes sur la valorisation
de leurs scories est en partie du green-washing. Là où ils ont de la place, ils
stockent et évitent ainsi la granulation et la maturation des scories peu
rentables. Et il faut voir aussi si à Chertal on n’a pas déposé d’autres boues
dans le parc à scories qui sont plus nocifs.

Août 2021 le permis de démolition

chargement mitraille vu du canal

Le 3 août 2021, Arcelor Mittal obtient le
permis unique pour son démantèlement (phase 1 de la reconversion), confié à la
société gantoise SDC (Martens Democom). AMB prévoit des travaux jusqu’en 2026.  L’octroi de ces permis est conditionné à la constitution de sûretés
de 21 millions € par ArcelorMittal. Pour l’assainissement la référence est à
une disposition innovante du décret « sol » de 2018. Je n’ai pas réussi à
savoir en quoi consite cette innovation.

Un Comité d’Accompagnement, avec la
participation de l’ISSeP (Institut scientifique wallon de surveillance, de
sûreté et de recherche & développement en environnement)
 fera un reporting
mensuel. Le permis de démolition ne concerne pas les sites témoins du passé ou
marqueurs de territoire listés par l’agence TER dans le cadre de son Master
Plan ( le HFB et le bâtiment des chaudières, et pour Chertal  une vingtaine de wagon-torpilles sur les 40
qui sont restés bloqués là, le château d’eau, le grand hall dit « G »
et le bâtiment dit des anciens laboratoires). Un de ces wagons se retrouvera
devant la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège (MMIL, à Longdoz).
Mais en garder vingt comme témoins du passé, à Chertal me semble exagéré.
Et les disperser sur le ronds points, comme on a fait

photo David Flausch

avec les berlines du
charbonnage ne me semble pas une bonne idée non 
plus…

Mars 2022 début des démolitions

Le 13 janvier 2022, l’agence TER évoque la
logistique du futur, mais également un potentiel d’implantation d’une usine à
Chertal.

 En février 2022 Lenzini  interpelle encore une fois Borsus (La finalisationde la vente des terrains appartenant à ArcelorMittal Belgique (AMB) enBasse-Meuse liégeoise Question écrite du 11/02/2022)

Il nous apprend que fin 2021 un groupe de
travail constitué d’AMB (ArcelorMittal Belgium) et de la SOGEPA – SPAQuE doit
finaliser des conditions de vente, après dépollution, des friches AMB dont le
très convoité site de Chertal. Concernant la vente qui pourrait survenir selon
lui au premier trimestre de 2022 (là, il s’est donc trompé), «le Ministre compte-il morceler les 190 hectares et de les vendre à
différents groupes d’investisseurs, ou plutôt de céder l’ensemble de la surface
disponible à un seul groupe ? Qui sera chargé de la (ou des) vente(s) ? La
SOGEPA, la Foncière Liégeoise ou un tout autre organisme existant ou à créer ?
Qui sera chargé de l’aménagement des voiries ? Cet aménagement se fera-t-il
comme pour le Trilogiport (sans interventions communales) ou pour l’extension
des Hauts-Sarts (avec une importante contribution communale) ? »

photo David Flausch

Sur les délais, BORSUS le rassure: « Les parties ont bien l’intention de
commencer à discuter des conditions de la vente dès que les éléments
constitutifs des négociations seront suffisamment quantifiés. Pour le site de
Chertal, les opérations de démantèlement vont seulement débuter et que leur
finalisation prendra du temps. Il faudra à ce moment compléter les études de
sol avant d’envisager l’installation de nouvelles activités. Il n’y a à ce
stade pas encore de position arrêtée quant à une commercialisation morcelée ou
non
».

Par contre, en ce qui concerne les voiries,
c’est la douche froide : « il y aura lieu
d’appliquer le décret du 6 février 2014 relatif à la voirie communale »
.
Autrement dit, Oupeye casquera !

Les démolitions commencent le 8 mars. L’Issep
(Institut scientifique de service public) a analysé les 300 bâtiments du site
et établi un inventaire “amiante”. Il me semble pourtant que Chertal avait déjà
fait cet inventaire dans le cadre d’une certification ISO. “Les halls du TLB, dépourvus d’amiante,
seront très vite mis à terre
”, explique Kris Martens, directeur général
SDC. La phase de désamiantage qui devrait prendre quelques mois ; ensuite la
phase de curage, “qui se fera au niveau
des bureaux. Le but est de récupérer et trier tous les déchets propres qui peuvent
être recyclés à 100 % comme le bois, le papier, le plastique… La dernière phase
consistera en la déconstruction des bâtiments “avec des machines à certains
endroits, ou en cisaillant certaines structures pour qu’elles tombent par
terre, avant de les découper en morceaux
”, tel un tronc d’arbre. Il en sera
ainsi pour les poutres du hall TLB, “qui
pouvaient soulever 350 tonnes. Il n’existe pas une machine dans le monde pour
les découper ! On va devoir utiliser le chalumeau pour affaiblir le bâtiment et
le démolir partie par partie. Une fois par terre, on récupérera les ferrailles

busette cc scories ph S.Lerouge

60 personnes seront à l’œuvre sur le site. 90
% du tonnage est constitué d’acier  et
partira par voie d’eau chez Arcelor Mittal. Les riverains seront informés via
la plateforme vwww.sdchertal.be.

Une fois le démantèlement achevé, des études
de sol seront organisées par Arcelor Mittal “pour
déboucher sur l’assainissement des sols et la reconstruction du site”.

Le 9 juin 2022, Borsus avertit Lenzini que les
négociations commenceront plus vite qu’il ne l’avait prévu : « des groupes de travail ont été mis en
place depuis plusieurs mois pour préparer les négociations avec ArcelorMittal.
Un premier groupe de travail concerne l’estimation du coût de la mise en œuvre
des responsabilités environnementales propres à ArcelorMittal sur les 4 sites
(Chertal, HF 6, HF B et la Cokerie d’Ougrée) dont l’acquisition est envisagée.
Le second groupe de travail concerne leur valorisation immobilière. Les
rapports de ces deux groupes sont attendus dans la seconde partie du mois de
juin. Ensuite, les négociations pourront réellement commencer entre la Sogepa
et ArcelorMittal pour l’acquisition de ces quatre friches. Un montant de 90
millions est prévu pour ces missions, liquidé en plusieurs tranches. Ce 25 mai
2022, 40,9 millions d’euros ont été débloqués en deux tranches, 30 millions en
2022, 11 en 2023, et confié à la Sogepa. Ces montants serviront à financer
l’acquisition, l’assainissement, les équipements et la reconversion des anciens
sites sidérurgiques d’ArcelorMittal dans le bassin liégeois. Ce 25 mai
toujours, une autre mission, confiée à la Spaque, a été confirmée. Elle vise à
constituer une réserve foncière de terrains stratégiques à assainir. Un montant
de 5,4 millions a été alloué, en deux tranches également (2022 et 2023). La
dépollution, qui doit incomber au propriétaire, est un élément majeur des

négociations. On précise donc que, si des montants sont dégagés à cet effet,
ArcelorMittal reste bien le pollueur… payeur. Néanmoins, la Région souhaite
aussi aller plus loin que “l’usage industriel” des terrains… et doit s’y
préparer. Le principe du pollueur payeur sera strictement respecté en ce sens
qu’il est tenu compte que la responsabilité et le coût de l’assainissement pour
un usage industriel, incombe à ArcelorMittal. Le Master Plan a des objectifs
d’assainissement plus larges qu’un usage industriel dont la responsabilité financière
incombe à ArcelorMittal. Des moyens publics sont donc indispensables pour
financer ce différentiel
”.

Lenzini est sceptique, à juste titre : “sachant que la dépollution des sites à un
niveau industriel incombe à ArcelorMittal toutes les analyses de ce groupe
(NdlR : Sogepa-Spaque-Arcelor) sont faites à partir de données
environnementales et de niveau de pollution, fournies exclusivement par Arcelor
Mittal, propriétaire, alors que des prélèvements auraient pu être réalisés et
étudiés par l’Issep, organisme public. Plus surprenant encore, c’est sur base
des données fournies par le vendeur privé que sera déterminé le prix d’achat de
ces terrains par la Région. C’est comme acheter un chat dans un sac.La
précision du montant activé, 40 894 344 €, signifie-t-elle que, contrairement à
ce qui est annoncé, l’étude est terminée et les conclusions tirées ? En marge
de ces aspects et une fois les terrains propriété de la Région, quel sera le
rôle que pourrait encore jouer Arcelor-Mittal à Liège ?”
( DH 14/6/2022)

 En résumé, au moment où j’écris ces lignes, et
où ArcelorMittal démonte les structures de Chertal, opération qui doit se payer
largement par la vente des mitrailles, le public s’est engagé pour 40,9 + 5.4
millions d’euros. Avec la Région qui doit négocier un assainissement plus
approfondi que ce qui était prévu au départ, Mittal joue sur du velours… D’autant
plus que les analyses sont faites à partir de données environnementales et de
niveau de pollution, fournies exclusivement par Arcelor Mittal

terranova parc à scories

Affaire à suivre, de très près !

Sources

A part les références reprises dans le texte,
ce blog est basé sur des articles de presse 
Ls 26/1/2015 ; 2/04/2014 ; 1/10/2013 ; 30/09/2013 ; La Dernière Heure
19/2/2022 ; 21/1/2022 14/6/2022  et La
Meuse Presse28/1/2022 et 22/11/2014.

 La 67ième 
balade-santé MPLP de septembre 2022 a longé la friche de Chertal, au
départ de l’entrée N°32 de l’usine (cette entrée a été condamnée lorsque le
pont de Vivegnis-Hermalle a sauté).
https://hachhachhh.blogspot.com/2022/08/67ieme-balade-sante-mplp-chertal-et-le.html

Merci à Sophie Lerouge, Paul Mahy, Francis
Cornerotte, Eddy Van Loo et Michaël Ragatuso pour leurs photos de la balade qui
m’ont servi pour ce blog

photo O. Palombo