photo Euard Val Loo

Lors de notre 71ième balade MPLP
Herstal de dimanche  8 janvier 2023 nous monterons
deux terrils, Bernalmont et Belle-Vue. Belle-Vue est le nom d’un charbonnage,
mais on aura aussi de beaux panoramas. Ca monte, et les sentiers peuvent être
un peu boueux. 

Rendez-vous à 10h pile au rond
point rue de la Station, au pied de l’ancienne
gare. Vu la proximité, il
n’y a pas de covoiturage à partir de la maison médicale MPLP.

La
Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois

Le  rendez-vous est rue de la Station ;
donner rendez-vous à la gare, c’est compliqué : il y en a trois !

La première gare – disparue- remonte à 1865 et
la Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois. Cette ligne desservait la
FN, les Acec, la sucrerie de Liers, les Charbonnages de Milmort, Bonne
Espérance, la Grande et le petite Bacnure.

L’État-Belge a racheté le réseau en 1896. Une
nouvelle gare est inaugurée en 1913. Des mauvaises langues racontent que les
premiers voyageurs étaient des soldats allemands en août 14. Ils auraient même
payé leur ticket de train.

La SNCB a fermé en 2013 les guichets. La gare
est devenue  un point d’arrêt non géré
(PANG).

C’est cette gare qui est rénovée aujourd’hui. Il
a fallu des années pour qu’un arrangement soit trouvé avec la SNCB. Finalement la
Ville a un droit d’emphytéose de 50 ans. Tout à l’intérieur a été démoli sauf
ce qui est structurel. La façade a été refaite à l’identique. L’endroit est mis
à disposition des associations.

Le projet a coûté 1.600.000 euros. Il y a eu 640.000
euros d’ntervention des fonds européens FEDER, 800.000 euros dee la
Wallonie/FWB et le reste pour la Ville. C’est le Bureau d’architecture Pierre
Maes https://www.facebook.com/maesarchitecte/
qui a fait les plans.

Les muraux dans le passage sous-voie sont de
l’artiste Belgo-congolais Novadead, de son vrai nom Julien Crevaels. Influencé
par d’anciennes traditions africaines, il trouve son inspiration dans ses
souvenirs d’enfance, avec la faune et flore équatoriales Fasciné par le cosmos
et les lois de l’univers,  il illustre
ses personnages dans un style oscillant entre le figuratif et l’abstractif. Il
réalise un travail de

mosaïques recréant la matière dans un genre statique,
cristallisé, fragmenté.

Quant au bâtiment en béton rouge, côté
Marexhe, que la Ville continue à appeler gare, il ne sert à rien. Il faut
chercher une explication du côté des subsides. Achevée en 2015, ce bâtiment,
conçu par les bureaux Arcadis, SUMproject et ARJM a obtenu le « Prix wallon
de l’Architecture » en 2015. Va savoir pourquoi la Ville de Herstal a
insistée alors que la SNCB abandonnait l’idée d’une gare à Herstal.

Quant à la cour des marchandises, l’idée est
de faire de ce terre-plein de deux hectares un petit parc d’activités
artisanales. La Ville a chargé la SPI de mener à bien ce projet
(La Meuse 16 jan. 2018).

La gare de Herstal est (encore) desservie en
semaine par trois à quatre trains dans chaque sens par heure ; 160 dessertes
journalières. En cinq minutes on est à Saint Lambert.

Le Parc Pieper

la ruine d’un bunker dans le parc Pieper

Un parc a été aménagé sur le site des  « Anciens
Etablissements Pieper
« , tomé en faillite en 1954. La friche a été le
« plus formidable terrain de jeux
possible a imaginer, avec fortins, vieille centrale electrique, prés, bosses,
petits bois, ses souterrains avec l’infirmerie au milieu »
, si je peux
me baser sur des réactions facebook. Il y a sûrement un peu de ça, sauf que les
parents d’aujourd’hui feraient une crise cardiaque en apprenant que leurs
enfants descendaient dans un ancien puits de mine, le bur ‘delle Pucelle’,
d’une profondeur de 47 mètres, via une échelle de fer à béton toute rouillée scellée
dans les parois.

On a créé sur cette friche un parc paysager
intéressant, avec à gauche et à droite encore les murs d’un bunker. Ce parc
invite presqu’à monter sur les deux terrils. Une initiative intéressante qui à
mon grand étonnement n’est repris nulle part sur le site de la ville….

 Nicolas Pieper est né à Liège le 31 octobre
1870. Il est le second fils de l’armurier et capitaine d’industrie Henri Pieper
qui avait une usine rue des Bayards et à Nessonvaux (Imperia : une voiture
hybride ! On n’a rien inventé). Henri est un des fondateurs de la FN. Principal
actionnaire, il revend ses parts et quitte le Conseil d’administration de FN en
1895. Ludwig Loewe & Cie reprend les parts et devient alors l’actionnaire
majoritaire de la FN, jusqu’en 1918.

Nicolas Pieper monte
sa propre affaire, la Fabrique d’armes automatiques Nicolas Pieper, à Saint
Léonard (la SPI a aménagé le site Pieper, rue
d’entreprises, entre le quai Coronmeuse et la rue Saint-Léonard,  sur une surface de 1,2 ha). 
En 1907 Nicolas Pieper construit une nouvelle usine à
Herstal. En 1912 il lance une carabine et un pistolet de tir. Il lance aussi
une cartoucherie. L’entreprise a employé à son apogée 1000 personnes.

En août 1914, Pieper
est contrains de travailler pour l’occupant allemand à qui il fournit de
grandes quantités des baïonnettes et des pièces pour pistolets Parabellum P08.
S
on revolver
Bayard 1908 est produit en 100.000 exemplaires pour l’armée allemande. Le dernier
numéro de série est 265890.  

Le 22 mai 1918 une
escadrille de 6 avions anglais bombarde les établissements Pïeper. Ils ratent
leur cible mais tuent Cathérine Bulton dont le mari était en Angleterre. Elle
fut enterrée à Foxhalle. Après l’armistice son mari apprend cette mort
tragique ; il perd la raison et accuse les autorités d’avoir fait exécuter
cette attaque. Il fut interné à saint Trond où il meurt en 1925. En 1929
Herstal donnait le nom de Cathérine Bulton à une nouvelle rue dans son
quartier, entre la rue des Vignes et la rue de Vottem 
(Collart-Sacré,
La Libre seigneurie de Herstal, éd. Thone, 1927 p.100)
. C’est
une des rares rues de Herstal avec un nom féminin.

Les Pieper ont-ils été
mis sous séquestre en 1918, le père étant d’origine allemande ? Je n’ai
pas réussi à éclaircir cela. Toujours est-il qu’en 1918 Nicolas Pieper s’installe
au 292 de la rue Vivegnis où il produit sous brevet Thonon un pistolet de poche
semi-automatique Légia, selon certains une copie du FN Browning 1906. Il aurait
ouvert aussi un atelier à Paris en 1922. Après 1923 on ne trouve plus trace de
ses activités armurières. Il décèdera à Liège dix ans plus tard en 1933 dans la
maison familiale de la rue des Bayards.

L’usine de Herstal
continuera ses activités
sous la direction de Joseph
Declaye.  Celui-ci fait breveter et
fabriquer un nouveau pistolet (modèle 1923), deux carabines à verrou (modèles
1921 et 1927), des revolvers type Smith & Wesson et une carabine à
répétition automatique à chargeur tubulaire. 1934 voit l’adoption d’une version
améliorée de la mitraillette Schmeisser-Bergmann par l’armée belge. Il en obtiet
la commande (Mitraillette 34), de même que celle de la transformation d’une
partie des vieux Mauser 1889 en Mauser modèle 89/36. Jean-François Declaye
succède à son père à la tête de l’entreprise.

En 1940 l’usine est à nouveau réquisitionnée
par les troupes d’occupation. Sous direction allemande on y produit de
mitrailleuses lourdes pour la Luftwaffe.

Le 11 juillet 1942 Julien BETERMAN est arrêté
pour diffusion de tracts communistes aux Usines Pieper. Il était commandant
Adjoint d’une compagnie de Partisans Armés. Deux semaines plus tard il est
condamné à la peine de mort.   

Après la libération, en septembre 1944, les usinesreprennent
difficilement leurs activités : fusils de chasse, carabines à verrou et à air
comprimé, nouveau pistolet automatique 6.35 Browning, mitraillettes Sten. La
société liégeoise ARMO leur confie la fabrication du fusil de chasse Actionless
à détentes cachées : ce sera un fiasco. La firme est placée en concordat de
faillite en 1953, et cesse pratiquement ses activités en 1954. La plupart des
bâtiments seront vendus en 1956 et détruits en 1957.

 

Le GR 412 E (sentier des terrils Est)

les pavillons rue de la Crête vers 1950

Nous montons par le parc Pieper vers la rue
des Renards et la rue des Vignes.  Nous
sommes ici sur le GR 412 E (sentier des terrils Est). La rue de la Crëte était
bordée de 20 pavillons, construits par le charbonnage en 1947. Ils étaient
réservés aux familles, tandis que les pavillons de la rue des Petites Roches
étaient aménagés en phalanstère pour les « célibataires« . En réalité, ces « célibataires » étaient pour la plupart mariés mais venus en
Belgique sans leurs familles.

Le château de Bernalmont

Nous longeons le château de Bernalmont, avec sur le
fronton triangulaire les armoiries de Bernalmont. En 1325 l’hôpital St Mathieu
à la Chaîne donnait au chevalier Hubert de Bernalmont l’exploitation de la
grande veine de Sept Pieds contre redevance d’un panier sur cinq ou d’un panier
sur sept, suivant que l’exploitation du charbon était faite au-dessus ou en dessous
du niveau de la nappe phréatique.

Le
château a été détruit lors de la Révolution française. L’aile principale est reconstruit
fin du 18e siècle. De la ferme du château, il ne reste que la grange, devenu
club-house du golf. Les bâtiments s’élèvent dans un vaste parc planté
d’essences variées. Le château fut acheté en 1919 par la Grande Bacnure pour y
loger son directeur-gérant.  Le château avait
2 salles de bain.  L’ ingénieur qui
habitait au 50 rue Bernalmont, avait une salle de bain.  Au 134, rue des Petites Roches, la maison
d’un maître ouvrier était équipée d’une douche. 
Du 104 au 124 rue des Petites Roches, 3 pavillons de 4 logements
construits après la guerre pour y loger les mineurs italiens avaient un évier,
avec 1 robinet d’eau froide. Le dernier occupant du taudis humide du n°136 était
un mineur de nationalité grecque.

Le château a été acheté à l’époque pour
708.500 F. Cette même année la Grande Bacnure payait 43 maisons ouvrières entre
5 et 6.000 francs.

Après la fermeture du charbonnage le château
est abandonné et fut le cadre de deux incendies importants.

En 2012 Estate Merchant Investments en fait un
hôtel de luxe, à l’intérieur du golf. Les week-ends, grâce au golf, l’hôtel
arrivait à faire le plein de clientèle. En semaine par contre, ses couloirs et
ses lits restaient quasiment vides. La faillite est prononcée en automne 2014.

Une faillite un peu étrange, puisque les murs
sont restés la propriété des actionnaires Estate Merchant, et seulement les
éléments mobiliers ont servi à rembourser les créanciers.  En 2016 Merchant a obtenu un permis
d’urbanisme pour la rénovation du Château et le Golf Village I (un lotissement
de 10 terrains à bâtir et un bâtiment de 24 appartements, et le Golf Village II
(un lotissement de 10 terrains à bâtir et un certain nombre de terrains aptes
pour des appartements).

Ce projet a été abandonné. Tony Daenen, qui
représente Estate Merchant Investments  EMI et Golf Village aurait-il un lien avec un
certain E. Daenen, administrateur de la Société Immobilière Régionale
(SIR)  qui détenait un paquet de
charbonnages en liquidation et dont toutes les actions ont été repris par Patrick
Chalant, administrateur délégué  de
Valimo. Ca se pourrait que ces projets immobiliers refont surface un de
ces jours…

Sur le golf, face à l’entrée du château , les
tombes des puits BACNURE N°2 / GC. / 441 m / 1971, et du BACNURE N° 3 / GC. /
253 m /1971. 

cheminée d’aération Cloes

Lorsqu’en 1885, La Grande Bacnure prend le
statut de  « Société anonyme »,
son exploitation se fait à partir de son siège unique: la Houillère de Gérard
Cloes, qui cesse son exploitation en 1960. La Grande Bacnure arrête son
exploitation souterraine en 1971. La Grande et la Petite Bacnure ont été réunis
par un tunnel  en 1920 lors de la fusion.
Ce souterrain partait d’un étage inférieur du puits de la Petite Bacnure, à –
30 mètres, pour arriver à – 47 mètres au puits de Gérard Cloes, et aboutir à la
paire inférieure, à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut., où se situait le
lavoir et l’accès au chemin de fer. Les pierres résidus du lavoir retournaient
par un câble aérien
au-dessus du chemin de fer et par un
autre tunnel pour la mise à
terril.

En dehors de ces puits « récents »
il y a dans le coin un tas de puits historiques, comme le bur des Innocents,
déjà cité en 1748, dans la rue des Petites Roches. Dans le jardin du n° 137,
invisible de la rue, se trouve une pierre gravée : V B (Vieux Bur ) des
INNOCENTS / Grande Bacnure / 60 M / Date de Remblayage 1971. Un autre bur des
Innocents est à l’intérieur de l’actuel parc du château. Sur une carte de  1773 on retrouve encore un bur al Chavée, à
gauche en montant la rue H. Nottet.

En 1891 le charbonnage de la Grande Bacnure
construisit « aux Innocents » huit maisons pour y loger son personnel.

La Cité Gérard Cloes

Nous descendons la rue des petites Roches pour
prendre à gauche le sentier de la Cité Gérard Cloes. Un permis d’urbanisme
vient d’être accordé pour une série de logements le long de cette rue. Il y
avait là des petites maisons des mineurs qui sont toutes démolies. Il y avait
sûrement un raccourci vers la Rue Joseph Truffaut. Les mineurs italiens des
années 1950 et 1960 qui habitaient là avaient leur église ainsi que leur prêtre
(l’Abbé Collet) en bas. Et ce coteau bien exposé est un ancien vignoble.

document coll.sauvegarde terrils

Nous suivons un sentier qui au départ séparait
les terrils De Belle Vue et de Bernalmont. Nous nous rendons compte comment ils
se chevauchent. Les deux charbonnages se sont chamaillés comme des chiffonniers
et un géomètre est souvent intervenu pour déterminer lequel débordait sur
l’autre. En vain.

Le terril de Bernalmont est de forme conique
et digité, caractéristique des terrils chargés par l’emploi de skips, avec au
sommet un culbuteur et des glissières.  Son
volume est de 3.000.000 m3, sa hauteur est de 84 m, pour une masse de 4,9
millions de tonnes. D’une surface de 11,50 hectares, il fut chargé de 1920 à
1971.

Le terril de Belle-Vue a un volume de
1.300.000 m3 et une hauteur de 80 m.  Il
a été chargé jusqu’en 1968.  Il s’est
couvert naturellement de bouleaux, sauf ses versants sud-est et est qui ont été
plantés de robiniers. 

Depuis toujours, la population locale y a
accès.  Malgré les gardes et les
interdictions, on allait « cotch’ter », ce qui était un droit reconnu
par la coutume au même titre que le glanage. 
Depuis la fin de l’exploitation en 1971, se sont tracés des sentiers qui
permettent aux promeneurs de découvrir un espace nature avec une flore et une
faune particulières. Du sommet des terrils on a un panorama remarquable. Mais ses
sentiers n’ont aucun statut légal.  Le
Collectif de Sauvegarde des Terrils Herstaliens a demandé en 2020 d’officialiser
leur existence, ce qui, en fonction des articles 27 à 29 du décret du 6/2/2014
relatif à la voirie communale est de la compétence du Conseil communal.

Les deux terrils appartiennent à la SPRL
Valimo.be.  Je reviens plus bas sur les
projets immobiliers en cours.

photo E. Van Loo

Nous  faisons
un huit autour des deux terrils pour déboucher dans la rue de la Crête et le
GR412. Le 4/12 c’est la Sainte Barbe. Nous descendons la rue des Vignes et  la Rue Champs des Oiseaux qui était dénommée
précédemment chemin des Pucelles. Le bur ‘delle Pucelle’ était en fait la
houillère « de la Vierge Marie » exploitée vers 1700. Elle exploitait
la veine de charbon dénommée « Loup ». 

En descendant la Ruelle des Renards, la maisonnette
marquée au fronton ‘1923’ abritait le machiniste et le treuil de la mise à
terril du charbonnage de Belle Vue.  La
mise à terril se faisait par skips.  Un
skip est un wagonnet roulant sur la voie inclinée du terril, les roues arrière
étaient doublées de façon à produire le culbutage automatique du skips lorsque celui-ci
est arrivé au sommet.

Le Charbonnage de Belle-Vue et Bien-Venue

Nous rejoignons notre point de départ par le
piétonnier aménagé par Infrabel en compensation pour la suppression de deux
passages à niveau non gardées. La paire de Belle-Vue et Bienvenue se trouvait de
l’autre côté du chemin de fer, où se situe maintenant « La Marée ». Un
passage sous voie servait à transférer les inertes de Belle Vue vers le terril.
En 1930 les Charbonnages du Hasard, dont la concession se situait sur Cheratte,
Housse, Barchon, Cerexhe-Heuseux, Soumagne et Fléron reprennent Belle-Vue. Ses
deux puits se trouvent à 4 mètres du piétonnier. Sur la borne récemment rénovée
les chiffres 202002 – 202, le n° attribué par la Région Wallonne à la
Concession de Belle-Vue. Le N° 1 était le puits principal et le n°

2 puits
secondaire.  Le n°1 servait de puits d’entrée d’air et le puits n°2 de
retour d’air.  L’air, servant à l’aérage des galeries et des tailles du
fonds de la mine était aspiré et refoulé par des ventilateurs et acheminé dans
tous les recoins de la mine par un circuit de porte ouvertes et fermées. 
L’aération avait pour but d’amener de l’air frais là où travaillent les
ouvriers mineurs, mais aussi d’éliminer l’air vicié par le CO2 et  par le
grisou qui se dégageait des couches de charbon, en plus ou moins grande
quantité suivant le charbonnage.

Le Hasard cesse ses activités avec la
fermeture de Cheratte en 1977.

La ‘valorisation’ des terrils

J’espère que cette balade vous a convaincu du
rôle de ces trois terrils (avec la Petite Bacnure que nous n’avons pas arpenté)
comme poumons verts pour Herstal et Liège. Or, ces sites sont faiblement
protégés point de vue légal. 
Au départ, les anciennes zones charbonnières
étaient classées comme «zones d’activité
économique  industrielle
» dans les 23
plans de secteur, qui définissent les affectations du sol adoptés par le
fédéral en 1977 et repris par la Région wallonne en 1985.  En reprenant cette logique, la région wallonne décrète le 9 Mai 1985 la valorisation
des terrils
.


Catégorie A : les terrils qui ne peuvent pas être mis en exploitation;


Catégorie B, les terrils exploitables;


Catégorie C, les terrils qui semblent intéressants à exploiter, mais qui
nécessitent des investigations complémentaires.

Dans ce
classement, les deux terrils herstaliens se retrouvent en classe A,
avec la double mention “ZV“ “ZR“ (“Zone Verte“ “Zone à Rénover“),
c’est-à-dire « l’assainissement du
site
« , donc la modification ou l’enlèvement du terril, pour autant que
le terrain soit « reverdurisé« .

Photo M. Warnier

Aujourd’hui ils sont en Zone d’espaces Verts qui
garantissent le respect des valeurs biologiques (faune et flore). Ca ne pèse
pas très lourd. Pour le projet immobilier de la rue de la Crête cela veut dire
un mince couloir – clôture ! – qui relie le terril au parc de Bernalmont.
En 1995 le  Plan Communal
de
Développement de la Nature
(P.C.D.N.)  classe le terril de Bernalmont en
Zone centrale : c’est-à-dire un élément essentiel pour le maintien de la
biodiversité sur le territoire liégeois. Nous voyons
avec le permis d’urbanisme pour la rue de la Crête que cela ne gène pas trop un
promoteur immobilier: le permis prévoit une zone large de 10 mètres non-bâtie,
plantée d’arbres et clôturée, censé fonctionner comme zone de liaison
écologique pour la faune entre les trois terrils, via le parc de Bernalmont…

La Petite
Bacnure connaît
en 1969 un début d’exploitation de schiste
en tant que remblais. L’exploitation menée en dehors de toute règle de sécurité
ne survécut pas à un accident mortel survenu sur le chantier. Et en 1994  on propose de raser le terril de Bernalmont dans
le but d’étendre la superficie du golf.

En 1995 la région wallonne modifie son
classement de 1985. La Petite Bacnure, le Belle-Vue et le Bernalmont
qui étaient en classe A (terrils qui ne peuvent pas
être mis en exploitation)
se retrouvent en C (intéressants à exploiter, avecs investigations
complémentaires).
Ce sont les 3 seuls terrils classés
en C du bassin de Liège (au niveau
wallon, 175 terrils se retrouvent en catégorie A, 159 terrils en catégorie B et
4 terrils en catégorie C).
 

les 2 terrils en 1939 (expo de l’eau)

Le 29 juin 1989 le Conseil communal de Herstal
sollicite une modification du plan de secteur pour que la Petite Bacnure soit
classé en Zone Naturelle,.  Le Conseil
communal du 30 mars 1995 y ajoute Belle-Vue. Ces décisions, faute de suivi
administratif, sont restées sans réponse.

Quant au Bernalmont, situé sur Liège, le 06/02/1984,
son Collège échevinal demande un classement en Zone d’espaces Verts, sans la
mention « ZR ». Sans effet…

Le statut de société en liquidation 

La protection des terrils est rendu difficile
du fait que, c
ontrairement
aux autres sociétés anonymes, les charbonnages ne sauraient pas arrêter sec
leurs activités avant d’avoir remis leur concession à l’Etat. Cela remonte à la
Révolution française qui par la loi du 28 juillet 1791 substitue au «privilège exclusif d’exploiter » le
principe que « les mines et les minières
sont à la disposition de la nation
». Leur exploitation exige désormais une
concession. L’idée à la base est que ces concessions ne peuvent pas tomber en
désuétude et que ces couches de charbon restent inexploitées. Un siècle plus
tard  le 15 septembre 1919 la Belgique reprécise
les bases de la propriété minière: L’article 40 dit que l’exploitation d’une
mine n’est pas un commerce ; donc une société minière peut être en liquidation,
mais jamais en faillite. La liquidation ne peut être clôturée avant que la
concession n’ait été cédée (art 67).

C’est
pourquoi pas mal de terrils en Wallonie appartiennent à des charbonnages en
liquidation. En Campine tout ça a été réglé lors de la fermeture ; chez
nous on a fait des cadeaux à ces
sociétés en liquidation qui commencent par vendre à la petite louche les
terrains +- libres et les maisons. Ils vendent aussi massivement les stériles
des terrils comme matériau de terrassement. La plupart de nos terrils disparaissent
ainsi sous nos autoroutes.

Ces sociétés en
liquidation ont encore un petit staff pour gérer les dommages miniers.

Mais le stock de maisons
et terrains facilement vendables diminuant d’année en année, ces sociétés
boîte-aux-lettres ne permettent plus de valoriser les terrils et certains terrains.
C’est alors que
quelques spéculateurs commencent à racheter les actions de ces entreprises en
liquidation.

Les liquidateurs de la Grande Bacnure transfèrent ainsi
9 ha de terrains (3 terrils, le château, le parc et la ferme) dans la SIR. C’est
cette Société Immobilière Régionale qui lance en 1988 un projet de golf sur
Bernalmont, avec le soutien de la ville de Liège, la Région Wallonne (60% des
65 millions de BEF subsidiés) et La Maison Liégeoise. On peut se demander que
vient faire le logement social dans cette galère ? La maison liégeoise qui
peine à entretenir son parc immobilier (par exemple Droixhe) trouve des fonds
pour aider à installer ce golf qui se dit, au départ, démocratique. En 2009
la  Maison liégeoise construit 15
nouveaux logements (5 logements sociaux et 10 logements moyens) Lavaniste voie,
sur des terrains probablement acquis lors de cette opération.

Et en août 2019 le groupe TPalm obtient unpermis d’urbanisme pour 71 logements en Lavaniste Voie, juste à côté du golf.
Le promoteur dit agir pour le compte de la Maison Liègeoise. Le chantier est en
cours.

En 1990,
SIR prétend détenir à terme 4 millions de m2 de terrains, estimés à
273 millions de BEF.

2015 Valimo

Valimo réussit
en 2015 à remettre de l’ordre dans ce fouillis de sociétés parfois boîte aux
lettres qui se sont incrustées dans la liquidation des charbonnages et rachète
les participations des autres actionnaires.

A
la barre, Patrick Chalant, Associé-fondateur et administrateur-délégué de  VALIMO scrl et associé-fondateur de Bestvalue
sprl, et conseil en management depuis 2013.

Sur
son site il mentionne :

  • Préparation à la cession
  • Valorisation
  • Cession
  • Structuration financement développements et acquisitions
  • Valorisation d’un patrimoine immobilier de 240 Ha (Liège et
    Charleroi)

Rue des Petites Roches, Valimo construit sur le
bourrelet marginal du terril de Bernalmont. En 1961 celui-ci  avait été cerné d’une butte de terre
délimitant un périmètre de sécurité.  Les
déversements ont continué jusqu’en 1971 jusqu’à hauteur de cette butte. Bien
que considéré comme stable ce terril se tasse au fil des années si bien que sa
base s’élargit de quelques centimètres d’année en année.  Les propriétaires risquent donc de retrouver
le terril aux portes de leur veranda….

Sur le site de Valimo  Bernalemont (je suppose que c’est la dénomination cadastrale) et Belle-Vue  est mentionné pour 206.426 m² dont la majeure
partie en zone d’espace vert ; zone d’habitat en périphérie ; périmètre
site à réaménager (SAR).

Sur Liège, le terril campagne de Bernalmont
fait 9525 ca ; celui de la CITE GERARD CLOES, 19764 centiares + 39421 ca  de terrains rue des Petites
Roches.

Sur Herstal je découvre le nom de terril
Herbise (Hurbixhe, 19260 ca). Mêmes les ruines de la commande skip de la Ruelle  des Renards ne sont pas oubliés. Pour les
deux terrils il mentionne la Classification C : nécessite des
investigations complémentaires…

Documents

Maud
Verkindere,  « Les terrils à
Herstal », dans http://www.herstal.be/vivre-herstal/qualite-du-cadre-de-ville/renovation-urbaine/scema-directeur-de-renovation-urbaine/p1-situation-existante-.pdf
p.110

Philippe Frankard,  » Flore, végétation et
écologie des terrils charbonniers de la région liégeoise » mémoire de
licence 1984 au Département de botanique de l’Université de Liège. http://popups.ulg.ac.be/0037-9565/index.php?id=1729

https://ihoes.ideesculture.fr/index.php/Detail/objects/72822
Les archives de la Grande Bacnure de 1841 à1976. ont été confiées à l’IHOES en
1993, par son collège des liquidateurs, et temporairement entreposé à l’Athénée
d’Herstal. À la suite d’un début d’incendie dans le local où elles étaient
entreposées (sans qu’elles aient subi de dommage), les archives ont été
descendues dans les caves de l’établissement. En 2017, après une inspection des
pompiers l’Athénée exige que l’IHOES récupère le fonds qui avait fortement
souffert d’un dégât des eaux. Un tri a dès lors été effectué. L’inventaire
réalisé dans les années 1990 par Walthère Franssen, permet de se rendre compte
des manques par rapport au fonds initial.