le projet Gastronomia de Seraing au Mipim

Du 12 au 15 mars 2019 se tient à Cannes le
MIPIM, Marché International des Professionnels de l’Immobilier: c’est là que tu peux acheter une ville. Est-ce l’approche de cette
foire qui fait croire aux promoteurs que tout leur est permis ? Fin
février, le collège communal d’Oupeye remet un avis défavorable, à l’unanimité,
a un projet immobilier sur le site du Château Dossin, à Hermalle-sous-Argenteau.
Mais entre-temps, le propriétaire du site, Willemen Real Estate, abat des
arbres remarquables pour lesquelles il faut normalement un permis d’urbanisme. « Cette action a pu être stoppée grâce
à une intervention en urgence du Département de la Nature et des Forêts – DNF
dont nous avons une confirmation écrite »,
s’insurge l’ASBL Aresno, active
dans la défense du patrimoine. « La
Sa Willemen Real Estate garantissait pourtant, dans sa demande de permis, la
préservation de ces arbres qui sont maintenant au sol
« .

Des logements vides pour les gens à haute valeur contributive

Le projet n’est pas présenté à Cannes, mais il
est tout à fait représentatif pour ce qui s’y passe. D’un côté des promoteurs
sans foi ni loi, et de l’autre des villes qui se battent entre eux comme des
chiffonniers pour les attirer. Des promoteurs qui construisent des logements
pour les gens à haute valeur contributive. Au point où, alors que nous avons des
milliers de gens sur les listes d’attente pour des logements sociaux, des
logements haut de gamme restent vacants. 

Juste à côté du château Dossin, il y a déjà la résidence « Les jardins de Chazal », où 10 à 15% des logements sont en
permanence à vendre ou à louer. Il y a aussi la résidence Robinson à Visé, les
135 appartements du projet Meuse View, les 220 maisons et appartements du
groupe Horizon aux Pléiades, etc… soit environ 450 logements disponibles d’ici
environ un an ! Et on ajouterait 110 logements du château Dossin ?

Pourtant, il y a des
alternatives ! Le groupe CHC, propriétaire de la clinique en face, avait
même trouve en 2015 un investisseur spécialisé dans le domaine des soins aux
personnes agées, la société Lindbergh de Hasselt. Mais Oupeye préfère
clairement Willemen. 

Fillot pousse à fond Willemen

Laura et Julia Verhaegh, des squatteuses?

En novembre  2018,  le
bourgmestre Serge Fillot se prononce clairement pour le promoteur
(La Meuse du 19/11/2018): «actuellement,
ce château n’est pas vraiment habité mais plutôt squatté. Et il est dans un
état de grande vétusté. A tel point que lorsqu’un apéro festif a été organisé
dans le parc cet été, j’ai pris des mesures pour faire interdire l’accès au
château par mesure de sécurité. Au niveau architectural, ce château est plutôt
une grosse demeure bâtie en « faux vieux ». Elle n’a pas vraiment de valeur
patrimoniale. Il n’est absolument pas question de raser le château, Willemen
souhaiterait aménager des appartements. Le château serait rénové pour y
accueillir des logements de standing et, dans le parc, des bâtiments seraient
construits. De nombreux arbres du parc seraient préservés. Willemen veut en
faire quelque chose de bien. Et je ne vous cache pas que je vois d’un bon œil
ce projet d’abord parce que, si on n’y fait rien rapidement, le château va
tomber en ruines. Et seul un gros investisseur comme Willemen pourrait avoir
les fonds nécessaires pour le faire. Ensuite, il s’agit d’une zone que
j’aimerais voir densifier en termes d’habitat. Avec les voiries du Trilogiport,
l’accès à l’autoroute se fait en deux minutes. Il y a le RAVeL qui passe juste
derrière et qui permet de rejoindre rapidement le centre de Visé, sa gare et
ses écoles secondaires. On est tout près du centre commercial de Haccourt.
C’est vraiment l’endroit idéal pour développer l’habitat.
»

Serge Fillot dit que
le château est en ruine, mais ne dit pas que le promoteur a fait enlever
plusieurs corniches et tuyaux d’écoulement, avec la volonté de saccager le
bâtiment ! Et quant au squat, les deux filles Laura et Julia Verhaegh qui  ont occupé le château depuis 2015 pour en
devenir les gardiennes, avaient répondu à une petite annonce publiée par une
société immobilière belgo-hollandaise. C’est ces jumelles qui aujourd’hui mènent
un combat pour sa survie (DH 23/2/ 2019).

Le Château sur la liste de sauvegarde
du patrimoine de la Région wallonne

Le Château Dossin et
le parc figureraient, depuis novembre 2018, sur la liste de sauvegarde du
patrimoine de la Région wallonne.
Je suppose qu’il s’agit d’une
protection urgente d’un bien non classé. Comme une, la procédure de classement
est relativement longue une mesure d’urgence est prévue : l’inscription sur la
liste de sauvegarde. A la demande soit du Collège communal, soit du
propriétaire, soit de la Commission royale des monuments, sites et fouilles,
soit sur base d’une pétition, le Ministre peut signer un arrêté inscrivant le
bien menacé sur la liste de sauvegarde. Sauf urgence dûment motivée, l’avis
préalable de la Commission est requis. L’inscription sur la liste de sauvegarde
protège le bien pendant un an à dater de la signature de l’arrêté et tous les
effets du classement sont applicables durant cette période. Je n’ai pas
retrouvé qui est à la base de cette procédure. Je suppose qu’il s’agit de
l’ASBL Aresno, active dans la défense du
patrimoine.

Très souvent, cette inscription se poursuit
par une procédure en vue du classement (art. 193 du CoPat).
Je n’ai pas retrouvé le château sur l’IPIC, l’Inventaire du Patrimoine Immobilier Culturel , qui est en
cours d’actualisation pour Oupeye.

Un avis défavorable unanime avec une
motivation farfelue

Devant la mobilisation,
le collège communal d’Oupeye a remis fin février un avis défavorable, à
l’unanimité, à un permis d’urbanisme soumis à l’enquête publique. Mais ce
soi-disant refus est couplé à une prorogation le permis d’urbanisme de Willemen
Real Estate d’un mois. « À partir de
l’accusé de réception du 7 décembre dernier, le délai était de 115 jours. Nous
avons décidé de le porter à 145 jours, vu le grand nombre de réclamations. Il y
en a plus de 500 qu’il faut trier, mettre par ordre alphabétique et il y a
parfois des réclamations sans adresse ou sans signature
», explique l’échevin
Paul Ernoux.

Ce refus est aussi motivé
par des orientations urbanistiques adoptées par la commune pour le
réaménagement global de la zone. Et quand Fillot va global, il va loin !
En 2007, quand il était échevin de l’Aménagement du territoire, et que Chertal
avait été fermé une première fois, il a lancé un masterplan sur « l’île » formée par la Meuse et le Canal
Albert. Il englobait donc toute la zone qui s’étend entre Chertal et Loën. C’était
déjà à l’occasion du MIPIM. Je ne vois que deux îles dans le coin, et ce sont
l’île Robinson, et  l’île de Franche-Garenne, mais elles se trouvent dans
la Meuse.
Aujourd’hui il veut un méga masterplan pour
Chertal!

Monsieur Fillot, avant de parler d’un
giga-méga-masterplan pour vendre ta ville (et la ville de Visé avec) à Cannes,
lançons une commission d’enquête sur le bradage du Trilogiport (dont un des concessionnaires
est Jost, qui est au centre, depuis 2015, d’une enquête portant sur des faits
de dumping social et de traite d’êtres humains, avec certaines de ses filiales
roumaines et slovaques), et voyons où l’on en est avec La Foncière Liégeoise
d’ArcelorMittal !

 Voilà
donc ce qu’on peut attendre de la part de la commune d’Oupeye ! « Notre avis ne constitue pas la décision
définitive sur le projet mais veut faire entendre l’importance du développement
d’une vision cohérente, concertée et respectueuse de l’environnement pour
l’avenir de Hermalle
”, précise Paul Ernoux (CDH), échevin en charge de
l’urbanisme. La décision finale reviendra à la commune début avril.

Visé contre Oupeye

J’ai dit que Cannes
était une foire d’empoigne, où des villes se font la concurrence pour tirer les
faveurs de promoteurs (souvent) peu scrupuleux. Le collège communal de Visé a
rendu un avis défavorable dans une longue lettre adressée à son homologue
d’Oupeye . «Une décision prise à l’unanimité.
Beaucoup de citoyens de Visé mais aussi de Haccourt et Hermalle nous ont
interpellés car il faut savoir que c’est un lieu de promenade très fréquenté
par les habitants de Hermalle et des alentours
», explique Xavier
Malmendier, échevin de l’Urbanisme à Visé.

« Nous sommes choqués par le collège communal
visétois qui parle d’une urbanisation débridée sur Oupeye»
, indique Paul Ernoux, échevin de l’Urbanisme à
Oupeye. « Dans d’autres dossiers
immobiliers à Visé, comme par exemple les Pléiades à Devant-le-Pont, Oupeye ne
s’est pas prononcé lors de l’enquête publique et n’a pas émis de remarques
négatives
 ».
Pourtant, la Ville de
Visé avait déjà adressé un courrier au Collège communal d’Oupeye sur ce projet
en mars 2008, en août 2009 et en 2010 dans le cadre des projets précédents. Ce
courrier n’était donc pas une surprise.

Serge Fillot qui se
prétend le plus Visétois des Oupeyéns trouve que « Visé ne doit pas dicter la politique urbanistique d’Oupeye. Pourquoi
pas organiser une réunion entre collèges oupeyén et visétois deux fois par an
au sein de l’asbl Basse-Meuse Développement dont je suis administrateur-délégué
».

Je n’ai pas
(encore)poussé plus loin mon enquête sur Willemen ; je signale juste qu’il
s’est porté candidat pour déposer une offre dans le cadre du développement du
projet Gastronomia rue Cockerill et place Kuborn à Seraing, en partenariat avec
Thomas & Piron, Dyls Construct, I-Magix, et Gehlen Immo.

Un parc arboré, avec ses grandes allées ornées de massifs
fleuris, ses arbres centenaires

je ne sais pas dans quel contexte a été fait ce film, mais ça donne une idée de ce parc arboré, avec ses grandes allées ornées de massifs fleuris, ses arbres centenaires, un magnolia gigantesque, de la verdure ondoyante d’un vert magnifique, la beauté éclatante du château, une vision de paix et d’harmonie qui fait rêver:
https://www.youtube.com/watch?v=f2bMskhWGuQ&feature=youtu.be&fbclid=IwAR1TFSJFIO7kvQhLt_iY2_7VP__OATE_8jcNLdCFmHP2poT_nG1dNZW1W1w