Léonard Defrance, révolutionnaire liégeois, pionnier de la peinture d’inspiration sociale, ostracisé pour le ‘demontage ‘ de la cathédrale Saint-Lambert.
![]() |
Bonaparte peint par David Saint Lambert –déjà démontée à l’époque – en arrière-plan. |
approche de la Révolution liégeoise, j’ai choisi de partir de quelques figures
marquantes, même si une révolution n’est jamais fait par un individu, mais par
les masses, les classes. Le sujet de ce blog est le révolutionnaire liégeois
Leonard Defrance, un grand peintre et un pionnier de la peinture d’inspiration
sociale. Defrance a été ostracisé pendant un siècle. Il est pour certains le
pire des Liégeois que la terre ait porté. Les révolutionnaires liégeois ont
‘demonté ‘en 1793 la cathédrale Saint-Lambert. Defrance y a joué un rôle
important, mais il n’était pas à Liège au moment où la décision de principe est
tombée.
Résumé
« Société d’Emulation » où le peintre Léonard Defrance rencontre J-J
Fabry et J-N Bassenge. Tous les trois joueront un rôle clef dans la révolution
qui couve.
Spa dévient un détonateur. Léonard Defrance
est l’auteur du « Cri général
du peuple liégeois », qui dénonce cette affaire. Le 14 juillet 1789, la bastille est prise à
Paris, l’effervescence grandit à Liège. Le 18 août, l’hôtel de ville est envahi.
Deum est chanté à la cathédrale Saint Lambert « en honneur de
l’anniversaire de la révolution ». Les révolutionnaires sont à mille
lieues de songer qu’ils détruiront cette cathédrale … Et que la fin de leur Binamêye revolucion est si proche.
Prince-Evêque. Les révolutionnaires Liégeois s’exilent. La France
révolutionnaire bat l’Autriche à Jemappes le 6 novembre 1792. Liège décide en
février 1793 de démonter sa cathédrale. Les opérations sont interrompues par le retour des Autrichiens. Au retour des Français en 1794 la démolition de Saint-Lambert est mise de
nouveau à l’ordre du jour. Une commission s’occupera de la démolition, avec Defrance
comme président.
à la ville de Liège la propriété de l’emplacement de la cathédrale. La place
Saint-Lambert devient un trou de mémoire. Aujourd’hui encore
le fouillis inextricable de l’Archéoforum en dessous de cette place est un
véritable trou de mémoire.
l’ami de la liberté, proscrit et persécuté. Mais la réputation du peintre se
ternit avec Jules Helbig, Gustave Francotte et Théodore Gobert. Les expositions artistiques de Liège de 1881,
1893 et 1905 réhabilitent Defrance. En 1945 l’échevin communiste Paul Renotte le
relance dans le cadre du projet d’un Musée d’Art Wallon.
Defrance publie le « Cri général du peuple
liégeois »
![]() |
L’Emulation aujourd’hui |
Léonard Defrance est né en 1735. En 1763 il devint professeur à
l’Académie de Liège fondée par le prince-évêque Velbruck. En 1779, Velbruck institue la « Société d’Emulation » où notre peintre rencontre Jacques-Joseph Fabry et Jean-Nicolas
Bassenge, qui joueront un rôle clef dans la révolution qui couve. En 2013 le « Théâtre de la Place » prendra ses quartiers dans le bâtiment,
entièrement rénové, de la Société Libre d’Émulation, pour désormais devenir le
« Théâtre de Liège ».
successeur Constantin-François de Hoensbroeck considère « l’Emulation »
comme une propagande philosophique. Il ferme l’Académie et démet Léonard
Defrance de ses fonctions. Il ferme aussi une maison des jeux de Spa qui
ne respectait pas le monopole du Prince-Evêque sur les jeux. L’affaire des jeux
de Spa va prendre une ampleur inattendue. Léonard Defrance est avec l’abbé Thomas-Joseph Jehin l’auteur
du « Cri général du peuple liégeois »,
qui met en cause le prince et plusieurs chanoines dans l’affaire des jeux de
Spa. Pour éviter l’arrestation, Jehin se réfugie au duché de Limbourg où il se croit en sécurité. Violant la territorialité du Limbourg, donc des
Pays-Bas Autrichiens, le procureur-général Freron et quelques hommes armés
viennent l’arrêter, l’emmènent à Liège à la prison Saint-Léonard où il est
enfermé dans une cage en fer avec comme voisins un ancien officier devenu fou
et une pauvre vieille femme incarcérée depuis 10 ans.
provisoire invitera le 20 septembre 1794 la municipalité à prendre rapidement
des mesures pour la démolition de Saint Lambert.
« lettres » de son ami Bassenge que le prince essaye de saisir. La
nuit, les patriotes transportent leurs imprimés au domicile privé de Defrance,
rue du Péry (rem. HH Defrance a habité effectivement à l’ancienne infirmerie du Couvent des Minimes,
Au Péri 6 ; mais il a acquis ce bâtiment après la révolution, comme bien
national confisqué).
entre le peuple et le pouvoir que la famine menace après le rude hiver de
1788-89. Léonard Défrance et ses amis lancent, au début de 1789, «L’avant-coureur», un journal qui exprime
d’énergiques revendications à l’égard de Hoensbroeck. L’imprimerie Urban, à
Tignée, est saccagée par des hommes du Prince. Suite à cet acte de brigandage et
de provocation, des émeutes éclatent dans tout le pays.
l’effervescence grandit à Liège. Le matin du 18 août, l’hôtel de ville de Liège
est envahi. Le 28 juillet 1790 a lieu l’élection des Conseillers où Defrance
est élu.
Deum est chanté à la cathédrale Saint Lambert « en honneur de
l’anniversaire de la révolution ». Les révolutionnaires sont à mille
lieues de songer qu’ils la détruiront un jour… Et que la fin de leur Binamêye revolucion est si proche. Fin 1790, les Autrichiens ramènent
le Prince-Evêque sur son trône. Le 11 janvier 1791, les principaux chefs
révolutionnaires Liégeois doivent s’exiler, la plupart en France où ils se
réunissent en un « Comité des Belges et Liégeois unis ».
le 20 avril 1792 l’Assemblée nationale législative française déclare la guerre
à Autriche. 150.000 Prussiens et Autrichiens, joints par 20.000 émigrés
français, pénètrent le 12 août sur le territoire français. Mais ils ne rentrent
pas dans la France révolutionnaire comme dans du beurre : Dumouriez les bat
à Jemappes le 6 novembre 1792 et entre à Liège le 28 novembre
1792.
tous les habitants âgés de 18 ans et plus élisent 120 députés dans une
Convention Nationale liégeoise qui devient le 3 janvier 1793 l’administration
centrale (ou générale) provisoire du ci-devant pays de Liège.
le 19 février 1793 la décision de démonter la cathédrale. « La proposition d’abattre la cathédrale, pour effacer tout vestige de la
tyrannie ecclésiastique dont le pays a tant souffert, est acceuillie avec la
joie la plus vive et décrétée à l’unanimité (Bulletin du déppartement du pays
de Liège et de la Belgique, 1793, N°7, p.33). On soupçonne que l’auteur de la
proposition est Lambert Bassenge, frère de Jean-Nicolas Bassenge http://perso.infonie.be/liege06/12douze05.htm.
publics chargé de la démolition est créé, mais les opérations sont brusquement interrompues par le retour des
Autrichiens à Liège au début du mois de mars 1793, après la défaite deNeerwinden. Je n’ai pas réussi à déterminer si Defrance a rejoint Liège pendant
cette première occupation française. Un article de MARTINE DUBUISSON nous apprend qu’« au rythme du duel
franco-autrichienne de prises et reprises de la ville, Léonard Defrance balance
entre l’exil et le retour, entre la vie cachée et publique, entre l’élection au
conseil liégeois et la fuite à Paris. Girondin, il connaît à nouveau la
clandestinité à la chute de ses amis. De retour à Liège après Thermidor, il
abandonne pratiquement la peinture pour se consacrer à la gestion de la ville,
en tant que membre de l’assemblée liégeoise et responsable de la politique
culturelle ». Cette ‘balance entre l’exil et le retour’ ne tranche pas
la question. Mais au moins l’article
en question ne fait pas l’amalgame comme le fait l’historien Helbig qui ne porte pas la
révolution dans son cœur. Helbig situe l’exil de Defrance en 1793 seulement,
lors de la seconde Restauration : « Les troupes impériales ramenèrent le prince-évêque à Liège. La
municipalité révolutionnaire prit la fuite, et avec elle Defrance, qui n’était
pas des moins compromis. Quittant Liège en toute hâte le 5 mars 1793, il
se réfugia à Paris, où se trouvaient déjà un groupe de ses coreligionnaires
politiques. Mais ces hommes qui avaient soufflé la haine et la discorde dans
leur propre pays ne purent s’entendre entre eux dans l’exil. Defrance ne
trouvant pas le séjour de Paris assez sûr, chercha un asile à Charleville. Quant
à la démolition de la cathédrale, l’arrivée triomphante des armées impériales
trois semaines plus tard, ne permit point alors de mettre la décision à
exécution. Il fallut attendre la seconde invasion des troupes républicaines le
28 juillet 1794 » (Jules Helbig, La peinture au pays de Liège et sur les bords de la Meuse,
Liège, Imprimerie liégeoise Henri Poncelet, 1903, pp. 460 et suiv.).
restauration de 1791.
1794 : la démolition de
Saint-Lambert de nouveau à l’ordre du jour.
![]() |
Il faut attendre le
retour des Français à Liège en 1794 pour
que la question de la démolition de Saint-Lambert soit de nouveau à l’ordre du
jour. Dès le 3 août 1794, le
commissaire-ordonnateur Vaillant invite la municipalité de Liège à faire
enlever dans le plus court délai tout le plomb qui est sur l’église
Saint-Lambert « pour faire des
balles pour exterminer les satellites des tyrans ».
mémoires: « J’arrivai à Liège le 23
[thermidor an II – 10 août 1794]. Déjà l’on enlevait le plomb du toit de la
cathédrale » (Gobert, 1905, p. 193).
l’Administration centrale provisoire discute deux projets étroitement liés dans
leur portée symbolique, le rattachement à la République française et la
démolition du « repaire des oppresseurs,
du monument d’orgueil et d’hypocrisie ».
son détracteur Théodore Gobert: Si tant d’édifices ou travaux d’art apparaissent
défigurés, sont dépourvus d’armoiries, leurs actes de naissance, de bas-reliefs
ou d’autres ornements artistiques, à Defrance revient la responsabilité
d’avoir, le 24 septembre 1794, provoqué ces destructions, par la proposition
ci-après, écrite entièrement de sa main :
« Je demande qu’il soit arrêté
que tous les signes féodaux et les armoiries, inscriptions féodales dans toute
l’étendue du ci-devant pays de Liège, soient anéanties aux édifices publics,
aux poteaux de juridiction, aux maisons religieuses, aux châteaux et maisons
particulières, le tout sous l’inspection des municipaux des communes où ces
signes sont existants, à peine d’être traités comme suspects ».
novembre 1794 la création d’une commission pour s’occuper de la démolition. Le
citoyen Simonis, maître-fondeur, demandait qu’on l’autorise à descendre les
cloches de Saint-Lambert.
président. Dans son premier rapport, Defrance évoque « ce monument de l’orgueil et de l’intérêt qui
va, j’espère, rentrer dans le néant d’où il n’aurait jamais dû sortir. Quelle
immense extension d’idées, ce vaste monument des prêtres doit nous donner, si
nous portons nos réflexions sur l’idée primitive de la religion: le fils d’un
charpentier prêchant la pauvreté, l’humilité, le pardon des fautes, disant que
son royaume n’est pas de ce monde. Si les tyrans séculiers avec leurs
satellites ont fait bâtir par la force, des bastilles pour nous tenir sous le
joug, les prêtres plus adroits, ont fait construire des bastilles d’un autre
genre pour enchaîner la raison: ces bastilles de l’Église, c’est là et par là
qu’ils ont dominé impérieusement sur l’espèce humaine » (Gobert, Liège à travers les
âges : les rues de Liège).
l’état de la situation : 298.200 livres de plomb et 44.818 livres de
cuivre et de bronze ont déjà été livrées à la République. Par ailleurs, les
commissaires de la République ont saisi les colonnes qui supportaient le jubé
et l’entablement du maître-autel, les ornements précieux des chapelles, le
tableau du grand autel, et trois autres tableaux provenant des chapelles. Une
partie des matériaux récupérés est utilisée pour la réparation des maisons
incendiées d’Outre-Meuse et du quartier d’Amercœur.
ouvert pour répondre à la délicate question de la place mise à nu: construction
d’une place octogonale, ronde, carrée avec des galeries… Defrance y déposa le
sien et mérita un accessit. C’est l’artiste Joseph Dreppe qui obtint le prix de
400 livres. En 2013 on discute à Liège toujours sur la destination de l’espace
Trianon, pierre angulaire de trente ans de travaux sur la place Saint Lambert…
vente publique du mobilier de la cathédrale : tableaux, sculptures, orgues,
manteaux des tréfonciers, vêtements sacerdotaux, livres liturgiques, mausolées,
pavements, autels… au profit de la République.
![]() |
reconstruction du choeur en 2000 |
Le 23 juillet 1795, la
grande tour, mise en adjudication, est démolie. Il reste à abattre les pans de
murs. Après une grève des ouvriers pour des raisons salariales, en octobre
1795, le gros œuvre de la démolition est achevé, mais un hideux squelette
défigure la ville et des monceaux de débris encombrent l’endroit, et cela pour
longtemps.
Bonaparte offre à la ville de Liège la propriété de l’emplacement de la
cathédrale, les matériaux de cette dernière étant abandonnés aux Liégeois. La
ville fut confrontée à un cœur devenu un vide. L’historien français Michel
Vovelle qualifiera la place Saint-Lambert de trou de mémoire. Un élan aux travaux
de déblaiement fut donné en 1808, lors du second passage de Napoléon à Liège,
choqué par le délabrement de la place qu’il avait découverte lors d’une
première visite en août 1803
le Conseil municipal adoptait le plan de rénovation d’un architecte bruxellois qui
comptait aménager une place Napoléon le Grand, garnie d’une statue de
l’empereur. Mais la défaite de Napoléon arrête ces projets. C’est seulement le
26 juin 1827 que le Conseil de Régence baptisa officiellement ce lieu, qui était
une cicatrice de l’histoire, place Saint-Lambert. Aujourd’hui le fouillis inextricable de l’Archéoforum en dessous de la place Saint-Lambert
est un peu à l’image de ce débat sur l’affectation de ce ‘trou de mémoire’. Comme
si cela ne suffisait pas, plusieurs campagnes de fouilles remuent les
fondations, à partir de 1898, lors de la pose d’un égout.
En 1907 nouvelles fouilles, suite à la pose d’une conduite
de gaz. Une dalle en béton est alors posée en appui sur les fondations de la
cathédrale une « crypte archéologique »
accessible au public par une trappe. Entre 1977 et 1984, une campagne de fouilles sur un site étant alors voué à une destruction totale
par l’implantation de parkings et d’un réseau d’autobus souterrains. En 1990,
un ultime sauvetage archéologique. Le projet Archéoforum vit le jour en 1995, à
l’issue des fouilles. En 2003,
l’Archéoforum fut inauguré.
1797 : premières attaques sur
Defrance
![]() |
Defrance autoportrait |
Aux
élections du 21 mars 1797, Léonard Defrance n’est pas été réélu membre de
l’Administration centrale. Il est attaqué par De Chestret qui demandait ouvertement des comptes à
Defrance. Defrance avait encore fait son portrait en 1788, in tempore non
suspecto.
enfants. Mao dit ‘un se divise en deux’. Toute révolution est portée par
différentes forces qui, une fois l’ennemi commun défait, se divisent
inévitablement sur les objectifs de la révolution.
exilés se tournent de plus en plus à la France. Chestret lui se retire à
Ruremonde, s’obstinant â tout regarder « à travers une lunette prussienne». Les
proscrits liégeois reparurent à la suite du vainqueur de Jemappes; Chestret
rentra aussi, et fut élu suppléant à la convention nationale liégeoise. Mais il
était suspect de modérantisme ; il dut donner sa démission. A la seconde
Restauration, au lieu de s’exiler en France en 1793, il alla s’installer à
Bruxelles, territoire de l’Empire, où il avait des contacts assez intimes avec
le ministre Metternich.
mit sur les rangs pour la législature où il essuya un échec, comme Defrance
(Mémoires du citoyen Chestret, an V, in 8°). Mais probablement pour des raisons
opposées.
j’aurais tendance à inscrire la contradiction Defrance- Chestret dans le même
cadre.
sièges, au profit de la droite royaliste. Les bandes de la Terreur blanche font
des représailles contre les acquéreurs de biens nationaux. Avec le coup d’État
du Directoire, les élections de germinal sont annulées dans 49 départements
(177 députés sont invalidés).
l’administration centrale réclamait le registre destiné au matériel de la
démolition de la cathédrale à un Defrance incapable de le produire.
menaçait Defrance. Le 25 février 1802 Defrance sera suspendu de ses fonctions
de membre du Conseil communal de Liège, officiellement ‘pour raison de santé’.
Gobert fait de Defrance un profanateur, destructeur d’un
édifice religieux et de la patrie, vulgaire collaborateur, valet de l’étranger
de l’histoire liégeoise. Pour certains, c’est un grand patriote. Mais pour
d’autres, c’est “le pire des Liégeois que la terre ait jamais porté”. On lui
met dans ses basques la démolition de la cathédrale. Or que Defrance arrive
seulement à Liège «alors
que l’on enlevait le plomb du toit de la cathédrale » (c’est son
détracteur Gobert qui le dit). C’est une époque où l’on vend
des dizaines de bâtiments tout à fait comparables à Saint
Lambert pour récupérer des matériaux, simplement parce que ces bâtiments
étaient devenus inutiles témoins d’une époque révolue (cfr blog). Les Français ont
détruit la Bastille comme symbole de l’Ancien Régime, les Liégeois font pareil,
ils détruisent un symbole.
1797 Defrance n’avait pas été réélu, suite à une campagne réactionnaire. Selon PhilippeRaxhon, ses premiers biographes le décrivent comme le
constant ami de la liberté de son pays, proscrit et persécuté, comme Mathieu
DELVENNE dans sa « Biographie du royaume des Pays-Bas, ancienne et
moderne » de 1828.
dernier tiers du xixe siècle. Les élections du 2 août 1870 donnent à la Chambre
une majorité de catholiques et même une majorité
absolue en 1884. Les pourfendeurs de Defrance s’appellent Jules Helbig, Gustave
Francotte et Théodore Gobert.
![]() |
image wikipedia |
yeux de Théodore Gobert, Defrance est repoussant pour trois raisons. Il est un
profanateur, un destructeur et d’un édifice religieux, et de la patrie. Il se
révèle être un vulgaire collaborateur d’un occupant, l’auxiliaire, l’homme de
paille, le valet de l’étranger. Enfin Defrance est un voleur car les avantages
pécuniaires retirés de cette affaire furent considérables.
l’absence de réaction de la population liégeoise à la démolition : « quant à la bourgeoisie et au petit peuple,
ils ne s’émouvaient en rien de ces spoliations et de ces crimes
anti-artistiques ».
l’avocat Georges Petit, rexiste liégeois notoire, insiste en 1938 sur le
caractère génétique pour expliquer le cas Defrance : « Pauvre sire que ce peintre-là. Dissolu dans
ses mœurs au point de s’en vanter lui-même, haineux, méchant, dépourvu de
scrupules, il fut à vrai dire, la victime d’un lourd atavisme. Son grand-père
étant un défroqué, son père un être bizarre ».
1893 et 1905 réhabilitent Defrance. Le public apprécie ses tableaux (dix-huit
tableaux en 1881 ; vingt-trois peintures, deux dessins et une gravure en 1905).
Et même Gobert doit faire profil bas et reconnaître que « nombre de ses
œuvres sont marquées au coin d’un réel cachet artistique » (Gobert, 1905,
p. 145).
Léonard Defrance fut Jules Bosmant. Selon Bosmant, Defrance est un précurseur
de l’art social tel qu’il nourrira la pensée socialiste à la fin du xixe siècle
en Belgique Defrance annonce Meunier dans la mise en scène de l’humble
travailleur.
communiste Paul Renotte fera beaucoup pour mettre en avant Defrance, dans
le cadre du projet d’un Musée d’Art Wallon.
Biblio
autres blogs sur Defrance :
Léonard Defrance et Saint Lambert : profanateur ou administrateur de recyclage
d’un ‘bien national’
couleurs : pionnier des maladies professionnelles http://hachhachhh.blogspot.be/2013/10/leonard-defrance-sur-les-broyeurs-de.html
principalement sur Philippe Raxhon à qui doit «La révolution liégeoise de 1789
vue par les historiens belges» et «La mémoire de la révolution française entre
Liège et Wallonie» http://archives.lesoir.be/les-vestiges-de-la-periode-revolutionnaire-francaise-en_t-19960410-Z0AY60.html
Raxhon sur le même sujet http://tresordeliege.be/2012/03/07/cathedrale-notre-dame-et-saint-lambert/4/
suivantes au cours de mes recherches. Ca ne veut pas dire que j’ai tout lu.
Gobert, Liège à travers les âges : les rues de
Liège, Editions Culture et Civilisation
Mémoires, Liège, 1980
L’œuvre peint, Liège, 1985
avec e.a . Gobert et des extraits de Helbig
Historiographie de deux épisodes de la Révolution liégeoise. La destruction de
la
1987, p.47-75.
dans le catalogue de l’exposition « La Révolution liégeoise de 1789 »,
Crédit communal, 1989, p.89-98.
cathédrale Saint-Lambert de Liège, dans La
Révolution?, Bruxelles, 1989, p.145-172.
Histoire d’un nivellement, mémoire d’une
Traces-Sens-Identité. Etudes et
la Région wallonne, 2000, p. 52-94.
Liège, dans « La cathédrale gothique
contexte », sous la direction de Benoît Van den
Archéologiques de l’Université de Liège, 2005, p.
Œuvres de Defrance
tabac.
A l’archéoforum il y a une reconstitution de la cathédrale St Lambert. Elle
mesurait 96m sur 40m. La flèche de la grande tour orientale culminait à 130m.
Mes autres blogs sur la révolution liégeoise
1792-1808 Gosuin révolutionne l’armurerie à Liège
A l’occasion du bicentenaire de la mort de Grétry