Médecine pour le Peuple Herstal organise  tous les deuxièmes dimanches du mois une
balade santé. Rendez-vous à 10h à la maison médicale avenue Ferrer 26 à
Herstal. Notre balade au Hemlot nous fera découvrir un paysage splendide avec
l’étang des nénuphars, le petit canal du Hemlot, une écluse, deux îles (île Aux
Corbeaux et île de Franche-Garenne), l’usine de Chertal (sous cocon),  une gravière de 5 hectares, et le chantier du
Trilogiport.
On l’a déjà fait en 2014, le lendemain du bal
de MPLP. Ce qui explique qu’on n’était pas très nombreux. Une raison suffisante
pour la reprendre.
Mais une autre raison est la friche de
Chertal. Le Train à Larges Bandes resterait sous cocon, mais on libérerait le
reste du site pour des nouvelles activités économiques. C’est une occasion
rêvée pour relancer deux brulôts. Premièrement la libération du chemin de
halage que nous longerons lors de notre balade. Déjà à l’époque où Chertal
était en activité, ce chemin débouchait derrière le corps de garde de l’usine :
une situation inconfortable pour le promeneur. Le corps de garde est sur le
territoire de Herstal, ce qui me permet de tenir ma promesse d’avoir au moins
100 mètres de mes balades sur le territoire de Herstal.
Mais lors de la mise sous cocon de l’usine, ce
chemin a été barré par des barbelés biens coupants, d’une manière illégale,
puisque ces chemins appartiennent aux Voies hydrauliques du Service public de
Wallonie. C’est l’occasion ou jamais de recréer ce passage entre Hermalle sous
Argenteau et le pont de Wandre. Et puis, nous longeons des merlons énormes de
terres dont un peut espérer qu’elles ne sont pas trop pollués.
Une deuxième raison est liée directement à la
survie du Hemlot. Cet ancien bras de Meuse s’ensable. Cet ensablement n’a rien
à faire avec la construction de Chertal, mais est lié à la démolition du
barrage de Hermalle. En 1998, la Direction des voies hydrauliques de a fait démonter les structures du barrage à aiguilles d’Hermalle et de l’écluse qui avaient été
fortement endommagés par les crues de 1993 et 1995. De ce fait, le niveau de la
Meuse entre le pont-barrage de Monsin et 
le barrage de

Lixhe se trouve en dessous du niveau du Hemlot qui n’étant
plus alimenté, s’ensable. A l’époque, le comité des riverains a eu des contacts
avec le directeur de Chertal pour amener de l’eau du canal Albert dans le
Hemlot, via une conduite passant par Chertal. Ce projet n’a pas abouti suite
entre autres des contraintes de passage d’un charroi très lourd. Aujourd’hui on
pourrait créer cette liaison avec le canal Albert. Eventuellement sous forme
d’un parcours d’eau vive pour la pratique sportive du kayak. L’idée avait déjà été
lancée à l’époque, entre Lanaye et Visé. Pour ce qui me concerne, on peut aussi
y installer une mini centrale électrique hydraulique. Il y a un budget aujourd’hui
pour créer des capacités stratégiques, pour éviter un lock out. On pourrait
lancer cette centrale à la demande. Peu importe, à partir du moment où le
Hemlot reçoit de temps en temps une bonne dose d’eau, comme une chasse.

Bref, nous sommes avec notre balade en plein
dans l’actualité. Ceci dit, rassurez-vous : ça reste une (belle) balade et
pas une manifestation !

Le trajet

On démarre Place Gérard Froidmont, à
Hermalle-sous-Argenteau, devant l’église, pour longer la Meuse (Avenue E. Remy,
quai du Franche Garenne, rue du Hemlot. Nous rejoignons via un terrain de foot
abandonné la rue du Tilleul et via la rue Fachard la gravière que nous quittons
via la rue de Résistance pour rejoindre notre point de départ.

Préparez vous à des sensations fortes !

Il y a des cormorans. En Chine, la pêche au
cormoran est une méthode de pêche traditionnelle dans laquelle les pêcheurs
utilisent des cormorans dressés à pêcher en eau douce. Les pêcheurs posent une
ligature à la base de la gorge qui les empêche d’avaler les plus gros poissons,
mais laisse passer les plus petits. Les cormorans sont libres, et reviennent
d’eux-mêmes au bateau.
S’il faut croire les pêcheurs, on y trouve
même une silure, un poisson carnassier d’un mètre de long,  avec une gueule énorme ; des tortues
californiennes qui cassent une  branche
d’un coup de bec, des kois, des grenouilles bizarroïdes, des esturgeons… Les
pêcheurs sont une tribu chez qui exagérer n’est pas mentir… Ils accusent les gens
qui ont des étangs d’évacuer leurs poissons dans le Hemlot quand ils en ont
assez.
  des silures au hemlot ?
Pour nos pêcheurs, les nénuphars aussi sont un
problème. Christian Lamury, le président de la Fédération des pêcheurs de la
Basse-Meuse : « Si rien n’est fait
pour la sauvegarde du lieu, d’ici 5 ans, ce ne serait plus trois points d’eau
qu’on trouverait dans l’ancien bras de la Meuse, mais une plaque commémorative
disant : Ici, se trouvait le Hemlot, réserve naturelle

exceptionnelle…
Disparue
 ». Lamury  explique pourquoi
ils  fauchent les nénuphars: “ Il n’y a pas moyen de jeter une ligne sans
qu’elle s’emberlificote dans les plantes. Et comme la vase a tout envahi, il ne
reste guère de hauteur d’eau. On faucarde mais sans couper leurs rhizomes
car ils sont protégés. Et nous ne pouvons dégager que 30 % du Hemlot car le
site est classé Natura 2000 et la Division Nature et Forêt de la Région
wallonne veille à ce qu’il reste à l’état naturel.

Jean-Noël Schmitz, secrétaire de la Fédération
des pêcheurs de la Basse-Meuse : « Le
dernier désenvasement a eu lieu dans les années 80 et avait coûté un million de
francs belges… mais depuis plus rien. Or, il y a une perte de 15 cm d’eau par
an avec l’envasement. Si rien n’est fait, cela risque de devenir rapidement une
prairie humide
« .
En 2011 des travaux de désenvasement ont été
promis dans le cadre de travaux compensatoires pour la quatrième écluse de
Lanaye. Promesse d’ivrogne ? Promesse de Michel Daerden !
Et il y a des castors dans la gravière, avec
« des arbres qui tombent comme des
mouches
 ». Dommage pour nos pêcheurs que ces castors ne se nourissent pas de nénuphars!

Un contraste saisissant entre les étangs du Hemlot et la
friche de Chertal

Notre balade suit d’abord le chemin de halage,
jusqu’aux étangs. Là, le chemin continue le long de la Meuse, mais est bloqué un
kilomètre plus loin par le corps de garde de Chertal. Il manque vraiment un
tout petit bout pour atteindre le pont de Wandre. Construit entre 1985-87 par Grreisch, le pont était déjà classé monument du patrimoine
historique majeur de Belgique.

Nous contournons le dernier étang. A notre
gauche des merlons de laitier de Chertal, dont l’accès est rendu difficile dans
la cadre de la mise sous cocon.  Le
contraste entre les étangs du Hemlot et la friche de Chertal est saisissant. Même
si l’Espérance-Longdoz, société mère de Chertal, a montré du cœur pour le
Hemlot quand on a construit

Construction de Chertal

l’usine. En 1963 Aves  remercie plusieurs hautes personnalités de l’Espérance pour leur sensibilité
pour l’intérêt biologique et leur promesse de reconstituer les étangs comblés.
Aves obtient la création d’une station ornithologique à l’intérieur même de
l’usine. En 1992 on appelle Chertal l’hôtel pour cormorans et on y compte jusque
1000 têtes !

Chertal a été construit sur le canal Albert
par l’Espérance Longdoz, en réponse à son concurrent Cockerill- Ougrée qui
s’était associé avec Arbed pour construire Sidmar sur le canal Gand- Terneuzen.
Un demi-siècle plus tard Mittal reprend le projet Apollo de fermeture des sites
continentaux. Il doit néanmoins accepter une mise sous cocon. Il y a donc un
chapitre encore à écrire. Je ferai prochainement un blog sur la construction de
Chertal. Je mentionne juste que la construction de Chertal a bouleversé
complètement le site, en rehaussant de 5 mètres le niveau de départ. Ce qui
explique les infiltrations d’eau dans les caves du train à larges bandes.

Des abris de la de la position fortifiée de
Liège en mai 1940

On n’est plus dans la commémoration des
tranchées de 14-18 ici, mais dans la préparation du blitzkrieg de 1940. Le long
du chemin de halage nous retrouvons plusieurs abris bétonnés,. En 1927, la
Commission d’Etude du Système des fortifications décide le réarmement de la
région fortifiée de Liège. Le fort de Pontisse est réarmé.  La section 4 comprend une ligne d’abris sur
la rive gauche de la Meuse pour défendre principalement les trouées de Visé et
de Lixhe. Je me suis basé sur un ouvrage de Franck Vernier,
 Les abris de la position fortifiée de Liège en mai 1940 Chapitre 5 – La Position Fortifiée
de Liège 4
Le 10 mai 1940, la ligne n’était pas terminée.
Pour construire certains abris, on attendait la construction du nouveau pont
d’Argenteau, l’ancien étant en bois, et la rectification des berges de la Meuse
rendu nécessaire par la construction du canal Albert. Le long de la rive de la
Meuse la Commission avait prévu 7 abris. Le secteur PL débuta derrière la ferme
de Happart par deux abris avec deux chambres de tir pour mitrailleuse ou FM
flanquant le fleuve. Il s’agit des abris PL b et PL c. A Basse-Hermalle se
trouvent les abris PL 5 et PL 6. Les abris PL 1 à PL 4 n’ont pas été
construits. Dans les (anciens) ponts Marexhe, Milsaucy et de Wandre se trouvent
des abris à plusieurs chambres de tir. Sur la rive gauche du canal Albert, les
abris MeA 1 bis et M 26 avec des canons de 47 mm. Un abri de bombardement se
trouvait à la bure d’Abhooz (à l’emplacement de l’actuel Maxi GB de Herstal).
Dans  le
secteur Pontisse-Lixhe se trouvaient une vingtaine d’abris, une partie entre la
Meuse et le canal Albert et une partie sur la rive gauche du canal Albert sur
les hauteurs de Hacourt.
L’île Monsin était particulièrement bien
défendue. Sur la rive gauche du canal Albert, en face de l’île, 5 abris ont été
construits.  Il ne reste plus que les
abris MeMo 1, MeMo 1 bis, MeMo 2 et MeMo 3. Un abri à plusieurs chambres de tir
se trouve dans le pont barrage. Deux abris sont dissimulés dans le socle de la
statue du Roi Albert. Un peu limite comme camouflage ? Mais ce qui est
particulièrement discutable : trois abris avec plusieurs embrasures seront
construits dans les culées des ponts de Liège, profitant de la reconstruction
des ponts des Arches, du pont Saint-Léonard et du pont de Coronmeuse. N’était-ce
pas prendre les civils en bouclier humain ?

Très tôt, la
Défense Nationale se rend compte que le IIIe Corps d’Armée, occupant la PFL,
ne disposait ni d’effectifs suffisamment nombreux, ni d’assez de mitrailleuses
pour garnir cette ligne de front de 179 abris se développant sur 60 Km. C’est
pourquoi il fut décidé de ne pas l’occuper. Elle constituera un leurre pour
l’ennemi…

La gravière Brock et ses castors

Nous traversons un ancien terrain de foot, où
les aciéristes jouaient un match lors de la casse croûte. Chertal a eu
plusieurs équipes de foot. Le terrain a été abandonné quand ces équipes se sont
éteints. Depuis des bouleaux l’ont colonisé. Les chercheurs du consultant Pluris
parlent de « 
Recrû forestier de Chertal ». What’s in a name ?  Il n’y a jamais eu de forêt là-bas, et il ne
peut donc pas recroître. C’est des bouleaux principalement, des plantes
pionnières par excellence.

Par la rue Fachard nous accédons la gravière
Brock à Hermalle. Ce beau projet est de l’architecte paysagiste Anne-Marie
Sauvat à qui les castors ont posé quelques problèmes : «
Un  amoncellement
de branchages indique la présence d’une famille de castors: des arbres que l’on voulait conserver tombaient
comme des mouches. Nous avons fait poser du treillis autour des troncs mais ça
ne les a pas arrêtés. Comme il s’agit d’une espèce protégée, on a dû trouver
une solution non létale pour les éloigner de ces arbres. On a alors acheté du
répulsif et ça a enfin marché
« .

J’ai l’impression que les castors ne sont pas
restés, parce qu’il n’y a plus de moignons d’arbres fraîches mais le castor
vient en sous-marin et rentre sous l’eau dans sa tanière. Il faut venir à la
tombée de la nuit ou très tôt le matin pour les voir.

Avec un peu de chance on peut y voir des
martins-pêcheurs, à partir d’un abri d’observation pour les oiseaux. On a
installé des pontons pour les pêcheurs, une zone no-kill absolue ; et des
caillebotis pour les promeneurs. Ceci dit,  la baignade  reste dangereuse, voire mortelle. Le 24 juillet 2004 un adolescent de 14 ans s’y est noyé. En août 2003, un autre
adolescent s’était déjà noyé.
Suite au déclassement de la zone industrielle
en 1999, la société d’exploitation de graviers Brock a récupéré les 18 millions
de garantie déposés pour l’assainissement du site qu’elle n’est plus tenue de
réaliser. Que ça reste entre nous : ça pourrait donner des idées à Mittal…

La digue des Dames de Vivegnis et la ferme Pontisse

Tout le site que nous parcourons était situé
dans un coude de la Meuse et protégé par une digue qui a été rompu à chaque
montée des eaux. La Meuse a cherché à reprendre ainsi un ancien bras.

En 1123 avait été fondé à Liège (Beaufays) un ‘monastère double’: des moines et
des sorores. Mais le prince-évêque de Liège conseillait d’éloigner les
religieuses féminins, afin d’éviter des rumeurs de promiscuité … Ainsi en 1235
des religieuses l’Ordre de Cîteaux de Saint Bernard de Clairvaux débarquent à
Vivegnis. L’assemblée générale à Cîteaux décide l’achat d’une ferme à Pontisse.
Le territoire où  l’abbaye de Vivegnis fut érigée appartenait
au Moyen-âge au domaine de Herstal.
L’abbaye avait construit en 1643 une digue à
la hauteur de Chertal / Cheratte,  dite ‘digue des Dames de Vivegnis’. Elle
devait éviter les ravages causés par les inondations fréquentes de la Meuse,
mais s’est effondré à plusieurs reprises ; la dernière fois lors de la
grande inondation de 1926 !

En septembre 1796 les communautés religieuses sont
supprimées. Dans la liste « des individus
composant la communauté religieuse de Vivegnis conformément à la loi du 15
fructidor an IV
» il restait douze dames de chœur et trois sœurs converses.
Presque tous les biens furent adjugés à un fondé de procuration d’une des
religieuses pour la somme de 270.000 francs. Elle rachetait donc la plupart des
biens …. En 1800 les principaux bâtiments furent détruits.

En 1959, lors de travaux d’extension de la
firme Hollandia – fermée entretemps- sur le terrain de l’ancienne abbaye, on a mis
à  jour, lors de fouilles archéologiques,
une crypte encadrée d’épaisses muraille, le cimetière des moniales et l’infirmerie.
Rien n’a été sauvé.
Reste la ferme de l’abbaye, à Pontisse. Trop
près du fort, la ferme a été rasée par l’armée belge en 1914. Elle fut
réédifiée en 1923. Le 10 mai 1940 le fermier dut de nouveau évacuer les lieux
en y abandonnant un nombreux bétail. La ferme subissait une seconde fois des
déprédations mais ne fut  pas détruite. Elle a failli disparaître lors de
l’établissement du zoning des Hauts Sarts, mais en 2014 un projet ambitieux est
en cours pour y installer un centre de services pour les entreprises.
Le seul vestige de ces dames de Vivegnis est
donc la pierre de voûte scellée au dessus de l’entrée de la ferme…

Lors des travaux de Trilogiport dont nous
longeons le chantier, des fouilles ont livré des découvertes archéologiques de première importance.  Entre la clinique Notre Dame d’Hermalle-sous-Argenteau des traces d’occupation appartenant
aux premiers agriculteurs qui ont occupé nos régions dans le courant du 4e
millénaire, des traces d’occupation mésolithique, de la l’âge de la pierre, 10
mille ans avant notre ère, et  une
nécropole gallo-romaine. Les fouilles réalisées sur une autre parcelle du
Trilogiport avaient déjà permis de mettre au jour une nécropole vieille
d’environ 3000 ans.  Bref, s’il ne reste
pas grand-chose de l’abbaye, on a quand même une série de vieilles pierres et
ossements à mettre en vitrine….

Sites intéressants

http://www.oupeye.be/wordpdf/enviro/ballade-pedestre.pdf
voir promenade 13 Hermalle-sous-Argenteau
https://www.youtube.com/watch?v=-NeFPGCj0ps
Visite de la gravière Brock a Hermalle sous argenteau 2014
Franck Vernier  http://www.clham.org/050511.htm Les abris de
la position fortifiée de Liège en mai 1940 Chapitre 5 – La Position Fortifiée
de Liège 4
Sur Pontisse voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/journees-du-patrimoine-13-et-14.html