Milan, ville verte ?
Lors de mes citytrips
je m’intéresse aux espaces verts. Pour Milan, c’était difficile : la ville
est très minérale. Même l’intérieur des ilôts est construit. Cette fenêtre au
quatrième étage, en face de notre airbnb, m’intrigue : à mon avis, il
s’agit d’un arbre qui a ses racines dans la cave.
Une foret verticale
pour cacher cette misère qu’on a construit en 2014 le « bosco verticale Studio Boeri »,730 arbres, 5000 arbustes
et 11 000 vivaces dans deux tours d’habitations hautes de 76 mètres et 110
mètres. Ca correspond un bois de un hectare. L’interaction entre les habitants desappartements et ‘leurs’ arbres est drastiquement réduite, les plantes étant
gérées par la copropriété. Non seulement les locataires n’ont pas à les
arroser, mais ils ne doivent pas les tailler non plus, car des équipes
d’arboriculteurs interviennent quelques dix fois par an à l’aide de cordes et
de grues pour l’élagage.
Les arbres ne pourront pas dépasser trois à six mètres
afin de résister au vent et de ne pas occulter la lumière. Prix des appartements :
€3.000/m2. Celui qui peut se payer ça ne se tracasse pas pour les
charges : une heure de travail en hauteur, ça monte ! Selon Boeri
l’investissement supplémentaire lié à l’intégration des arbres dans le bâti
s’élève environ à 5% des coûts.
Herstal et son nouveau centre administratif, avec ces façades ‘verdies’. Tout
aussi artificiel (si l’irrigation tombe en panne, ces arbres ne survivront pas
à 24 heures de soleil). En plus, les espèces sélectionnées pour ces bacs d’un
mètre cube l’ont été pour leur adaptation à ces conditions extrêmes. Des
critères esthétiques comme la couleur du feuillage ou la forme ont apparemment
peu joués. La couleur est uniformément verte (vous me direz que c’est mieux que
le brun des plantes mortes de Herstal).
Porta Nuova
réhabilitation du quartier industriel de la Porta Nuova (2 milliards
d’euros !). On y prévoit aussi un parc public « botanique » que
ces urbanistes du greenwashing présentent comme une bibliothèque des arbres. Il
faut de la patience : pour le
moment c’est une pelouse. On annonce la
fin des travaux pour 2017. En 2015 Agnes Denes y a semé un champ de maïs, une
installation temporaire. Pourtant, le bilan CO2 de betteraves est mieux, m’a
expliqué un fermier de Herstal. On annonce aussi un «Musée des fleurs et des
insectes ».
il y a une aire piétonne de 16.0000m2, 2km de pistes cyclables, une
place circulaire avec un plan d’eau et des fontaines. Il y a moyen de passer
une journée bien remplie autour de la Porta Nuova, près de gare Porta
Garibaldi.
2011 la Casa della architecture collective Baukuh, avec sur la façade des photos d’archives du centre sous forme de
pixels en brique. Le Centre loge cinq associations qui cherchent à préserver la
mémoire de la conquête de la démocratie en Italie, comme l’Association National de Déportés et Partisans mais aussi des Victimes du terrorisme et l’Association Piazza Fontana 12 December 1969. A Milan les années de
plomb sont encore dans tous les esprits. Lors de notre passage il n’y avait pas
d’exposition, mais une en préparation.
Un must : le Corso Como 10
coin passez par le Corso Como N°10, avec son entrée végétalisée, deux verrières magnifiques, et, surtout, une superbe terrasse végétalisée sur
le toit. Une oasis dans cet environnement minéralisé. Attention par contre
pour y boire quelque chose: les prix sont surfaits. Et notez l’adresse : de la rue on ne voit
pas grand-chose.
temple de gastronomie Eataly, piazza XXV aprile. Un peu cher, mais il y
a l’embarras du choix. Et on peut manger avec les yeux. Et juste devant il y a
des food trucks pas chers.
Le Cimitero Monumentale pour les riches et le Cimitero
Maggiore pour le peuple
à pied un autre coin vert : le Cimitero
Monumentale. Attention : fermé le lundi, comme les musées ! C’est du tourisme des cimetières, mais cela n’a rien de macabre :
ces espaces sont des endroits paisibles, souvent verdoyants, qui regorgent
d’oeuvres d’art et de magnifiques aménagements paysagers. Et
celui de Milan est un top mondial !
![]() |
tombeau Giovanni Morgani |
côté des sépultures on y trouve aussi des cénotaphes dédiées aux grands hommes
enterrés dans d’autres lieux comme Garibaldi, ou Giuseppe Verdi. On y trouve par
exemple le tombeau de
l’écrivain Giovanni Maccia du sculpteur Luigi Crippa,
datant de 1869
et le Crematorio. Ce crématorium n’est plus en fonction depuis une vingtaine
d’années, mais il était à l’époque de sa construction, en 1876, le premier en
Europe, et cela dans un fort climat catholique. A côté du Famedio, deux espaces
réservées aux non –catholiques et aux juifs (entrée séparée). La section
israélite remplace les cimetières juifs de Porta Tenaglia, Porta Magenta et
Porta Vercellina..
sculpteurs y ont crée des monuments. Ca vaut la peine de préparer un peu sa
visite. Cliquez ici pour un petit plan
industriels qui ont marqué Milan, comme Pirelli. Cliquez ici pour un aperçu de quelques
chapelles
presque à s’y asseoir.
commémoratif aux 800 Milanais tués dans les camps de concentration nazis se
trouve dans l’allée centrale. Il est l’œuvre d’un groupe de quatre architectes
dont l’un, Gian Luigi Banfi, est mort dans un camp en 1945. Ca fait très ‘arte
povera’.
![]() |
‘mausolée’ camps de concentration |
la troisième version du monument, L’œuvre originale avait été construit en un
temps très court et se détériora rapidement. En 1950 déjà on le remplace par un
bâtiment de conception similaire, mais avec le cadre en bronze et la base
entièrement en marbre. Mais déjà en 1955, on trouve que le bronze et le marbre
sont inadéquats vu la gravité du sujet, en raison de l’extrême raffinement et
l’opulence de matériaux.
![]() |
Isabelle casati |
Brioschi (1865-1889) morte en couches à l’âge de 24 ans. Le sculpteur est
Enrico Butti, professeur de l’Académie de Brera.
l’organisateur de Milan-San Remo et du Tour d’Italie. La
tombe en marbre de Carrare a six figures féminines, dans le style fasciste, se
détache sur une mosaïque de fond sur l’intrados de la voûte qui abrite une
épigraphe en lettres d’or de Mussolini.
fille Adriana.
Le Parco Sempione
tourism’, thanatourisme, tourisme mortuaire ou nécrotourisme (néologisme des
années 1990 : « la visite d’un lieu où il
est possible d’être
en contact direct
ou symbolique avec
la mort »), retournons au centre
avec les deux grands parcs publics. Pour commencer le Parco Sempione, du nom duCorso Sempione percé sous le régime napoléonien, derrière le “Castello
Sforzesco” (ancienne résidence des ducs de Milan, les Sforza).
sa fréquentation, et cela pas tellement parce qu’il est beau, mais parce qu’il
n’y a rien d’autre au centre de Milan. Les allées sont exagérément larges, pour
absorber la foultitude. Et malgré cela, on l’a encore rogné de tout côté, entre
autres pour y installer en 1933 le palazzo
dell’Arte, siège de la Triennale de
Milan. C’est l’œuvre de l’architecte Giovanni Muzio, réalisé grâce à l’héritage
de l’industriel du textile Antonio Bernocchi. Giorgio De Chirico y avait exposé sa Fontaine des Bainsmystérieux, une de ses dernières sculptures, taillée en calcaire très riche en
coquillages fossilisés. Il faut d’ailleurs entrer
par le Palais des Arts pour l’admirer.
Giardini Pubblicci Indro Montanelli.
public est Giardini Pubblicci Indro Montanelli. Ce jardin fut créé en 1782-1786 par l’architecte
Giuseppe Piermarini – le concepteur du célèbre Teatro alla Scala – à partir de plusieurs
jardins et vergers ayant autrefois appartenu à deux monastères. Il fut agrandi
en 1857 lorsqu’on y ajouta le jardin du Palazzo Dugnani. Là aussi on a rogné les abords, en y implantant
par exemple le Musée d’histoire naturelle et en 1930, sous Mussolini, le Civico
Planetario « Ulrico Hoepli ».
nom vieux de trois siècles. Pour un personnage quand même assez controversé. Montanelli était volontaire, poussé par ses
idéaux fascistes, en tant que commandant d’un bataillon d’Àscaris. Il y ‘épousa’
une jeune
Érythréenne de 12 ans, payant à son père la somme convenue de 500
livres, selon les coutumes locales. Avant de revenir en Italie il la céda au
général Alessandro Pirzio Biroli qui la fit entrer dans son petit harem privé.
La coutume d’épouser un « sujet colonial », ce qu’on appelait en Italie «
madamato », fut interdite en avril 1937. Ce n’était pas par respect pour les
droits de la femme, mais pour éviter les contacts entre Italiens et Africains.
Cette mesure fut suivie l’année suivante de la proclamation des lois raciales.
Il écrit pour Civiltà fascista : « avec les nègres, on ne fraternise
pas. On ne le peut pas, on ne le doit pas. Au moins jusqu’à ce qu’on leur ait
procuré une civilisation. » En tant que correspondant la guerre civile
espagnole, il publia un article critique sur la bataille de Santander dans
lequel il la définit comme une promenade, avec un seul ennemi : la chaleur. Pour
cela le ministère de la Culture populaire le raya de la liste des journalistes,
offensant pour l’honneur des forces armées. On lui retira même la carte du
Parti Ce qui ne l’empêcha pas de rencontrer en 1939 Adolf Hitler dans le
corridor de Danzig. En Finlande il fut un témoin passionné de la tentative
d’invasion par l’URSS. Correspondant en Grèce et en Albanie, il fut considéré
comme « défaitiste » par les censeurs. En 1943, il s’associa à Giustizia e Libertà,
il fut emprisonné et condamné à mort par les Allemands, le 20 février 1944,
mais le cardinal Ildefonso Schuster, archevêque de Milan, intervient pour lui.
Il réussit à fuir l’Italie grâce au réseau clandestin Opera Scout Cattolica
Aiuto ai Rifugiati (OSCAR). Les anti-fascistes ne lui pardonnaient pas le fait
d’avoir été fasciste, tandis que les anciens fascistes n’avaient pas oublié son
attitude lors du « 8 septembre ». En 1965, Montanelli défendait encore le
colonialisme italien débonnaire, réalisé par une armée chevaleresque, incapable
de brutalité envers l’ennemi et respectueuse des peuples indigènes. Dans ses
nombreuses interventions publiques il ne cessa de nier l’utilisation
systématique d’armes chimiques par l’aviation militaire italienne en
Éthiopie. Anticommuniste
affiché ou «anarcho-conservateur» (comme il aimait à se définir), 2 juin 1977 il
est victime d’un attentat par la colonne Walter Alasia des Brigades rouges.
Berlusconi devint l’actionnaire majoritaire de son journal en 1979, jusqu’en 1994,
lorsqu’il attaqua violemment Berlusconi, le comparant à Mussolini (« J’ai déjà
connu un homme providentiel, et cela m’a suffi »); il le considérait comme un
adversaire de la démocratie, En 2001, il mourut à Milan. Je trouve ce changement de nom d’un parc multiséculaire en « Indro
Montanelli » un peu provocateur. Comme si cela ne suffit pas, on lui a érigé à l’intérieur du parc une statue…
Milan et son Art Nouveau ou stile
Liberty
la verdure, mais en pierre ou céramique. Milan est, après
Palerme et Turin, la ville italienne la plus représentative du style Liberty,
le style Art nouveau. Liberty est plus
ornemental qu’architectural, plein de sculptures et de moulures aux motifs
floraux et végétaux, de céramique, et une
ferronnerie de qualité. Giovanni Battista Bossi (1864-1924), auteur des case
Galimberti, Bossi, Guazzoni, Alessio et Centenara (ainsi que de plusieurs
chapelles au cimetière monumental). Les rues les plus riches en bâtiments Art
nouveau sont les Via Malpighi et Via Pisacane. Voici un itinéraire à partir de la Porta
Venezia, au-dessus du parc.
ces canaux antiques qui servaient à l’approvisionnement de Milan. Il y a Naviglio
Piccolo et Naviglio Grande. Ca reste
néanomoins très minéral. Mais dans la Via
Casale 66 il y a un Petit jardin au Centro dell’Incisione et un peu de vert
Vicolo dei Lavandai. Je mentionne aussi le vignoble de Leonardo Da Vinci. On
n’a pas été jusque là. Ca me semblait trop toc.
2015 on l’a recrée, en espérant surfer sur le hype Leonardo… Un bombardement
allié l’avait détruit en 1943. Il a
fallu aux experts plusieurs années afin d’identifier les racines de vignes
découvertes sous le sol de la Casa degli Attelani, à proximité de l’église
Santa Maria delle Grazie, où se trouve la Cène. Le vignoble attenant avait été
offert à Léonard, en 1499, par Ludovico Sforza, , pour le remercier de son
œuvre « La Cène ». Le cépage serait du
Malvasia. Ces experts ont en fait enfoncé une porte ouverte : c’est le cépage très répandu en Méditerranée et même jusqu’aux îles de Madère. Le vignoble se situe juste en face de l’église, Corso Magenta 65.
Un parc sur la
zone abandonnée par Alfa Romeo en 1886
espace vert inauguré en décembre 2015 sur une zone industrielle, à Portello ou Arco Industria Alfa Romeo. Notre hôte nous a déconseillé d’y aller.
Dommage : on aurait du insister. En
dessous de deux collines artificielles, des gravats et de
la terre d’excavation. La scupture Helix représente la double hélice d’ADN. Le parc n’est pas encore terminé. Pour une
visite virtuelle http://blog.urbanfile.org/2016/07/05/milano-portello-novita-al-parco-industria-alfa-romeo-portello/