le rida rue Boclinville

Notre 56ième 
balade-santé MPLP Herstal d’octobre 2021 est partie de la Place
Gilles Gérard à Vottem. 

Un ruisseau presqu’oublié, le Rida

Nous suivrons la première partie de notre
ruisseau presqu’oublié, le Rida. Le Schéma de Structure Communal de 2013 propose
de valoriser les parties encore à ciel ouvert du Rida et pour d’autres parties
la remise à ciel ouvert, lorsque cela s’avère réalisable. Evidemment, ce qui
est réalisable pour moi est utopique pour un autre. On ne peut pas dire que
depuis 7 ans ces recommandations ont sorti beaucoup d’effet.

Pourtant, le Master
Plan Cœur de Herstal du 5/3/2018 fait des déclarations
ronflantes sur « deux axes
historiques perpendiculaires clairement affirmés durant le Moyen-âge: avec à  la confluence de ces axes l’aboutissement du vallon naturel de la Préalle. Durant le
19-20ième siècle les développements industriels font fi du
relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal.
Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre
en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au
canal Albert. Le MP propose de créer une trame verte et bleue qui suit le
relief naturel du vallon de la Préalle et qui casse ce fonctionnement en
strates horizontales (MP
p.86 et 88).

Evidemment, ce ‘vallon naturel’ ne s’arrête
pas à la Préalle, mais se prolonge jusque Vottem.

En 2019, il y a eu
des discussions entre la Ville, la Région Wallonne et la Province pour signer
un Contrat de Rivière pour le Rida. Cela consiste à réaliser un inventaire
des atteintes aux cours d’eau, élaborer un programme d’actions, contribuer à
une gestion intégrée via la sensibilisation des acteurs locaux et de la
population, mettre en place des Plans de Gestion de l’eau par Districts
Hydrographiques, des Plans de Gestion des Risques d’Inondations et lancer des
initiatives communales comme les PCDN, les PCDR ou encore les CRIE…

Ces contrats sont financés partiellement par la
Région et la Province. Mais on demande aussi une participation financière de la
commune et pour ces raisons bassement matérielles Herstal a décroché. Il est
vrai que notre seul ruisseau (à part le Grimbérieux, en-dessous de l’autoroute)
est à peine visible, et encore moins par temps de sécheresse. Mais la Ville
oublie que sans contrat-rivière elle devra quand même faire les mêmes tâches
sur son propre budget… Nous allons voir de nos yeux lors de notre balade qu’une
inondation par le Rida n’est pas de l’imaginaire.

photo Bernard Courtois

On a parfois difficile à s’imaginer que le
vallon qui s’étend du Clos du Val à Vottem, au Patar à la Préalle et au Faux
Rieu à Herstal-Bas a été creusé par ce ruisseau qui se réduit lors de nos
derniers étés très secs à quelques flaques d’eau boueuse. Le débit à fortement
diminué entre autres parce qu’en Hesbaye, les eaux de l’aquifère qui
nourrissait ses sources sont pompés.  Et
l’eau qui a alimenté une série de moulins 
(d’où la rue des Meuniers) va vers l’égout. Or, il faudra tôt ou tard
éviter que ces eaux trop propres diluent trop les eaux sales qui arrivent dans
les stations d’épuration. En les rendant par exemple au Rida…

Et pourtant, à Vottem, le Rida a une
connotation positive, transmise de génération en génération. Fin des années
1970, le journal des élèves de l’Athénée Royal de Vottem (situé le long du
ruisseau) s’appelait « Le Rida
Enchaîné
« . Et les historiens locaux ont évoqué le cresson que les
Vottemmois cueillaient par paniers. Nous sommes dans une balade-santé et je
dois vous signaler que ce Cresson de Fontaine est également appelé
« Cresson Officinal ». En début d’été il y en avait encore près de la
source de la rue Boclinville. Mais je dois fortement déconseiller de manger le
« Cresson d’Eau »: récolté à l’état sauvage, il peut être contaminé par
la douve du foie ou Fasciola hepatica.

Le Clos du Val

Nous devons au confinement une page Wikipedia
très bien faite sur le seul ruisseau qui arrose Herstal.  Le prof 
Jan Nyssen de l’Ugent (il est déjà venu éclairer notre lanterne sur le
glissement de terrain à la petite Bacnure) s’est retrouvé en télétravail au
Clos du Val à Vottem, suite au confinement. Il en a profité pour mettre à jour
cette page https://fr.wikipedia.org/wiki/Rida_(ruisseau)

clos du val


Nous commençons notre balade au bout du Clos
du Val.
Les Dear Hunters, ce
couple d’urbanistes  qui ont passé
quelques semaines dans un conteneur Place Gilles Gérard, en 2019, regrettent que
le Clos du Val n’ait pas été intégré dans les plans de rénovation de la place :
« cette liaison entre la place et le
Ravel pourrait fonctionner comme un point de départ et d’arrivée agréable pour
des balades récréatives, avec un café au départ et une glace à la fin…. ».

La vue sur le vallon du Rida à partir du
vicinal est magnifique. Dans le fond d’un jardin un riverain a aménagé une
vasque d’eau autour d’une petite fontaine qui de mémoire d’homme ne s’est
jamais trouvée à sec, même pendant nos derniers étés torrides. Le terrain en
bas est entretenu par la même famille.

Nous sommes ici sur le Ravel de liaison Ravel
Meuse –Liers qui emprunte ici une section du vicinal 467A. Ce vicinal avait
deux branches. Nous nous trouvons sur la branche qui va à Houtain-St-Siméon
Station où il rejoint un autre vicinal, la ligne 76, aujourd’hui toujours
desservi par un bus qui a gardé ne même numéro. ‘Milmort-Station’ et  ‘Liers-Fort- Liers-Station Etat’ ont disparu
dans le zoning. L’autre branche partait 
par la Rue du Plope  via le
Charbonnage de la Batterie et le Cimetière Sainte-Walburge vers son terminus de
la Place Jean de Wilde.

Chaussée Brunehaut, le Rida en dessous d’une décharge

En bas de la Chaussée Brunehaut, le Rida coule
en dessous d’un terrain de foot, aménagé sur  une décharge. 
La commune de Vottem a rempli ce vallon bucolique de ses déchets,
ménagers et autres. Un demi-siècle plus tard, en juillet dernier, notre
bourgmestre ff a invoqué des émanations de méthane pour faire partir des gens
du voyage qui s’y étaient installés. Notez que la Ville a refusé de prendre en
compte cette pollution lors de l’installation d’une Séniorie juste au-dessus,
et, avant ça, l’Athenée de Vottem.

Interpellé par le médecin-généraliste Michel
Migeotte  sur cette pollution aux
hydrocarbures en bordure du site de l’Ancien Athénée de Vottem, et face au
projet de construire à proximité, 
Chaussée Brunehault n° 490,  trois
maisons de repos pour un total de 265 lits et 36 appartements, notre toubib du
peuple Johan Vandepaer (pensionné aujourd’hui) avait mis ce point à l’ordre du
jour Conseil Communal du 30 octobre 2008. Le docteur Migeotte avait fait
analyser des échantillons à ses frais. L’institut Malvoz avait conclu que «les
concentrations en cadmium, plomb et hydrocarbures vrais sont supérieures aux
valeurs d’intervention (concentrations en contaminants  au-delà desquelles le risque pour la santé
humaine et pour l’environnement n’est plus tolérable et pour lesquelles un
assainissement s’impose) données pour une zone agricole (type d’affectation III)
» (rapport du 2 juin 2008). Johan avait demandé 
des nouveaux prélèvements non seulement sur la décharge, mais également
dans la prairie en aval et dans le « Rida », afin de d’évaluer les risques pour
la santé des riverains.

Au bout de ce terrain de foot, une jungle
inextricable de ronces empêche le passage. Nous suivons son cours via le
sentier Marnette dont le nom officiel, d’après le Tableau Général de l’Atlas
des Chemins Vicinaux est “Sentier du Pasteur” et porte le numéro 33.

Voici quelques extraits du site de Balnam qui
lui aussi a été alimenté pendant le confinement pas notre prof de géologie. 
« La première partie s’appelle
Sentier Marnette. Il croise le sentier n° 44 (clôturé) dont on aperçoit vers le
sud le passage entre 2 garages. Vers le nord il longe la limite de la première
prairie rencontrée. L’environnement, préservé ici, rappelle que Vottem était
autrefois un village maraîcher. Il arrive à la Rue Florent Boclinville dont le
nom antérieur était Rue du Rida.

tuf calcaire ou cron


Le Rida
‘ressurgit’ au «pré Cadjo», en aval de l’ancienne décharge.  C’est une source pétrifiante, rare en
Wallonie. Ce large dépôt de tuf calcaire s’appelle « cron » » en
Wallon.  Le fermier Colson y exploitait
une cressonnière. En début d’été il y avait encore du cresson disparu avec la
sécheresse ».

Le Sentier Muraille et la culture des fraises.

La deuxième partie de ce sentier s’appelle
Sentier Muraille. On marche en parallèle au Rida, à gauche. Si beaucoup de
Votemmois ont oublié de Rida, il y a des vaches qui le garderont en mémoire
longtemps. Le 13 août 2020 une vache est tombée dans le Rida. Comme disait
Vincent Rocca: « Tout ce qui a trait à la vache m’émeut ». M’énerve
même: t’as vu le regard de ses deux copines qui regardent leur soeur comme une
vache peut regarder un train. Tout est bien qui finit bien: nos services de secours
l’ont tiré de l’embarras.

Les vaches ne s’en rendent peut-être pas
compte, mais cette prairie est unique. Dans la microtopographie, on voit
l’ancien cours du Rida, en méandre. Le ruisseau a été rectifié depuis bien
longtemps ; au Moyen-age on aura voulu assécher le terrain marécageux pour
pouvoir faire une prairie. Si cette microtopographie est encore visible c’est
parce que depuis quelques centaines d’années cette

photo la meuse

prairie n’a jamais été
labourée.

Transversal au Rida, on reconnaît très bien en
creux le Sentier 32 déclassé. Les champs ici, étaient autrefois voués à la
culture des fraises, ce qui explique la haute densité de sentiers. Ici se
trouvait l’exploitation familiale Grognard-Georges. Cliquez ici pour un petit
film de 1933 du Musée de la Vie wallonne sur la culture des fraises https://www.youtube.com/watch?v=tDHk3PRNIrE)

Le Rida a donc été dévié en bordure du champ.
Le point le plus bas – le thalweg – se trouve au milieu du champ. Lors d’un
gros orage un sol asséché, les riverains en bas de la rue d’Aunaie ont vu le Rida
passer dans leurs livings. Le ruisseau avait repris son cours d’origine. Ils
ont dû construire à leurs frais un mur d’orage. Et la ville a dû installer une
pompe pour éviter que ces eaux y stagnent.

Un peu plus loin, une partie du sentier est
labourée, voire le sentier est « poussé » vers la parcelle voisine. On
observe l’alignement du sentier par la position de la clôture du pré et comment
l’exploitant du champ a débordé sur le sentier. Le sentier se prolonge par le
sentier n°13 de Herstal après une petite chicane

la pompe et le mur anti-orage rue de l’aunaie


Au départ de la rue de l’Aunaie le sentier
Muraille traversait un champ.  Jusque il
y a quelques années le sentier subsistait sur son tracé initial, jusqu’au jour
où le fermier laboura le chemin en laissant toutefois un passage non labouré à
la limite de son champs située en parallèle quelques mètres plus loin.  Certes ce détournement du tracé initial est
de bon sens, sauf que dans quelques années on pourrait ne plus reconnaître le
caractère vicinal (s’il en est) du chemin comme ce fût le cas lors du
détournement du Coq Mosan…

Le croisement de la rue de l’Aunaie et la rue
Verte est souvent sous eau aussi lors d’un orage. On comprend pourquoi en
analysant comment les égoûts et le siphon du Rida s’y croisent. Le Rida
continue son chemin par les terrains très marécageux de la ferme du Patar. Nous
laissons ça pour une autre balade.

Nous remontons par la rue Verte et la rue du
Plein Haren où se trouvent les sources du Ruisseau de Haren. Son débit est
rarement suffisamment puissant que pour joindre le Rida principal. Une source
est située dans un chemin creux (Chemin vicinal No. 11) à l’angle de la Rue des
Bruyères (Chemin vicinal No. 30), le tout sous un couvert de haies et buissons
(50° 40′ 42,4″ N, 5° 35′ 36,8″ E), d’autres dans la Rue de la Source.

le vallon du Rida vu du Ravel


Nous rejoignons le Ravel en haut de la rue du
Plein Hareng.

Voir aussi

http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.html