77ième balade santé à Milmort et Liers, avec les points nœuds et une cyclostrade
Lors de notre balade- santé de Médecine pour le
Peuple Herstal de ce 8 octobre 2023, nous avons arpentéle tout nouveau réseau
de points nœuds et une cyclostrade Liers-Ans. Au
Limbourg les points nœuds ont été développés depuis 1995, dans le cadre de la
reconversion après la fermeture des charbonnages. Quant à la cyclostrade, c’est
en fait un élargissement du Ravel. Vous jugerez si le jeu vaut la chandelle (un
demi million d’€ ) .
La balade part de la gare de Milmort.
Les points-nœud à la province de
Liège
Le point nœud à la gare de Milmort a le numéro 22. De là
nous allons au n° 21 (près de la gare de Liers) et ensuite le n° 69 et 68. Clore
la boucle via le n°27 nous mènerait trop loin, mais vous avez saisi l’idée de
base.
Ce réseau à points-nœuds dans le la province de Liège est
assez récent : le premier tronçon a été inauguré en 2017. Sauf les
communes comme Oupeye qui se sont déjà raccordées au système lancé au Limbourg en 1995. Un
point-noeud est un croisement de routes cyclables identifié par un numéro et
une balise. L’usager définit son parcours en fonction de la longueur souhaitée,
en notant la succession des numéros de tronçons à suivre.
Lors de la fermeture des charbonnages en Campine, le manager
de crise Thyl Gheyselinck avait reçu 10 milliards de FB pour la reconversion,
dont 4 milliards pour un projet de parc récréatif ERC (Educatie- Recreatie- en
Cultuurpark). Hugo Bollen , ingénieur
des mines responsable du sous-sol d’Eisden de 1971 à 1986, avait a suivi une formation sur
la protection de l’environnement et craignait que le projet ERC allait être
néfaste pour l’environnement. Il
développe un plan alternatif de tourisme naturel. On prolonge son contrat de deux
ans pour développer son système points-nœuds. Après la fermeture d’Eisden il travaille
encore 3 ans à Houthalen, Beringen en
Zolder. Il a été pensionné comme
directeur du RLKM.
Il avait vu comment les mineurs utilisaient un système de
points-nœuds pour trouver leur chemin dans les galeries souterraines. Il a eu
l’idée de l’appliquer en surface. En 1990 il dessine un réseau de 350
kilomètres dans le Regionaal Landschap Kempen en Maasland (RLKM). Les premiers
panneaux sont placés par des anciens mineurs.
Selon Bollen, ”lors de
la fermeture des mines un paquet d’argent a été libéré pour la reconversion.
Des projets mégalomanes sortaient pour des centres de shopping. Je trouvais
qu’on devrait plus miser le tourisme de mobilité douce. On avait déjà des pistes cyclables sur des
chemins de halage et des chemins de fer abandonnés. Il suffisait de les relier.
Sur le 350 kilomètres visés il suffisait d’en aménager 50. Je n’ai pas voulu
gagner de l’argent avec ça. Le réseau a été fait avec l’argent de la
communauté. Je n’ai pas pris de brevet sur les points-nœuds ; mais le
système est protégé comme une marque déposée, liée à des exigences
qualitatives : 30 % doit être sans voitures et le marquage doit se faire
dans les deux sens”.
Bollen avait proposé des panneaux verts mais le gouvernement
flamand avait refusé (va savoir pourquoi) ce qui explique que dans le Limbourg,
les panneaux sont bleus. Ailleurs on a opté souvent pour la couleur verte.
Aujourd’hui, ce système de points-nœuds fait 150.000 km (en Belgique, aux Pays-Bas, en
Allemagne et en France). Les 2.500 km sur la province de Liège se connectent à
ça.
Bollen raconte pourquoi il a installé une carte à chaque
point-nœud : sa femme en avait marre de sortir sa carte à chaque point-nœud. Une très bonne idée qui a rarement été repris
ailleurs, pour des raisons bassement budgétaires. Entre-temps, on a développé
des app. La ville de Norden où nous
avons passé des vacances en vélo n’a pas de panneaux de points-nœuds physiques
sur le terrain. Le réseau est purement digital. Cela peut se justifier pour diverses
raisons (budget, réglementations locales,…).
Je suis ravi que la Province de Liège a repris le principe,
après 25 ans, et je regrette amèrement que je projet est aujourd’hui moribond à
cause des restrictions budgétaires. Notez que le projet initial n’a jamais été
bien doté. Là où Bollen est parti du
maillage existant, et a crée les maillons manquants pour les relier entre elles,
notre province s’est limité à relier des voiries existantes, dont
certaines avec une circulation motorisée
très intense.
Quant à l’implantation du réseau à Herstal, je n’ai pas
l’impression qu’il y a eu une concertation poussée avec la Ville, et encore
moins avec le monde associatif impliquée dans la mobilité douce. En gros, les points nœuds ont repris les Ravels
existants, y compris leurs points faibles comme la rue des Meuniers qui ne
correspond pas aux normes d’une circulation automobile apaisée.
Mais ce maillage bâclé a l’immense mérite de montrer les
maillons manquants. Nous avons par exemple un magnifique bout de Ravel de
l’avenue de l’Europe aux Hauts Sarts, sur l’ancienne ligne du vicinal 76. La
SPI a même crée un maillage de trottoirs et pistes cyclables dans le zoning,
certes souvent squatté par les poids-lourds, mais il est là. Ce n’est pas dans
le réseau points-nœuds parce qu’il manque des mailles : 500 mètres entre
l’Avenue de l’Europe et le Ravel Canal, et 200 mètres entre le zoning et la
gare de Milmort. Si déjà le réseau points-nœuds actuel pourrait contribuer à
mettre en avant ces ‘missing links’, il aura servi à quelque chose.
Les points-nœuds et la théorie des graphes
L’ingénieur Bollen s’est inspiré pour ses points-nœuds des
réseaux souterrains des charbonnages.
Mais en tant qu’ingénieur il maitrisait sûrement la théorie des graphes,
des modèles abstraits de dessins de réseaux reliant des objets. En 1735 le mathématicien suisse Leonhard Euler a présenté à
l’Académie de Saint-Pétersbourg en 1735 le problème des sept ponts de Königsberg :
trouver une promenade à partir d’un point donné qui fasse revenir à ce point en
passant une fois et une seule par chacun des sept ponts de la ville. Et avant
lui le théoricien d’échecs arabe Al-Adli avait présenté le cas particulier d’un
cavalier devant visiter chaque case d’un échiquier dans son ouvrage Kitab
ash-shatranj paru vers 840 et perdu depuis.
La A601
Nous longeons l’A601 qui
pendant deux ans a servi de lieu de stockage de 200.000 tonnes de déchets et terres charriées par les inondations
de juillet 2021. Les opérations sont
aujourd’hui terminées. Cette autoroute a
été fermée fin 2014, pour des raisons budgétaires, mais en 2020 on a trouvé six
millions d’euros dans le PIMPT (Plan Infrastructures et Mobilité Pour Tous)
2020-2026. Il s’agira d’une réhabilitation à gabarit léger. On passera de deux
fois deux bandes de circulation à une bande dans chaque sens. La circulation devrait
reprendre en 2025.
Un couloir à vélos a été évoqué pour l’espace qui sera
laissé libre par la non-réhabilitation de deux bandes de circulation, mais rien
n’est décidé. Pourtant, cette affectation a du sens, et a d’ailleurs été
acceptée par le SPW il y a quelques années, grâce aux démarches de Michel
Murzeau. Nous avons fait deux fois une
balade-santé sur la A601. C’est le maillon manquant entre le Ravel 76 et la
nouvelle piste cyclo-piétonne de la rue du Bourriquet avec Tilice, enclave
historique de la Seigneurie de Herstal. Jusqu’en 1740, Tilice et Anixhe
constituaient une enclave herstalienne dans le pays de Liège. En 1804 Tilice
fut rattaché a Fexhe-Slins. La ferme de Tilice ou Delforge est construite sur
les bases d’une ancienne abbaye. La chapelle date de l’an 1590.
La gare de Liers
La gare de Liers a été jusqu’il y a quelques années une tête de ligne internationale –
si, si ! – qui allait à Lille Flandres. Mais aujourd’hui cette gare est un
PANG, point d’arrêt non géré… Et c’est Kinkempois qui deviendra tête de ligne…
La ligne 34 a été mise en service le 1er mai 1865 par la Compagnie du chemin de
fer Liégeois-Limbourgeois. La première tête de ligne était la gare de Vivegnis.
Le faisceau de garage de Vivegnis fut réimplanté à Liers suite au bouclage de
la « petite ceinture » liégeoise en
1877.
A côté de la gare l’imposante
maison et moulin centenaire Seronvalle.
La liaison entre la gare de Liers et le RAVeL a été sécurisée en 2021, grâce à une aide de
30.000 euros dans le cadre de l’appel à projets supracommunaux 2020 de l’asbl
Liège Europe Métropole (LEM)
Le domaine Charles Martel de Batico
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Charles Martle photo Batico |
Nous longeons le triangle formé par la rue Thonon, la rue
Provinciale et la Chaussée Brunehaut . C’était au départ une prairie, mais au
fil du temps le site a été totalement enclavé. Cette parcelle agricole
appartenait à un seul propriétaire ce qui a permis une démarche d’ensemble. Le site est
traversé par un collecteur de l’AIDE
canalisant la Rigole de Liers que
nous croiserons plus loin.
Batico y développe actuellement un lotissement qui
accueillera près de 300 habitants dans une centaine de logements, dont deux
résidences à appartements qui bordent la nouvelle place publique qui porte le
nom de Nicolas Thomsin, le dernier bourgmestre du village avant la fusion des
communes.
Depuis la place, un cheminement piéton relie le lotissement
au parking de l’AD Delhaize de la rue Provinciale. Le rapport urbanistique et
environnemental a exclu un accès par là mais n’exclut pas un développement
foncier après restructuration de cet espace, y compris le bâti le long de la
route provinciale.
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labbaye sur le plan Popp de 1848 |
Batico a voulu rendre hommage à Charlemagne en donnant à son
projet le nom de son grand-père, Charles Martel. Et la nouvelle voirie dans le
domaine Charles Martel s’appelle rue Devant l’Abbeye. Dans un document de 1348 on retrouve un
lieu-dit « devant l’Abbaye » d’où partait le sentier «Passay de l’Abbaye
» vers Fexhe-Slins. Ce sentier a disparu avec la gare de triage.
Cette abbaye remonte à l’an 1012, lorsque l’empereur Henri
Il alloua Liers à l’Abbaye bénédictine de Florennes. En 1311 Florennes vendit
ses biens liersois au Chapitre Saint-Lambert qui désigna un avoué. Un des
premiers avoués Jean I fut honoré chevalier à l’issue de la bataille de Vottem. Cette bataille de Vottem, c’est nos Eperons d’Or. Le 19 juillet 1346 les communiers liégeois y ont
battu une armée de chevaliers de haute noblesse commandée par le
Prince-évêque. Jean I était avoué du
chapitre Saint Lambert, pas du Prince- évêque. Le chapitre était censé aider
son évêque mais les chanoines ont probablement jugé que la meilleure manière
d’aider leur Prince était une bonne raclée…
Le Ravel Ligne 31
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photo E. Van Loo |
Nous arrivons au début du RAVeL sur l’assiette des lignes
210, 212 et 31. Cette dernière a connue
une fin chaotique. Entre 1973 et 1984 on y a lancé un service voyageurs, entre
Liers et Ans, pour boucler une ligne
suburbaine, avec un omnibus par heure entre les Guillemins, Herstal,
Milmort, Liers, Rocourt, Alleur et Ans. Trois ans plus tard, en 1976, cette
ligne a encore été électrifiée pour fermer 8 ans plus tard, en 1984, dans la
cadre du plan IC-IR. Cette ligne a encore été évoquée dans les discussions sur
le tram. La ligne avait aussi un intérêt militaire : elle desservait
l’arsenal de Rocourt (PCM
Herstal 2003 p.63).
Le Ravel relie Ans à Seraing, mais en site propre seulement
jusqu’au terril du Gosson à Saint Nicolas via l’ancienne ligne 210.
Il est en liaison, via des routes à trafic peu dense, avec
le RAVeL de Houtain Saint-Siméon. De là on peut descendre sur la Via Jecore (le Ravel du Geer entre Tongres
et Maastricht), soit le Ravel 1 Liège – Maastricht via le canal Albert au
niveau de Haccourt. Voir les points nœuds mentionnés plus haut.
Une cyclostrade : les corridors cyclables du Plan urbain de mobilité
En 2022 ce RAVeL L31 a été élargi entre Liers et Ans, dans
le cadre des corridors cyclables du Plan urbain de mobilité de Liège. Perso, j’ai d’autres priorités ; mais je
vous laisse savourer le vocabulaire qui sert à justifier ces budgets.
Nous sommes sur une cyclostrade, une autoroute à vélos, ou
encore voie express vélo, « un itinéraire continu clairement
identifiable, inclusif, qui assure un rôle collecteur pour des déplacements
quotidiens à vélo et engins assimilés et qui répond de manière optimale aux
besoins de cyclabilité. Cette colonne vertébrale des réseaux cyclables
structurants locaux occupe une place
importante parmi les projets visant à favoriser le transfert modal au travers
de la mise en place d’itinéraires à haut potentiel cyclable. Le seuil
d’utilisation de référence à long terme est de 2000 cyclistes/jour dans les
deux sens. Dans cette optique, les cyclostrades sont aménagées avec une largeur
cyclable recommandée de 2 m par sens de circulation afin de rouler à deux de
front, permettre le dépassement et circuler avec des cycles larges.
Les cyclostrades sont
inclusives. Elles ont pour fonction d’accueillir l’ensemble des usagers de tous
âges se déplaçant quotidiennement en cycles, à savoir les divers types de vélos
sans assistance, les vélos à assistance électrique et les cycles motorisés, de
même que les engins de micromobilité non-motorisés, ou les engins de
micromobilité motorisés dès lors qu’ils dépassent l’allure du pas. Il s’agit d’itinéraires pour le transport de
personnes et de biens (livraisons) ».
Ces cyclostrades sont tellement « inclusives » que
certains veulent les partager avec ces « tri-bus » qui se grefferont demain sur
le tram (bus doublement articulés à haut-niveau de services entre Ans et
Montegnée)…
La Berwinne rigole
Le paysage qui se déroule devant nos yeux est plutôt plat :
on est sur le « plateau de LIERS« . Point de vue hydrographique, nous n’avons
pas la moindre petite rivière. L’eau est sous nos pieds : la craie du Crétacé abrite
une importante nappe phréatique qui est le deuxième réservoir d’eau souterraine
de Wallonie. Elle produit l’eau de distribution de la grande majorité de
l’agglomération liégeoise. La grande
perméabilité du bassin issue de cette craie ne favorise pas l’écoulement de
surface ; le bassin du Geer comporte donc la densité de cours d’eau la plus
faible de Belgique.
![]() |
photo Jan Nyssen |
La Berwine rigole sur notre droite, avec ses berges
cimentées , n’a pas volé son nom. On peut avoir l’impression que cette rigole
été faite pour le bassin d’orage. Mais sur
des vieilles cartes on retrouve cette rigole à l’emplacement de la Rue de la Berwinne.
Pour le commun des Liersois, la « Berwinne rigole »
est invisible. Elle est souterraine en-dessous du Domaine Martel. Selon le blog « Les Douze », « un talweg assez important, par
ailleurs qualifié ‘ruisseau’, ou bien ‘Berwinne rigole’, traverse la rue E.
Lerousseau (« A la Digue ») par une longue courbe rentrante dans les
champs et sous la ligne de chemin de fer de Tongres, rejoint le Fond Maghin et
va se perdre dans le Geer. En son temps, ce « ruisseau » alimentait
tout un chapelet d’étangs où s’abreuvait le bétail. C’est par la « Berwinne
rigole » que s’évacuent, maintenant, les égouts de Liers ».
Il n’y a pas que les égoûts de Liers! Selon le contrat
rivière pour le Geer, le bassin versant
de la rigole fait 34km², avec une
population totale de 26931 habitants
dont 26610 en assainissement collectif (Ans 4.78 km² 13.9% Bassenge 2.24 km²
6.5% Herstal 3.88 km² 11.3% Juprelle 18.26 km² 53.3% Liege 5.12 km² 14.9%).
Ce qui complique un peu les choses, c’est que la BerwinneRigole s’appelle aussi Rigole d’Alleur ou encore ou Rigole de Juprelle.
La rigole se jette dans le Geer à Glons, sous pertuis depuis
le Fond de Couvenaille. Elle est compté
dans les principaux affluents du Geer, même si avec ses 5133 mètres elle semble
petite par rapport à l’Yerne (32 km; bassin versant superficie 63.2 km2 ). Le
Geer est encore alimenté par le Ruisseau d’Omal, la Mulle, le Roua de Thys, le
Grand Roua (Ezelsbeek), l’Exhaure d’Ans (Beek), et le Zouw.
La station d’épuration de Paifve est déclassé. Reste LANTIN et le FOND DE COUVENAILLE
Si sur le plateau de Liers les inondations sont rares, c’st
le contraire pour le Geer qui sorte souvent de son lit. Et ce qui n’arrange pas
les choses, c’est qu’elle est la rivière la plus transfrontalière de Belgique,
avec pas moins de 10 passages de frontières régionales et un passage de
frontière nationale.
Le Ravel 31 et le champ de bataille de 1746
Le Ravel 31 suit le front de
la bataille de Rocourt. La prise du point surélevé de l’arbre à Sainte Barbe,
un arbre de justice, marqua en 1746 la victoire des Francais. Louis XV vint
visiter le champ de bataille le 19 juillet 1747, lors du siège de Maastricht. Napoléon
s’y est fait expliquer le déroulement de la bataille en août 1803. L’arbre
d’origine a disparu, d’une mort naturelle. Un jeune exemplaire encore peu
impressionnant le remplace, avec un panneau explicatif à côté, le long de la
rue du même nom, à Rocourt. C’est un des
seuls témoins de cette bataille, avec la ferme de Tilice et le petit
monument à Dalles -Slins érigé à l’occasion du 250 ème
anniversaire de la bataille, en 1996. Sinon, il y a le château de Chambord, où
le vainqueur Maurice de Saxe a orné sa cour avec six canons et seize drapeaux enlevés
à ses adversaires à Raucoux. Les vainqueurs évaluent les pertes de leurs adversaires à
12.000 dont 8.000 tués et blessés, 1.000 noyés lors de la retraite, 3.000
prisonniers et déserteurs, 20 drapeaux, 71 canons, contre 3.500 pertes chez eux,
soit 1150 tués et 2.350 blessés.
L’année suivante, le 24 mars 1747, le chapitre cathédral insiste
pour que « les corps morts, restés
sur les campagnes de Rocour et Voroux depuis la bataille du 11 octobre dernier,
soient tellement enterrés qu’ils ne causent aucune infection. Les tréfonciers
exigèrent que les villages dépendant de cet illustre Chapitre qui sont une
lieue à la ronde des dites campagnes aient sans tarder à se mettre à l’œuvre
pour donner une sépulture convenable aux soldats défunts. Le prince-évêque
Jean-Théodore de Bavière demande aux habitants d’Ans et de Rocour de tenir
leurs chiens à l’attache pour les empêcher de déterrer les corps morts dans la
campagne ».
Le Ravel de liaison Meuse- Liers
Pour le retour nous emprunterons le Ravel de liaison Meuse- Liers par la Rue
des Ragayets. Nous continuons sur la Rue
Hardisse Voie, qualifiée « Chaussée » au lieu-dit « Petit Pavé ».
En fait cette chaussée fait partie de la
Vieille Voie de Tongres. Nous quittons ici le Ravel et les points nœuds pour
rejoindre la gare de Milmort par le zoning.
La rue Clerbeau : un Registre
des dégâts miniers du charbonnage d’Abhooz impressionnant:
Nous descendons la rue sous Thier pour aboutir dans la rue
Clerbeau. Le
Registre des dégâts miniers dans cette
rue (archives du charbonnage d’Abhoz
Milmort Cladic-WF-ABFH-n°29) est
impressionnant:
– en 1903, l’eau du réservoir de la ferme Dargent n’a pas
complètement disparu, mais ce qui reste contenant beaucoup de boue, les bêtes
refusent de la boire, on fait conduire de l’eau par tonneau. DARGENT se plaint également de l’état des
murs de la grange qu’il possède près de l’école et vis-à-vis de la maison
communale. L’état des murs est tel que l’instituteur a défendu à ses élèves de
jouer près de la grange pour éviter tous dangers.
– A la maison HERMESSE-TASSET il y a de nombreuses fissures
dans les murs, les montants de la porte de l’écurie aux chevaux, pourtant déjà
réparées en 1902, sont hors d’aplomb. On a réparé les portes et fenêtres que
l’on ne pouvait plus fermer. En juin 1904,
on a réparé le four à cuire le pain qui par suite des fissures ne pouvait plus
être utilisé.
– Louis LEBON, locataire de la maison de Alfred DUPONT, au
n°7, se plaint en 1904 que la cheminée de la maison est crevassée, les briques
tombent sur le toit, et par ces tuiles cassées il pleut dans la maison et la
cheminée ne tire plus.
– A la maison Pierre TASSET, au n°25, le four à cuire le
pain est lézardé.
– A la maison Veuve GHYSENS, au N°s 30 et 31 le propriétaire
a fait boucher la fenêtre du coté de la ferme Dargent dont la voute menaçait de
tomber. La fenêtre a été réparée en mai
1903 et par la suite on a réparé le four à cuire le pain.
– Le 25 juillet 1903, Remy FREDERIC-STASSART au N°39 signale
par lettre recommandée que les fissures deviennent plus nombreuses.
– Au N°51 ( la maison de la Vve BARBE-LOLY, belle-sœur du
Bourgmestre de Milmort, louée à la Veuve LEMOINE), on a réparé les fissures
dans le mur attenant à la bergerie quoique le charbonnage ne se soit pas
déclaré responsable des dégradations car la maison a été construite sans
fondation..
– De même au N°52 ( la maison de la Vve BARBE-LOLY, louée à
CROTTEUX) on a constaté en juillet 1903 quelques fissures et réparé les
escaliers.
Chal vos estez el valleye d’Aaz
Au-dessus de la rue Clerbeau « Milmort s’éveille »
a mis un panneau : « chal vos
estez el valleye d’Aaz ». L’eau qui tombe ici va à la vallée de l’Aaz, même si aujourd’hui ce
vallon est sec. Les sources sont à Hermée, rue du Broux. C’est une des branches de l’Aaz.
Le relief est peu lisible, depuis l’aménagement du chemin de
fer, et les travaux de nivellement dans le zoning des Hauts Sarts. Mais les
anciens se rappellent de plusieurs étangs qui abreuvaient le bétail des fermes
le long de ce vallon sec. Et les douves du manoir de la rue de Hermée étaient
au départ alimentées par ces sources.
La ligne de partage des eaux Rida-Aaz passe à hauteur de la
Ferme du Bêche et puis un peu au Sud du Café de la Gare. Il y a un « col » dans
ces rues… Le quartier de la gare draine vers l’Aaz en légère pente, en suivant
la Rue de Hermée.
Je dis que c’est un vallon sec, mais les apparences sont
trompeuses. Par belle et par laide, l’eau cherche son chemin. De Vottem à Milmort il y a un chapelet de
sources au–dessus de l’argile ou la smectite de Herve (djelle en wallon). Mais cette
smectite est aussi est une argile gonflante qui a la propriété d’accumuler de
grande quantité d’eau (phénomène de gonflement ; ou, inversement, un phénomène
de retrait et desséchement en période de
sécheresse). Ces nappes d’eau piégées dans les lentilles sableuses sont parfois
soumises à des phénomènes de boulance (soulèvement brutal du sol par la
pression de l’eau piégée). A Manaihan (Herve), le 14 septembre 1998, une maison
s’est écroulée et il y a eu aussi d’importants dégâts à une station de
distribution de gaz, la rupture d’une canalisation d’eaux usées industrielles
et le basculement d’une annexe d’une menuiserie.
Lorsqu’on a refait l’égouttage de la rue du Clerbeau, on est
tombé sur une loupe d’eau qui a empêché de poser l’égoût à la profondeur
prévue.
L’eau est évidemment très présent un peu plus bas, rue du Broux
à Hermée. Broek, comme Broekselles, autrement dit un marais. Depuis plusieurs
décennies, le quartier attendait un égouttage. Lorsqu’en 2020 on décide de
passer à l’acte, on a d’abord un retard pour l’aménagement d’un bassin de
temporisation rue de Fexhe-Slins censé réceptionner toutes les eaux de pluie
qui proviennent des champs pour ensuite être relâchées progressivement dans le
réseau d’égouttage. Les propriétaires,
jugeant le prix proposé trop bas, refusaient de vendre le terrain prévu pour ce
bassin. Lorsque les travaux peuvent enfin démarrer avec des mois de retard
l’AIDE découvre des canalisations qui ne devaient pas se trouver à cet endroit.
Mine de rien, le bassin hydrographique de Grand Aaz s’étend sur une superficie
de 15 Km². Le Grand Aaz passe, comme le Geer, sous le canal Albert pour se
jeter dans la Meuse, à côté de la clinique Notre Dame, après un parcours de 8
kilomètres et un dénivelé de 60 mètres.
Si après toutes ces explications savantes, vous auriez le
gosier sec, il y a la café de la gare qui vous attend….
Sources
Le Réseau Vélotourisme points-nœuds Province de Liège. https://pointsnoeuds-provincedeliege.be/telechargez-nos-cartes
balade sur la A601
http://hachhachhh.blogspot.com/2016/04/23ieme-balade-sante-mplp-herstal-dans.html
Sur la Berwine rigole http://eau.wallonie.be/fme/mv21r.pdf
Fiche de caractérisation de la masse d’eau de surface MV21R Rigole d’Alleur
District hydrographique international de la Meuse Cycle de Plans de gestion III
– 2022-2027