Les ACEC de Herstal : une friche, un Masterplan et un glorieux passé de luttes sociales
Le PTB Herstal
organise une présentation du livre « Robert
Dussart, une histoire ouvrière des ACEC de Charleroi », d’Adrian
Thomas, le vendredi 17 décembre, dans la salle de MPLP Herstal (entrée par la
rue des sept Bonniers).
Ce livre est d’abord une biographie de Robert
Dussart, le syndicaliste emblématique des ACEC de Charleroi. Mais l’on retrouve
dans le bouquin beaucoup d’éléments sur les ACEC de Herstal, vu que les ACEC
avaient des intenses contacts syndicaux inter-sièges.
De mon côté j’avais déjà publié un blog, en
2009, à l’occasion de la plaque-mémorial sur le mur de la Fabrik dédiée aux
membres du personnel des ACEC qui ont donné leur vie lors de la deuxième guerre
mondiale, et ensuite, en 2016, sur l’implication des ACEC Herstal dans la grève
des femmes de la FN. Depuis il y a aussi un Master-Plan pour les ACEC qui m’a
inspiré plusieurs blogs.
Le livre d’Adrian apporte pas mal d’éléments
nouveaux sur l’histoire sociale et économique de cette usine, ce qui m’a incité
à des mises à jour de mes blogs, et à ce nouveau blog qui reprend principalement
le lent déclin et la fermeture.
1940 : Louis Neuray et le Comité de Lutte Syndicale
En 2009 le propriétaire de la Fabrik – un hall d’évènements qui s’est installé sur le site – a fait
reproduire à l’identique la plaque d’origine dédicacée aux « 13
membres du personnel disparus pendant la guerre ». Elle avait été
volée. Il m’avait écrit à propos de ce
Mémorial que « c’est un site qui me
fait vibrer. On sent la douleur et la transpiration des ouvriers a l’époque. Ca
impose le respect ». Je m’étais étonné de ne pas y retrouver le nom de
Louis Neuray, délégué des Comités de Lutte Syndicales (CLS, les syndicats
clandestins sous l’occupation) aux Acec Herstal sous l’occupation. Mais Louis
n’a pas disparu, mais est revenu. Ce qui m’a incité à écrire un blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/a-la-memoire-de-louis-neuray-delegue.html
Adrian Thomas m’apprend que cette plaque a été
apposée dans la cadre d’une campagne menée par Louis Neuray dans les trois
sièges des Acec. Il a fait apposer des plaques en souvenir des victimes
lorsqu’il apparaissait après la libération que la direction des ACEC ne serait
pas poursuivi.
L’activité militante à Herstal dans l’après guerre
Nous avons une idée de l’activité militante à
Herstal dans l’après guerre via une source très spéciale : André Moyen,
numéro 2 du contre-espionnage belge et dirigeant d’un service de renseignements
privé, financé par la Société Générale et Brufina. Ces trusts payaient Moyen
pour une vérification politique des employés de leurs nombreuses usines. Adrian
a retrouvé dans les archives de l’Union Minière des notes adressées au
directeur des ACEC Devillez concernant ses délégués syndicaux. C’est ainsi que
nous apprenons que le départ soudain du flamboyant Louis Neuray en 1948 laisse
ses camarades de Herstal orphelins d’une figure dirigeante, du moins jusqu’à fin
1953 où l’Unité, leur journal
d’usine, est publiée à nouveau régulièrement. Un rapport interne d’avril 1952
atteste la reprise de l’activité militante dans cette usine de la Basse-Meuse,
sûrement grâce aux permanents ouvriers René Beelen et Léon Timmermans qui y
dirigent les réunions, avant que ClémentTholet n’en prenne la tutelle après la
grande grève de 60-61 (Dussart p.89-90).
L’influence de Clément sur Jules Letems,
délégué principal qui succède au renardiste Henri Gillon, paraît avoir été
décisive sur la pérennité de la cellule communiste des Acec. La FGTB et le PCB
locaux sont néanmoins dépassés par la grève féministe de 1966 et ne joueront
qu’un rôle passif dans les grèves à venir, à l’exception du moment-clé de 1979
(cfr plus bas : la grève pour les 36 heures). Léon Warlomont, lui aussi
délégué principal, communiste, reprendra le flambeau jusqu’en 1986 (Dussart
p.461).
1966 : les femmes grévistes de la FN et des ACEC
Lors de la grève des femmes de la FN, en 1966,
les Acec avaient aussi leurs femmes-machines qui ont joué un rôle important. Germaine
Martens, qui avait lancé cette grève, raconte : «Dés le début, notre action a porté sur l’élargissement de la grève aux
autres entreprises occupant du personnel féminin. Nous sommes allées en
délégation aux portes des ACEC. Ce
furent d’abord nos camarades des ACEC qui formèrent leur comité d’action. Nous
nous sommes rendues plusieurs fois aux ACEC Charleroi. Le 24 mars Charleroi
débrayait pour 24 heures, avec une manifestation dans les rues de Charleroi, avec
nos calicots en tête. Nous y sommes retournées à plusieurs reprises.
Finalement, suivant notre exemple, les ouvrières de Charleroi débrayèrent
contre l’avis de leurs dirigeants, et formèrent elles aussi leur Comité
d’Action ».
Dans le bouquin d’Adrian nous avons la version
de Robert Dussart, qui était à l’époque délégué principal aux ACEC de Charleroi
(p.199). Un petit extrait : « Dussart
a marché sur des œufs durant cette grève spontanée. Le Renardiste Henri Gillon,
délégué principal des ACEC-Herstal, divergeait de Charleroi, de même que
Davister et les autres pontes de la FGTB fortement hostiles à cette grève. En
plus, il y avait des tensions au sein du Parti Communiste Belge, entre la
fédération et la cellule des Acec ».
Roger Romain, permanent fédéral du PCB entre 1965
et 1990 exprime en 2006 sa déception de ne pas avoir réussi à élargir cette
grève aux Acec de Charleroi : « les
femmes de la FN avaient absolument besoin de la solidarité agissante des autres
entreprises : une grève de solidarité des femmes des Acec de Charleroi
(quelque 7.000 travailleurs à l’ époque!) était indispensable: le président et
25% des délégués syndicaux Fgtb étaient communistes et l’entreprise comptait
quelque 300 adhérents. La FGTB liégeoise était contre la grève « sauvage »
des femmes de la Fn. Un tract de la
Fédération communiste avec le député-président Georges Glineur n’est jamais distribué
aux Acec de Charleroi devant les réticences de la délégation syndicale des Acec ».
La fin d’une histoire centenaire
![]() |
vue aerienne des ACEC années 50-60 |
Dans les années 30 les CEB (Constructions
Electriques de Belgique) s’étaient installés sur une partie du champ d’épreuves
de la fonderie des canons (Saint Léonard). Après guerre les CEB sont absorbées
par les ACEC (Ateliers de Construction Electriques de Charleroi). Ce groupe
était contrôlé par la Société Générale qui s’allie d’abord avec Philips (d’où
le nom ELPHIAC (ELectrothermie PHIlips-ACec). Lorsque Philips décroche, la
Générale vend en 1971 sa filiale ACEC à Westinghouse.
Le livre d’Adrian Thomas décrit très bien la
fin des ACEC : c’est la débandade, avec l’OPA de Carlo De Benedetti sur la
Société Générale en 1988. Le holding vend ses bijoux de famille. Quelques
usines sont vendues à la CGE subsidiaries (Alstom, Alcatel). L’usine de Herstal
est fermée l’année après. On fourre toutes les participations sans avenir dans
Acec-Union Minière. Lorsque tout ce qui est monnayable est vendu, y compris les
terrains et bâtiments, Union Minière prend le nom d’UMICORE.
Ce qui ne veut pas dire que les travailleurs
se sont laissé faire.
![]() |
entrée ACEC rue en bois années 40 |
Plusieurs grèves secouent les ACEC, comme le 9
et 15 février ou le 23 avril 1971 sur les sites de Gand et Charleroi. Herstal
débraye, suite à la perte de 73 emplois, du 15 février au 4 juin, durant 109
jours ! Les 4 sièges font encore grève le 1er juillet 1971,
toujours pour l’emploi. Il n’y a pas de licenciements directs, mais des
prépensions et mutations. En 1974 Ruysbroeck, Gand et Herstal sont réduits à
moins de mille travailleurs chacune.
En 1976 les employés de Charleroi et Herstal font
grève du 26/3 au 19/4. Fin de la même année les Acec Herstal occupent leur
usine pour une raison insolite : les six archivistes se mettent en grève
pour une hausse salariale et une bonne partie des ouvriers se croisent les bras
en solidarité. Les gendarmes brisent le piquet (Dussart p.256, 263 et 270).
En mars 1977 la part de Westinghouse dans le
capital est ramenée à 47,9%. C’est un tour de passe-passe : la banque
Degroof qui récupère 19,1% appartient à la banque new-yorkaise Mellon,
principal actionnaire de Westighouse.
1979 est marqué par la grève pionnière des
ACEC pour les 36 heures, chef d’œuvre de Dussart, pour laquelle je vous renvoie
au livre d’Adrian. C’est la plus longue grève qu’ont connu les ACEC : 87
jours. Les ateliers de Herstal ont été occupés sans interruption. Les ACEC sont
la première entreprise industrielle à appliquer les 36 heures.
1981 centenaire des ACEC
En 1981 les ACEC fêtent leur centenaire par
une fête du personnel au Palais des Expositions de Charleroi, avec 6000
convives. Les ACEC sont encore le 13ième employeur privé du pays,
avec près de 8.000 salariés directs et cinq fois plus indirectement. Mais à
partir de 1983 s’engage un processus qui aboutira dix ans plus tard à l’effacement de l’usine. La masse
salariale se réduit à 6.321 postes en 1984. En 1985 Westinghouse refile ses 49%
à la Société Générale (SGB) qui s’était associée à la CGE (Compagnie Générale
d’Electricité qui deviendra plus tard Alcatel). En 1985, ACEC revend au groupe
américain Inductotherm ses filiales Elphiac (Herstal), HWG (RFA) et Elphiac do
Brasil, productrices d’équipements d’électrothermie industrielle.
Dussart part en pension le 6 juin 1986, après
cinquante ans de carrière aux ACEC, or que la prépension lui était ouverte
depuis 1978. On dirait que sa présence a bloqué le démantèlement : deux
mois après son départ, le couperet tombe : 1140 postes sont supprimés. Les
ACEC tombent à 4.700 emplois.
Des ACEC à l’Union Minière
Michel Capron écrit dans « Des ACEC à l’Union minière. L’éclatement d’une grande entreprise
(1983-1992) » (Courrier hebdomadaire du CRISP) comment fin 1986, la FGTB contre-attaque en déposant un cahier de
revendications comprenant les 32 heures/semaine. A l’issue du conseil
d’entreprise où sont rendues publiques les pertes d’emploi prévues, il y a un
arrêt de travail à Herstal, suivi d’une manifestation le 24 septembre. La
déception est grande face aux promesses d’investissements de reconversion non
tenues après la cession d’Elphiac. Les leaders de la FGTB liégeoise, C. Gluza
et U. Destrée, refusent de négocier le volet social tant que ses promesses ne
se concrétisent pas. La direction des ACEC réagit en recentrant la division
d’Herstal sur le seul secteur électromécanique qu’elle filialise.
Les filialisations constituent l’axe central
des actions en 1988. En février-mars, un premier long conflit a pour enjeu la
survie du siège de Herstal, avec une grève de 24 heures, le 1er février. Le 11
février, les travailleurs manifestent devant l’hôtel de ville de Liège. La
direction est séquestrée le 26 février. La grève est totale le 8 mars, lorsque
la direction veut récupérer la perte de l’exercice 1987 (BEF 60 millions) par
l’accroissement du temps de travail et une moindre intervention dans le chômage
partiel, dont le taux monte à 50%. Un accord intervient finalement le 22 mars.
Le revenu net est maintenu, l’emploi est garanti jusque fin 1988, mais les
crédits d’heures syndicaux sont rabotés et les travailleurs doivent accepter une
mobilité professionnelle. Le conflit rebondit néanmoins à la mi-octobre et
cumule le 30 octobre dans une manif devant le siège de la SGB à Bruxelles.
Fermeture du siège de Herstal
![]() |
photo IHOES Herstal à l’ancienne |
Début 1989, la division Transports, qui est
active dans le domaine de la signalisation et de la traction pour les chemins
de fer et les transports urbains, passe sous le contrôle de la société
française Alsthom. Après la division énergie, et les activités de contrôle
industriel, c’était la troisième division des ACEC qui passe ainsi sous contrôle
français. C’est 500 personnes à Charleroi, mais le siège de Herstal, où sont
occupés 136 travailleurs, sera fermé.
Jugeant la prime de départ trop faible (BEF
450.000 bruts, préavis compris), la FGTB décide l’occupation, avec mainmise sur
un « trésor de guerre » (BEF 50 millions de stocks et de produits
finis). Le 10 février, un accord entre FGTB et direction octroie une prime de
départ de BEF 230.000 nets, une prime de BEF 10.000 bruts pour dommage moral,
les indemnités du Fonds des fermetures et les préavis légaux à cinquante-cinq
travailleurs, tandis que vingt-cinq ouvriers sont transférés à Charleroi comme
chômeurs de longue durée.
Un vent de faillite souffle sur ACEC
Mais ces restructurations n’éloignent pas le
spectre de la faillite qui se précise. Le passif bancaire et social –resp. 2,4 et
3,5 milliards – mis en regard des recettes potentielles (y compris le produit
attendu de la revente de la division Espace-Défense et Télécommunications), le
trou est évalué à 3,8 milliards!
La SGB promet de réinjecter un milliard BEF,
sous réserve d’un effort similaire des pouvoirs publics (1.600 millions), des
créanciers (600 millions) et les pensionnés et prépensionnés (500 millions).
Ce plan de redressement connaît plusieurs
versions. Le passif social est étalé sur quinze ans. Le Fonds des fermetures
injecte BEF 520 millions, remboursés progressivement par la vente d’immeubles.
On attend BEF 400 millions de la vente des sièges de Herstal et Gand, et BEF
300 millions de la cession progressive à la Région wallonne de 49%
d’ACEC-Energie et ACEC-Automatisme.
Les ACEC moribondes ‘absorbent’ l’Union Minière
![]() |
photo Paul Mahy |
Mais la Générale table surtout sur la
valorisation du crédit fiscal des pertes reportées des ACEC, le seul «actif»
qu’elle semble encore pouvoir valoriser… En juillet 1989 les ACEC
déficitaires, au bord de la faillite, absorbent l’Union Minière, dont les
actifs étaient évalués à 46 milliards (Le Soir 12/01/1989 et
1/02/1989).
La législation permettait de récupérer le
passif des Acec amortissable à l’impôt des sociétés en y diluant les bénéfices
de l’Union Minière. L’idée de la fusion émanait… du gouvernement lui-même qui
préférait valoriser les 10 milliards de pertes fiscales des Acec plutôt que de
subir la faillite qui aurait coûté plus cher aux pouvoirs publics. Le ministre
des Finances, Philippe Maystadt, avoue découvrir « à l’occasion de cette affaire la technique permettant d’utiliser
les fusions pour valoriser les pertes fiscales. J’ai alors chargé mon
administration d’étudier les moyens de mettre fin aux abus, d’autant que de
véritables «bourses aux fusions» existaient à l’époque, surtout en Flandre. Une
disposition de la loi-programme de décembre 1989 limite désormais la déduction
des pertes à concurrence de l’actif net de la société absorbante. En
l’occurrence, Acec étant une «coquille vide», l’opération aurait été impossible »
(Le Soir 31/05/1989 et 5/03/1992).
1991 : G.D. Longueville, le Tapie local, fait le pari de
revitaliser Acec-Herstal
Acec-Um espère tirer BEF 400 millions de la
vente des sièges de Herstal et de Gand. C’est une surestimation et aucun
acheteur se pointe, jusqu’à ce qu’un Tapie liégeois se présente. En 1991 ACEC
-UM vend le site des ACEC Herstal à la société BL2, dont le directeur, J.-M.
Longueville avait racheté auparavant la Forge de précision de la FN qu’il avait
rebaptise Euro Precision Forge. Il avait fait miroiter pour EPF un plan
d’investissement de 300 millions en deux ans. Le chiffre d’affaires d’E.P.F. allait
passer de 390 millions en 1990 à un milliard en 1992 pour un effectif de 200
unités.
A première vue, ce bureau BL2 était du
sérieux. Créé en 1973, BL2 avait survécu à deux périodes difficiles en 1976 et
1983, et était devenu un bureau d’études avec dans son carnet de commandes la
nouvelle brasserie Interbrew à Jupille (investissement 5 milliards), la 7e
ligne de galvanisation de Phenix Works, Ségal, Uniroyal, l’Assurance Liégeoise,
etc…
![]() |
entrée ACEC rue PJ Antoine photo IHOES |
J.-M. Longueville avait donc un certain renom
lorsqu’il se présente pour acquérir les huit hectares de l’ancien siège
d’Acec-Herstal: « je m’intéresse au
site depuis deux ans. Je passerai l’acte de vente définitif avec les
propriétaires, Acec-Union Minière ». Prix d’achat? Top secret… Mais
largement inférieur à 240 millions qu’espérait obtenir Acec-UM en 1988.
BL2 prétend développer sur le site un centre
industriel intégré et implanter – « en
moins de deux ans! une quinzaine de PME.
28.000 m2 sont disponibles d’emblée: pour la moitié du prix de bâtiments neufs,
j’offre des espaces de qualité, des services communs (alimentation en
électricité et en air comprimé, élimination des effluents, restauration, centre
médical), un centre administratif (secrétaires multilingues, salle de
conférence, matériel bureautique,…), et un délai d’installation extrêmement
court… Trois mois au maximum, 30 jours s’il s’agit de dépôts ».
Sûr de lui, J.-M. Longueville en arrive même à
faire la fine bouche: « les
candidats se pressent, mais je privilégierai les implantations génératrices
d’emploi… » (Le Soir 30/03/1991).
Longueville ou l’empire éclaté
Six mois plus tard, la bulle éclate du côté EPF
(Euro Precision Forge, ex-filiale de la FN) qui est placée sous administration
judiciaire. L’empire Longueville échappe a son géniteur, mais l’activité économique
semble devoir être préservée: à travers un paravent carolo, Atenco (150
ingénieurs et 600 millions d’honoraires par an) prennent le contrôle de BL 2
(Lamoureux-Longueville). Le contrat qui lie BL 2 à Interbrew sur le chantier
géant de Jupille sera honoté. Interbrew avait d’abord tenté de provoquer un
rachat par Electrabel…
Le nouvel actionnaire garde J.-M. Longueville
dans ses fonctions d’administrateur délégué et maintenu son ex-associé,
M.Lamoureux, comme administrateur-directeur, responsable de la gestion
courante, sans participation au capital.
Trois ans plus tard, BL 2 tombe quand même en
faillite. Longueville qui se flattait d’être le seul Liégeois capable de créer
un emploi par semaine, disparaît des radars (Le Soir 30/09/1992 et 12/07/1995).
La friche des ACEC
![]() |
master plan ACEC |
Je suppose que c’est le curateur de cette
faillite qui revend en 1995 les terrains des ACEC aux plus offrants (très
souvent pour une bouchée de pain). Les Finances s’y installent, ainsi que quelques
PME pas toujours très recommandables. Un de ceux-là prétend y valorise des déchets d’Ytong, un
béton cellulaire à base de gypse qui est soumis à des règles spécifiques pour
la mise en centre d’enfouissement technique. Ces matériaux contenant des
sulfates peuvent conduire à la formation
de H2S, un gaz malodorant, mortel à hautes concentrations, lorsqu’ils sont
mélangés avec des déchets biodégradables. L’astuce est assez courant dans la
région liégeoise : on achète une friche où l’on stocke des déchets qu’on
prétende recycler, mais n’en fait rien. Cela mérite le tribunal, mais Urbéo vient
de lui racheter le terrain. On mettra l’Ytong en butte et on la couvrira d’une
couche de terre…
Il y avait jusqu’en 2016 encore un dernier
vestige vivant de Inducto-Elphiac : l’usine Inductotherm. On l’a
obligé de laisser la place à Verdir (Valorisation
de l’Environnement par la Réhabilitation Durable et l’Innovation Responsable).
Ce projet se base sur «le nomadisme
économique: des conteneurs empilables dans lesquels sont disposées les cultures
et qui peuvent être déménagés». Le seul nomade est une usine bien vivante
qu’on a délocalisée aux Hauts Sarts. Inductotherm Coating Equipment
couvre toujours le marché mondial des équipements sidérurgiques pour les
traitements thermiques et revêtements de tôles.
Herstal, la SPI, l’ULg et la région wallonne justifient ce déménagement par la nécessité d’acquérir
une partie significative des terrains pour imposer aux autres son Master Plan.
En 2014 Eric Haubruge, vice-recteur de l’ULg,
à la base de VERDIR, déclare: « sur cette friche industrielle de 25 ha située en milieu urbain il faut développer
des activités non-polluantes en accord avec le voisinage. Ensuite, nous avons
la possibilité de récupérer la chaleur produite par Uvélia (Intradel)».
Je n’ai jamais rien vu verdir, mais ça se peut
que quelque chose m’échappe.
Voilà un aperçu d’un siècle d’histoire
industrielle. La suite est encore à écrire. J’ai déjà écrit les premières
lignes. Voici les liens vers mes blogs sur le sujet
https://hachhachhh.blogspot.com/2019/12/herstal-verdir-et-le-master-plan-pour.html
Le projet de chauffage urbain est une des
pièces maîtresses du Master Plan pour la friche des Acec.
https://hachhachhh.blogspot.com/2019/09/le-master-plan-pour-les-acec-et-le.html
Et vous pouvez toujours me solliciter pour une
balade dans le coin, comme par exemple cette balade santé que j’ai fait en 2016, à partir du cœur historique de
Herstal, le long du Ravel Canal vers la friche des Acec. http://hachhachhh.blogspot.be/2016/05/balade-sante-mplp-loccasion-de-la-fete.html
Voir aussi :
Michel Capron, Des ACEC à l’Union minière.
L’éclatement d’une grande entreprise (1983-1992), Courrier hebdomadaire du
CRISP 1994/22-23 (n° 1447-1448) https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1994-22-page-1.htm