74ième balade-santé MPLP le long de l’extension du tram jusqu’à la Licourt
Lors de notre balade-santé MPLP (la 74ième !) d’avril 2023 nous avons suivil’extension Nord de la ligne de tram, entre la
Place Licour et la Place Coronmeuse. Le Boulevard Urbain est un paysage très minéral (quoique: près de
Coronmeuse, il y a ce double alignement de platanes, et un alignement de peupliers
d’Italie plantés il y a presqu’on siècle,
pour l’ouverture du canal. On pourra les voir dans toute leur majesté, avant la
table rase du tram).
Mais pour le reste, le « périmètre Tram élargi »
en vaut la peine, avec en bas de la Licourt ce qui reste du quartier du Rivage.
On est là au niveau de la Meuse et l’île Monsin d’avant le canal. Il y a aussi ce
chantier naval avec entre autres ce projet de bateau de sauvetage des SAUVETEURS
EN MER SNSM ; projet dont on peut mesurer l’avancement en fonction de
l’état de santé fragile du constructeur. Il y a même une miellerie de la Meuse,
même si je n’ai jamais vu beaucoup d’abeilles.
Au bout de notre balade nous aurons le projet
‘Rives Ardentes’ qui vise des acheteurs intéressés par le tram.
C’est aussi l’occasion de voir l’Espace
Hayeneux et le Musée Ephémère en-dessous du nouvel
hôtel de Ville. Et de faire l’expérience de la montée de la future station CŒUR
DE VILLE vers la place Jaurès.
Au bout de notre balade, à 12h, ceux et celles
que ça intéresse pourront visiter notre musée où l’on nous expliquera le potentiel
archéologique sur le tracé du tram.
Je répète : c’est le dimanche 16/4 :
le dimanche avant c’est Pacques : nous faisons donc une exception à la
règle du 2ième dimanche du mois.
Rendez-vous à 10h Place Licour, devant l’église.
La Licour
Place Licour est un pléonasme. La Licourt (avec
un t final ?) est le cœur historique de Herstal, sur un éperon
rocheux protégé des inondations. La maison Lovinfosse qui abrite le musée est
de 1664. La maison du Receveur des domaines du Prince Evêque n’est plus là. Le 17 août 1789, la nuit avant
la prise de la Violette, « quantités de
personnes de la Préalle, tous armés de fusils, de sabres, de fourches se sont
assemblées pour démettre les Bourgemestres » (et de démolir en partie cettemaison qui servira encore de maison communalejusqu’en 1902. La pompe était la première pompe publique. En 1774 le conseil de
la régence, « ému par le grand
danger que connaît le quartier de la Licour à cause de la disette d’eau,
réclama aux états de Liège l’établissement d’une pompe ».
La place a perdu son caractère ‘fermée’ avec
le canal Albert. Le Banc de la Liberté au fond de la place a été financé par
souscription publique, dont le charbonnage de la Grande Bacnure qui avait
souscrit en partie pour faire oublier sa collaboration (plus ou moins obligée)
avec l’occupant. La statue en bronze vient d’être volée.
L’église a été reconstruite en 1677, en 1737, en
1750, après un incendie, restaurée en 1825 et en 1914. Lors du creusement d’une
chaufferie on a mis à jour une maçonnerie qui était peut-être le seul témoin du
bâtiment primitif, l’oratorium’ du palais carolingien. La fabrique d’église
s’ingénia « à endormir la méfiance de la Commission royale des monuments » et à enfouir ces vestiges.
A l’époque des guerres de religion Guillaumed’Orange était Seigneur de Herstal (Willem Alexander, et la maison royale de
Hollande porte toujours le titre de Seigneur de Herstal !). Suite à son mariage
en 1561 avec Anne de Saxe, protestante, Guillaume change de religion et devient
persona non grata. Il engage sa Seigneurie de Herstal pour 26.000 florins afin
d’empêcher l’Inquisition de confisquer ce bien.
François Hanxeller, ‘seigneur gagiste de
Herstal’, y construit en 1575 un manoir. En 1603 lorsque la paix revient,
Herstal retourne aux Nassau. Ce château fut démoli en 1854 ; le seul vestige
qui nous reste est la tour dite « Pépin » (photo).
La Licourt et l’arrivée du tram
Que deviendra ce patrimoine avec l’arrivée du
tram ? Le Schéma directeur paysage (p.76) fait rêver : « un seuil majeur d’entrée de ville qui
bénéficie d’une situation extraordinaire en surplomb sur le canal Albert avec
une vue imprenable sur les coteaux situés en vis-à-vis. Le site cadré par trois
fronts bâtis fuyants dont celui plus isolé de l’église qui déroule son parvis
dans la pente dessine une place aux formes diffuses et contrastées. La place
opérant une conversion piétonne radicale pour permettre le passage du tramway
modifie en profondeur sa physionomie et ses usages. Une trame régulière prenant
appui sur l’orientation de l’église Notre-Dame de L’Assomption redessine cette
place par le calepinage du revêtement de sol et la trame arborée. Un collier
végétal composé d’arbres ornementaux de 1ère grandeur s’insère sur la façade
nord de la place. La hauteur de la canopée diminue au centre de la place où le
végétal en cépée se veut précieux avec des floraisons spectaculaires. Deux
arbres existants sont conservés dont le superbe hêtre pourpre centenaire élevé
au rang de monument. C’est d’ailleurs aux côtés du rassemblement des monuments
dédiés aux guerres et à la Liberté que le pôle mémoriel trône sur le haut de la
place. Plus bas, on retrouve le pôle d’échange multimodal (PEM) le long du
boulevard Albert 1er. Pour atténuer ponctuellement l’aspect minéral de la
place, quelques massifs seront implantés dans des endroits stratégiques afin
d’aménager des espaces plus intimes».
Pas un mot sur le déplacement du banc de la
Liberté qui, il est vrai, n’est pas un espace très intime.
« Sur
les 11 arbres existants, 9 seront abattus dont 2 remarquables et un arbre sera
transplanté. En compensation, un mail de 53 arbres sera créé avec le maintien
du hêtre et de l’olivier (transplanté). Cette place minérale accueillera des
évènements commémoratifs ou festifs »( EIE p.76).
Pour la commémoration des guerres, vu le
nombre d’anciens combattants, ce ‘pôle
mémoriel’ suffira. Mais je ne vois pas très bien me slalommer entre deux
trams lors d’un évènement festif…
Un pôle d’échange avec les bus TEC ?
L’Etude d’incidences prétend que «la station terminus de la ligne moyenne est
aménagée en pôle d’échange avec les bus TEC ». Je ne vois pas comment
accueillir les différentes lignes de bus, en-dessous de l’église, sur un
boulevard qu’on est en train d’aménager en double sens (18 bus/heure, avec 6 lignes de bus, dont 4 lignes en
terminus).
A moins de mordre sur le cimetière, comme on
l’a fait pour le canal Albert en 1930 ? Concernant ce cimetière, deux anecdotes.
En-dessous du boulevard, à l’extrémité du cimetière, se trouvait la partie
réservée à l’inhumation des gens décédés en dehors du culte catholique. Selon notre
historien Pierre Baré, « les
fanatiques et les intolérants désignaient cette partie non bénite trou des
chiens ou encore coin maudit ou coin des réprouvés. Elle était séparé de
la partie bénite par un fossé, et restait tout à fait négligé : on y
laissait croître librement hauts herbages et orties. Bien que la loi du 23
prairial de l’an XIII eut interdit dans les cimetières toute division non
justifiée par l’existence dans une ville de plusieurs cultes reconnus, le trou
des chiens persista à Herstal jusqu’environ 1880 ».
Herstal avait aussi « le désagrément de recevoir le plus grand nombre de cadavres des
malheureux qui tombent dans les eaux par accident ou s’y jettent
volontairement. C’est ainsi que du 1er janvier au 31 août 1852 17
cadavres ont été retirés de la Meuse et du canal, dont 13 sont restés inconnus »
(rapport communal de 1853).
On vient d’y terminer le chantier du chauffage
urbain. Il faudra le déplacer, ne pouvant passer en-dessous des rails. C’est semble-t-il
« un petit imprévu et l’occasion de
prolonger le réseau de chauffage urbain jusque Coronmeuse et élargir son
envergure ».
La rue Heintz et le Rivage
Nous prenons la ruelle du Vieux Moulin. Ce
moulin était le neuvième alimenté par le Rieu des Mollins. Aujourd’hui ce rieu
ou Rida coule en-dessous des voûtes du Faux-Rieu.
Nous longeons le Boulevard Albert Ier pour
déboucher dans la rue de la Roche (souvenir de l’éperon rocheux à la base de la
première implantation). En face de la rue Richard Heintz se trouvait le pont
tournant N°3 du canal Liège-Maastricht. En 1931 notre historien local André
Collart s’est fâché contre le changement de nom de la rue des Gris : « Herstal ignora Richard Heintz et Richard
Heintz ignora Herstal. Il se souciait de Herstal comme sa première boîte de
couleurs. Et il est allé mourir à Sy, sans laissé le moindre souvenir à sa
commune fortement natale, si ce n’est quelque lignes à l’état civil ».
Il est vrai que son passage à Herstal a été
très éphémère. Né le 25/10/19871, le jeune Richard passe son enfance à Liège
dès 1973. Et je n’ai retrouvé qu’une gravure de Coronmeuse qui évoque Herstal….
Mais, en fait, André Collart n’aimait pas « sa production de valeur très contestée et … très contestable.
Nous doutons fort que la renommée, qu’en certains milieux on s’efforce de lui
donner, résiste longtemps au grand maître qu’est le temps. L’école ( ?) impressioniste
dont il se réclame ne nous paraît guère destinée à faire longue vue. Les
baptèmes de rues sollicités à Liège et à Herstal, voire même la plaque
commémorative que la fédération des sociétés herstaliennes a fait apposer rue
Hayeneux à grand renfort de trompettes semble avoir laissé le public bien froid ».
Là, André s’est trompé : on s’arrache
aujourd’hui les toiles de Heintz qui ont donc bien résisté au temps …
Le hameau antique du Rivage
Le hameau antique du Rivage qui allait de
Milsaucy à la rue Chera était jusqu’en 1850 le port de Herstal sur la Basse
Meuse. La rive n’était pas aménagée pour permettre l’accostage à quai ; ce
n’était qu’un talus d’un abord tout à fait primitif, à certain endroit taillé dans
la roche. On logeait au Logis ‘à pied et
à cheval’, naiveurs et ch’volls ou loueurs de chevaux ainsi que haleurs et
haleuses.
Avec le canal Liège Maestricht, vers 1850, le
Rivage fut séparé de l’agglomération. On y avait accès par la rue de la Chéra,
la rue du Prince, la ruelle Chefneux, la rue Graway, la ruelle Dosquet, la
ruelle Fagard, la rue de la Trappe et la rue de la Roche.
Vers 1930 une autre partie du quartier du
Rivage disparaît avec le creusement du
canal Albert.
Le café « Aux
Quinze » logeait en 1869 le local du parti des bleus, d’obédience
libérale, opposé à d’autres libéraux, les rouges, qui administraient la
commune. Ne vous fiez jamais aux couleurs: l’on retrouve encore aujourd’hui ces
bleus et rouges en fractions rivales partout en Basse Meuse. Ces ‘rouges’ perdront après 1886 la majorité
au Parti Ouvrier Belge.
Que deviendra cette rue Heintz avec le
tram et le « réaménagement d’un carrefour complet rue Heintz, là où le projet
2012 ne réaménageait qu’un demi-carrefour, sans traversée des voies » ?
La rue de l’Abattoir
Entre Coronmeuse et la rue Clawenne, le
périmètre du tram est élargi pour couvrir l’ensemble du domaine public entre le
tram et les façades. Sauf sur un court tronçon au droit du hall omnisports (exclusion
de la rue de l’Abattoir). Je me demande pourquoi ?
Il y a peut-être un bout d’explication dans le
Master Plan Cœur de Herstal pour qui cet endroit est au croisement de « deux axes historiques perpendiculaires
clairement affirmés durant le Moyen-Age : l’axe Liège-Maastricht, axe de
pélerinage, et Tongres à Jupille. A la confluence de ces axes se situent
Coronmeuse, la place Marexhe, la place Jean Jaurès, aboutissement du vallon
naturel de la Préalle. Durant le 19-20ième siècle les développements
industriels font fi du relief : ce sont des développements linéaires, parallèles
au canal. Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et
de mettre en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau
herstalien au canal Albert ».
Avec le tram nous sommes dans le ‘développement
linéaire parallèle au canal’. Nous montons la nouvelle voie qui donne accès au parking
en-dessous du centre administratif. Selon le Master Plan « la colonne vertébrale rejoint via l’esplanade de l’hôtel de ville le canal via
le chancre urbain situé à l’arrière. Il faut prolonger cette colonne vertébrale
tout en profitant du dénivelé, uniquement modes doux et fonctionnant par
paliers. Une rampe accessible aux piétons, cyclistes et PMR est censé favoriser
le cheminement depuis le centre-ville ». Accessible aux cyclistes et
aux PMR, et demain aux utilisateurs du tram : je vous laisse juger….
Le musée éphémère
![]() |
5ième anniv musée éphémère photo d.teti |
Sur le mur de fond de cette friche un triple
fresque. Le pont de Wandre est de l’artiste local ARTUR ÖCAL, décédé le 15 août
2022. Cette friche des usines Kraft est devenu « un lieu où se croise la biodiversité et la
diversité culturelle. Ce terrain est désormais
un couloir écologique, un bar à pollen, un énorme hôtel pour une
infinité d’insectes, un espace pour des potagers partagés, une mare avec ses habitant-es.
C est une école du dehors qui ne nécessite que très peu d’entretien, pas
d’arrosage, pas de machine, pas de gasoil, pas de tonte ».
Devant l’échec en 2017 d’une soumission
publique pour une opération immobilière qui n’avait attiré qu’un candidat
(Matexi), la Régie immobilière autonome de Herstal Urbéo, propriétaire du
terrain, a invité l’artiste Werner Moron, de la cellule Art, Nature et Innovation de Natagora. Il y a installé son Musée de l’Éphémère. Avec cette appellation ’Musée’, «on
poursuit un objectif pédagogique précis, explique Dorothée Luczak de
Natagora. Montrer que l’on peut recréer
en ville des corridors écologiques et favoriser la biodiversité ». Pour
Frédéric Daerden, « il faut repenser
les manières de produire, consommer et de créer du lien social. Dans ce nouvel
espace, les habitants pourront cultiver, échanger, jouer un rôle dans la
co-construction de la ville. Nous transformons ici une ancienne friche de
centre urbain en un espace privilégiant la biodiversité et le durable ».
Moron se dit « sculpteur de biotopes« . Son petit parc à 8 zones est censé favoriser la biodiversité,
avec milieu humide ou sec, petite mare,
milieu ombragé ou ensoleillé, sols pauvres et riches. http://www.lalibre.be/regions/liege/un-musee-de-l-ecologie-urbaine-a-herstal-5adf7df4cd707e468a0e4d1d
Avec ce
projet, la Ville veut « stimuler le
développement d’activités liées à un tourisme durable générateur d’emplois
locaux pour accompagner la transition vers une économie plus verte. Pour les
villes qui n’ont pas de patrimoine remarquable, des solutions existent :
s’orienter vers un tourisme d’expériences à vivre à la place d’un tourisme de
lieux à voir».
Quant au bilan écologique, c’est 650 m³ de
déblais, et 1200 m³ de remblais, et une dalle de béton de 422 m² pour les
conteneurs.
Un assemblage de conteneurs d’un architecte de renommée
internationale
L’assemblage de 8 containers est de
l’architecte de renommée internationale Rudy Ricciotti, qui a publié « Tous les containers, des projets
d’architecture modulable dans l’espace public ». Moron aussi a publié « Le container-studio ». Et le conteneur qui cache partiellement le
mural d’Ocal est sa participation à « Réjouisciences » de l’Université de
Liège, en 2015. Ce conteneur a fait du chemin (tu me diras que
c’est fait pour). Il a été à Meet&Connect à la Maison du Design de Mons,
puis en 2021 à Trooz.
Le Master Plan Coeur de Herstal
Le Master plan centre-ville de 2018 de Herstal
prévoit du logement le long du canal, avec des espaces commerciales au rez (ces
terrains appartiennent au Port Autonome, qui a marqué son désaccord.
![]() |
Master Plan coeur de Herstal |
Selon l’étude d’incidences du tram, «le schéma de développement communal de 2014
et le master plan centre-ville de 2018 de Herstal placent le tram en position
latérale sur le boulevard Zénobe Gramme. Il s’agissait d’un choix permettant de
mettre en œuvre le réaménagement de celui-ci sans attendre le tram, dont
l’horizon de réalisation n’était pas connu. Le projet 2022 couvre l’ensemble de
l’espace public entre le tram et les façades, et ne correspondent pas au master
plan, le tram étant toujours en position centrale, comme en 2012. La
suppression des contre-allées change la visibilité des commerces et entreprises
présents. Deux accès principaux sont conservés, mais les ouvertures existantes
au niveau de chacune des activités restent utilisables. Cela aura quand même des
implications profondes sur ce Master Plan. L’aménagement différent de celui
du Master Plan, et réflexion à avoir sur la reconversion de la zone économique
en zone d’habitat a d’ailleurs été soulevé déjà en 2022, lors de la réunion du
9 mars au Hall omnisports » (EIE p.31 et 45).
Des implications profondes ? Dans quel
sens : en bien ou an mal ? L’étude d’Incidences conclut que « la dépendance à la voiture des zones
commerciales Boulevard Zénobe Gramme est considérée comme forte. Le trafic
devrait augmenter de façon importante (118 %) mais l’accessibilité routière
devrait rester bonne et la présence de deux stations de tram constituer un
atout pour la zone commerciale » (EIE p.78).
Des carrefours à feux au lieu des giratoires
Nous traversons le boulevard. D’ici 2026 il y
aura des carrefours à feux au lieu des giratoires actuels. Pour l’EIE, « bien que les traversées piétonnes à ces
endroits soient protégées par des feux, l’important trafic routier attendu rend
les traversées potentiellement dangereuses ». Pourtant, elles ne
sauraient être plus dangereuses que la situation actuelle avec ses giratoires…
43 places de stationnement disparaissent,
suite à l’aménagement de carrefours à feux. On n’a compté que les places
‘légales’. Selon l’étude d’incidences, « les
différentes suppressions font partie des éléments clés visant à favoriser le
développement d’une politique de stationnement volontariste et de report modal
vers le tram. La réduction des emplacements publics de stationnement le long du
tracé devrait influencer le comportement des usagers dans leur choix du mode
transport ».
C’est un peu court, même si la Ville aussi doit
assumer sa responsabilité dans ce problème de stationnement. Une éventuelle
solution est rendue évidemment encore plus difficile par la privatisation du
stationnement.
A l’emplacement du boulevard il y avait le
premier canal latéral Liège-Maastricht, creusé en 1850, avec ses 24 ponts et 6
écluses. Suite aux crues désastreuses de l’hiver 1925-1926 une Commission
nationale des grands travaux avait préconisé d’entamer un canal Liège-Anvers. Douze
mille ouvriers y ont travaillé. L’ancien canal a été remblayé.
![]() |
Mieillerie de la Meuse 2020 |
Le long du canal un chantier naval dont on
peut se demander comment il vit. Mais ce que je sais, c’est que la plupart des
‘naiveux’ qui travaillent sur leur bateau sont toujours prêts à papoter. Tout au bout il y a le projet d’un bateau de
sauvetage des SAUVETEURS EN MER SNSM. L’homme qui le réalise a une santé
fragile ce qui fait que ça n’avance pas tellement. Sur un des bateaux amarrés s’est
installé un artiste. Un autre annonce une miellerie.
Le rideau de peupliers noirs d’Italie abattu
A hauteur de la future station Marexhe un
rideau de peupliers noirs d’Italie dont
on prévoit d’en abattre 34. Leur système racinaire puissant menace la plateforme
du tram. On les remplacera par « un canal
de verdure le long de la plateforme tirant un voile transparent vers la
promenade ». Je ne sais pas comment ils géreront leur chantier, mais
c’est des grands vendeurs de rêve…
L’annexe 7 nous apprend que cet alignement a
été planté à l’occasion de l’exposition internationale de Liège en 1930. Ils
ont donc 92 ans. Cette espèce de peuplier peut atteindre l’âge de 150 ans dans
des conditions «idéales». Toutefois avec l’âge les troncs se vident et
deviennent de plus en plus cannelés, ce qui est le cas ici.
Le double alignement de platanes de la station Solvay
Au niveau de la station Solvay le gabarit
passera de 19m à 33m. Cet agrandissement impacte directement le double
alignement de platanes. Sur les 53 sujets existants, 42 seront abattus dont 36
sont des arbres remarquables. Les platanes ont entre 40 et 50 ans. La perte de
ces arbres est compensée par la plantation d’un nouvel alignement d’arbres
parallèlement à l’existant. D’autres arbres seront plantés également au niveau
du trottoir des façades riveraines.
L’ancienne patinoire a été conçue en 1939 par
Joseph Moutschen comme Palais des fêtes pour l’expo. Le bas-relief qui la
surplombe est l’oeuvre du sculpteur Wansart. La façade postérieure est coupée
par un «Dionysos » dû au sculpteur
Adelin Salle. Derrière il y avait une piscine en plein air. Le P+R existant à côté
de ce ‘Palais’ disparaît au profit des constructions de ‘Rives Ardentes’. L’ex-patinoire, témoin de
l’architecture moderniste, se trouvera demain au beau milieu des
logements. Sa rénovation est prévue en
tout dernier lieu.
L’ensemble monumental dominé par un phare de
40 m auquel est adossée la statue du roi Albert avec un bas relief qui reproduit
le tracé du canal est aussi de Moutschen, ainsi que la station de pompage.
Le parc a servi d’espace évènements. Les
Ardentes sont aujourd’hui à Rocourt. Le projet immobilier en cours a pris le
nom de Rives Ardentes. Il y a juste la
pointe du terrain qui ne sera pas construite.
Hayeneux et rénovation urbaine
Nous traversons le boulevard pour rejoindre
l’Espace Hayeneux, cœur de la rénovation urbaine lancée en 2007. Dans le langage
châtré du schéma directeur de rénovation urbaine on lit: « L’analyse des cheminements (véhicules et
piétons) a permis de dégager un concept de balades minérales et végétales
autour desquelles s’articulent les différents bâtiments, avec un atrium d’où rayonnent les différentes
fonctions. Des points d’appels situés le long du Boulevard Ernest Solvay sont
mis en place permettant de guider les piétons vers ces nouveaux espaces».
N’est-ce pas bien dit, ça ? On pourra installer ces points d’appels dans l’arrêt du tram….
Le boulodrome (1.600m²) peut accueillir des
tournois européens, à l’intérieur ! A l’extérieur, le règlement interdit
de jouer après 18 heures, question de ne pas déranger les habitants des
apparts. J’ai l’impression que le
parking souterrain est surtout pour les logements privés de l’espace
Aurora du Groupe Horizon (Minguet): 44 appartements, inaugurés en 2015. L’espace
polyvalent extérieur de la maison de quartier a accueilli un mural d’ ARTUR
ÖCAL.
Il y a deux gros problèmes avec cette Maison
de quartier (2 grandes salles de 75 à 100 personnes : 150 et 180 m2 ; 2
salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de 10 à 15
personnes).
![]() |
maison de quartier Hayeneux |
Premièrement, on a déjà le Motorium Saroléa à
quelques hectomètres. Déjà en 2007 on avait signalé qu’il «y a lieu de mettre en regard le programme
d’activités à développer avec celui qui est déjà mis en place par des
organismes ou associations voisins, par exemple au «Motorium».
Mais le plus interpellant est les critères des
Fonds Feder qui imposent un marché de «concession
de services pour y développer un projet de gestion à vocation culturelle et/ou
sociale, à dimension communale et supra communale ». Aucun candidat-concessionnaire privé s’est
présenté pour ce grand bâtiment. Le
monde associatif de Herstal et du quartier Nord ont des besoins, mais la
logique des Partenariat Public Privé imposée par FEDER veut que ce bâtiment reste sous-utilisé.
Ponctuellement, la ville et le Centre culturel y organisent une activité.
La rue Petite Voie
Nous sortons par le rue Hayeneux pour
reprendre sur notre droite la rue des 3 Pierres et la rue Petite Voie (un
pléonasme), entièrement remise à neuf en 2015, dans le cadre de la rénovation
urbaine du quartier Marexhe, et transformée en une « Zone de rencontre« . Vitesse maximum 20km. La zone est signalée
par un panneau bleu avec des enfants qui jouent. Si pour la place Jean Jaurès c’est raté, pour la rue Petite Voie
c’est +- réussi. Le trafic de transit et la vitesse ont fortement diminué par
la pose de chicanes.
Les N°s 156 et 165 étaient des ateliers d’armurerie.
Eh oui, nous sommes dans la cité des
armuriers ! E.& J. Marck y produisaient des carabines de tir pour les
foires. Eugène Jacquemart fabriquait vers 1900 des pièces d’armes. (source : dossier de la Zone d’Initiative
Privilégiée Zip Marexhe).
![]() |
Manoir Petite Voie |
Le N° 151 est « une vaste demeure enclose du second tiers du XIXème siècle, dont les
cinq travées sont marquées par un jeu de pilastres ». Selon le
propriétaire actuel, c’était un refuge de chasse d’un noblion (qui a son blason
repris dans la façade).
Mine de rien, la Petite Voie était à l’époque un chemin de
grande communication, certes moins praticable que le grand chemin lors des
hautes eaux.
Version moyenne (Licour), ou version longue ?
Arrivés rue des Mineurs, nous retraversons le
boulevard pour rejoindre le musée de Herstal via la Ravel. Si on a le temps, on
fera un petit tour par la rue du Grand Puits qui sera fortement impactée si le
tram est prolongé jusqu’en Basse Campagne : « expropriations supplémentaires rue du Crucifix et place du Douzième de
Ligne. Rue du Crucifix, la circulation est mise en sens unique dans ce tronçon
(sens sud→nord). Le carrefour avec les rues Derrière les Rhieux et Grand Puits,
où plusieurs expropriations seront nécessaires pour la ligne longue, est un
enjeu important. Cela permet une mise en valeur du musée mais laisse des
pignons aveugles et cinq bâtiments isolés le long de la rue Derrière les Rhieux ».
Le pôle de la Rue du Grand Puits « est
surtout occupé par du commerce de proximité. Il est moins captif de la voiture.
Le trafic va considérablement diminuer. L’ensemble des places de stationnement
est supprimé mais des places supplémentaires sont prévues place Licourt. La
mise en circulation locale permet d’espérer un redéploiement sans modification
de la structure » (EIE p.79) .
Un redéploiement ? Je ne partage pas cet
optimisme. Certes, ce pôle est moins captif de la voiture, et un trafic diminué
peut ajouter du charme à cette place qui a du potentiel, mais la suppression de
l’ensemble des places de stationnement dans les environs immédiats pourrait
peser lourdement sur ces cafés. D’autant plus que sur la place Licour aussi le
nombre de places de stationnement diminue).
Le commerce de proximité Rue du Crucifix
«La partie est de la rue du Crucifix sera
expropriée et l’espace jusqu’au nouveau rond-point devrait permettre de
développer un ou plusieurs projets immobiliers. Ces reconstructions offrent
l’opportunité de redynamiser cette zone par la création de nouveaux espaces
commerciaux associés à une requalification de l’espace public. Les deux projets
(tram et boulevard Albert Ier) impactent fortement l’espace compris entre la
rue du Chéra, la rue du Crucifix et le pont de Wandre. Il sera primordial de
mener une réflexion d’ensemble sur cet espace. Il faut recréer des fronts bâtis le long de la rue du
Crucifix, des branches du giratoire et de la rampe du pont de Wandre. En ce qui
concerne l’îlot déterminé par la rue du Grand Puits et la rue Chéra, son
expropriation n’est pas justifiable sur le plan urbanistique ou de la mobilité.
Néanmoins, l’arrière est peu qualitatif et sera davantage mis en évidence suite
aux travaux de la N671. Une réflexion sur de possibles améliorations pourrait
également être menée ».
Suis-je parano si je vois derrière tout ça la
main de promoteurs immobiliers ? D’autant plus que les 9 dernières maisons
de la rue Chéra viennent d’être rasés, avec comme justification douteuse
l’aménagement du demi-trèfle du pont de Wandre…
Sources
Je me suis basé sur la mise à jour de l’étude
d’incidences sur l’environnement (EIE) portant sur l’insertion d’une ligne de
tram et de son dépôt entre Jemeppe-sur-Meuse et Herstal, finalisée en janvier 2013,
avec les modifications sur l’antenne Coronmeuse (Liège) – Basse-Campagne
(Herstal) (tronçons 9 et 10).
En 2016 j’ai fait une
balade autour de la Licourt à l’occasion de la fête annuelle des gens d’abord http://hachhachhh.blogspot.be/2016/05/balade-sante-mplp-loccasion-de-la-fete.html