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Notre 68ième balade-santé MPLP du dimanche 9
octobre 2022 nous arpenterons le site de la Lorette au-dessus de Visé.

On part de la collégiale Saint-Martin &
Saint-Hadelin de Visé
. Rv à 10h sur le parking devant la Collégiale.

Il y a comme chaque fois un départ en
covoiturage à  9h30 devant MPLP Herstal
avenue Ferrer 26.

Nous serons accompagnés par Bernadette Kinet, qui
a passée son enfance dans le quartier.

La collégiale

Il y a des liens directs entre cette église et
la chapelle et le cimetière de la Lorette. Les quelques pierres tombales
enchâssées dans les murs rappellent le cimetière paroissial qui environna le
bâtiment jusqu’en 1878, date à laquelle la municipalité décida de son transfert
au sommet de la colline derrière la chapelle de Notre-Dame de Lorette. Le
Christ en croix, appendu à l’arc en ogive de l’entrée du chœur, proviendrait du
calvaire dressé vers 1878 au bord de l’escalier que nous emprunterons tantôt.
Le vitrail qui surmonte la petite porte du transept nord rend hommage à Notre
Dame de Lorette, avec le pape Pie XII  qui proclame en 1950 l’assomption.
Cette glorification anticipée de Notre-Dame est une perle de théologie !

L’on raconte que l’on doit cette église à la
fille de Charlemagne, Berthe aux grands pieds, mais qu’un raid normand la
ravagea en 881.

Cette église remonte au XIVe siècle, lorsque le
prince-évêque de Liège Adolphe de la Marck la confie à douze chanoines, et
élève l’église au rang de collégiale. Ces moines provenaient de la communauté
de saint Hadelin, en provenance de Celles. Ils ont amené les restes du saint
dans une châsse ornée sur les pignons de reliefs en argent. C’est un
chef-d’œuvre de l’art mosan.

En contrebas de l’église, quelques maisons
anciennes de chanoines. Lors de 
l’installation du chapitre, il fut question de l’établissement d’un
cloître. Mais la vie commune des chanoines s’estompa dèjà à cette époque et les chanoines se
firent construire des maisons privées. Les habitations canoniales de la rue
Raskinroy, la porte du Marché et le bastion de Souvré prirent le nom
d’encloîtres. Ces chanoines ne s’occupaient plus de leur paroisse. Jusqu’au
troisième quart du XVIIIe  siècle le
chœur était fermé par un jubé de marbre ou doxal. La nef était réservée aux
fidèles.

Il y aurait même selon certains sur la frise de l’armoire de coin au fond de la nef nord une allusion aux luttes politiques qui opposèrent les partisans du prince
(Chiroux), et les démocrates, qui recherchèrent l’appui de la France
(Grignoux) . Les lions assis à gauche soutiennent sereinement les armes
principautaires, tandis qu’à droite, les lions, coiffés d’une couronne
fleurdelisée, s’en prennent aux attributs épiscopaux.

L’église fut mise à sac par Charles le Téméraire,
duc de Bourgogne en 1467. 
Lors de la restauration de 1895 seul le chœur
fut conservé

Le 10 août 1914, sous prétexte qu’elle servait de point de repère aux
artilleurs de Pontisse, l’église fut incendiée par les pionniers allemands. Les
vitraux du fond furent miraculeusement épargnés. En 1926 l’architecte Jamar
dirigeait la reconstruction. C’est de cette époque que date la chapelle avec
les reliques de saint Hadelin.

Un site classé

La Porte de Lorette au pied de la colline était
autrefois la porte-fortifiée de Dalhem ou
aussi du Marché
. Dans un Recès de la Ville du 25 septembre 1737, il est
stipulé que la foire aux chevaux doit se tenir «à l’îlot proche la porte de Dalhem » (A. E. L. Visé, Recès du Conseil). Cet îlot était un ensemble de talus et de replats s’échelonnant entre
la place du Marché et le rebord du plateau de Lorette. 

Nous monterons les 194 marches du chemin de
croix vers la chapelle de la Lorette établi en 1877, suite à l’ouverture d’un
nouveau cimetière.  L’escalier aussi est
inscrit comme monument. Sur la fiche du patrimoine on lit: « Cette belle série de 194
marches bordée de grands arbres est quelque peu altérée par la présence de la
piscine communale».
La Ville aurait-elle passé outre d’un avis négatif du
Patrimoine lors de l’implantation de cette piscine ? Ceci dit,  je ne ferai pas la fine bouche devant cette
piscine qui est en phase de rénovation.

La chapelle remonte à 1684 comme témoigne le
linteau de la porte d’entrée, l’année où les dirigeants des Grignoux eurent la
tête tranchée. A cette époque révolutionnaire, Visé était le refuge des
Chiroux, partisans de Prince, d’où le surnom Chirouxville.

On peut supposer que ce chemin de croix était
au départ le chemin des pèlerinages vers cette chapelle, pèlerinages qui ont
continué jusqu’à nos jours, notamment lors de la fête de l’Assomption.

Après la restauration de la chapelle
et de l’ermitage en 1966 , une procession aux flambeaux était organisée chaque veille de
l’Assomption, le 14 août, par la confrérie Notre-Dame de Lorette et Saint
Hadelin. Tous les 10 ans une procession décanale regroupait la plupart des
statues de Notre-Dame des différentes paroisses.

La ferme du Temple

La ferme du Temple, au bout de la route
longeant le cimetière, remonte à 1250, lorsqu’un chevalier fit don de son
manoir aux Templiers. A l’époque de leur suppression, en 1312,  la ferme des Templiers avait  une centaine de bonniers de terres (un
bonnier est +- un hectare). La ferme est acquise ensuite par les Hospitaliers (aujourd’hui
l’Ordre de Malte).

La ferme actuelle est une reconstruction du 18ième
siècle. Elle a été expropriée lors de la révolution française. Aujourd’hui la
ferme est propriété publique. Visé l’avait acheté pour des infrastructures
sportives (ils voyaient déjà Visé en D1) ou pour y créer un centre culturel.
Depuis lors, le club de foot n’est pas arrivé en D1, et en matière de culture,
il y a eu la construction de la salle des Tréteaux. La ferme du Temple est
inscrite comme monument, mais elle est encore bien vivante en tant que
ferme : on peut aller y chercher des pommes de terre et du lait : un
circuit court, à 500 mètres en vol d’oiseau de centre ville ! Voyons comme
elle se présente sur son site :

« QUI
SOMMES-NOUS?

Nous
sommes une petite ferme familiale proche du centre de Visé. Production laitière
accompagnée de cultures. Mais ce n’est pas tout, nous tenons un petit commerce
pour vous faire profiter de nos produits ! » Et voici quelques témoignages :
« Accueil très sympathique, produits fermiers régionaux de qualité. »
ou encore « Des produit d’extrêmement bonne qualité à des prix
démocratique ! Chaudement recommandé ! Le lait à 1€/L ! » « Belle
ferme en carré près du centre de Visé et très sympathique famille d’exploitants
agricoles avec vente de produits laitiers et pommes de terre sur place ».

En septembre 2022 Visé a accueilli le festival Nourrir de la Ceinture
Alimentaire Liégeoise, à la découverte des producteurs locaux, des enjeux
sociétaux pour l’agriculture de demain et aussi d’autres modes de consommation.
L’Institut Saint-Joseph de Visé avait proposé à ses élèves la pièce de théâtre
« Nourrir l’humanité » et une balade à vélo à la découverte des petits
producteurs de la région.

Sur la chapelle et la ferme, je vous renvoie
vers mon blog https://hachhachhh.blogspot.com/2022/07/le-site-de-lorette-vise-une-longue-et.html

Un cimetière avec 150 croix en fonte

Derrière la chapelle, il y a le cimetière,
avec ses 3100 tombes. Dans une ville riche d’un patrimoine immatériel, celui-ci
se retrouve sur certaines tombes : les trois compagnies armées, les comités de
fêtes de certains quartiers visétois mais aussi des environs comme Berneau,
Dalhem, Haccourt ou Hermalle.  Les ACEC,
les charbonnages, les cimenteries, des magasins, la fabrique nationale de
Herstal, la gare, le TEC y ont rendu hommage à leurs employé.e.s.

Il y a aussi 150 croix de fonte dont pas mal
ont un avis d’abandon. L’art. L1232-12 §2 stipule que « l’état d’abandon est constaté par un acte du bourgmestre. À
défaut de réponse dans le mois, une copie de l’acte est affichée pendant un an
sur le lieu de sépulture et à l’entrée du cimetière. À défaut de remise en état
à l’expiration de ce délai, la sépulture revient au gestionnaire public qui
peut à nouveau en disposer. ».

D’où vient que Visé a gardé 150 croix en
fonte ? Un fondeur particulièrement doué ? Ou simplement une absence
de zèle pour la reprise des anciennes concessions? Vers 1840, les croix
ajourées sont produites en masse par les fonderies qui développent cet art
funéraire. Il convient de préserver ce patrimoine riche mais fragile.

Jean-Pierre Lensen, du musée de Visé, a publié
un livret sur ce cimetière, basé sur 4.000 clichés pris entre 2000 et 2020 (collectiondes Rendez-Vous de l’Histoire). 

 

La Résidence Château de LORETTE

Comme contrepoint de notre balade sur ce site
classé, il y a le projet immobilier Résidence Château de LORETTE : 4 immeubles
d’appartements comprenant 30 logements, une surface de bureau et un parking
souterrain. Ce terrain se situe, certes, en dehors du site classé. Voici
quelques extraits d’une lettre de réclamation d’une série de  riverains du 17 mars 2022 dans le cadre de
l’enquête publique qui vient de se terminer en avril 2022.

« Le Schéma de développement
communal fixe une densité maximale de 15 logements à l’hectare dans la zone
concernée (page 53).

Le projet aura un effet néfaste sur la fluidité de la
circulation automobile de la Rue de Dalhem, touchée aux heures de pointe par des
embouteillages.

L’accès au bâtiment se fera uniquement par la rue de
Dalhem pour les véhicules et par la rue Porte de Lorette pour les piétons. Or,
la Rue Porte de Lorette serait bel et bien sollicitée par les poubelles, les services
de secours ou  les déménagements. Certains
plans renseignent une largeur de 4 mètres pour le chemin donnant accès au
terrain. Or elle ne fait que 2,90 mètres de large (devant le 42, rue Porte de
Lorette).

En cas de fortes intempéries, le terrain ne jouera plus
son de zone «tampon ». Les inondations dramatiques de juillet dernier nous ont
montré que les pires dégâts pouvaient être causés par le déferlement des eaux
d’une colline. Déjà maintenant les égoûts de la Rue Porte de Lorette saturent
et  certaines habitations du bas et du
milieu de la rue ont leurs caves inondées les jours de fortes pluies.

La colline de Lorette est riche en schiste et en
sources d’eau. Les permis précédemment octroyés demandent de limiter au maximum
les travaux de terrassement. Certaines habitations pourraient voir accentuer
les problèmes de stabilité comme c’est déjà le cas pour l’immeuble Belvédère.

Ce projet ne s’intègre pas harmonieusement dans la
cohérence urbaine actuelle. Il suffit de regarder les immeubles « Meuse View »
en cours de construction pour réaliser les dégâts qu’un tel projet
disproportionné pourrait causer au paysage.

Le Schéma directeur d’aménagement des abords de la
route de Dalhem prévoyait pour la zone 5 que « seule la parcelle n° 703E
pourrait accueillir une habitation de type unifamiliale. L’intégration au
relief (fort particulier) devra y être particulièrement soignée. Les autres
terrains gardent leur caractère boisé ». Des parcelles concernées par le projet,
seule la parcelle 706Y, qui était alors construite, était considérée comme
bâtissable. Le Collège, lui-même, s’était doté de ce Schéma de Structure afin
d’éviter les erreurs qui avaient été commises précédemment : « une gestion paysagère déficiente des abords
de la Rue de Dalhem, dans la mesure où des immeubles hauts (plus de 8 étages)
ont été bâtis sans tenir compte du contexte topographique de la vallée »
.
Les recommandations concernant le « Périmètre de cohérence urbaine de Visé-Sud
» invitent quant à elles à «
(re)qualifier les dégagements s depuis les bords de la Meuse vers la colline de
la rue de Dalhem, et vice-versa et protéger la zone de grande qualité paysagère
des environs de la Porte de Lorette située à l’arrière »
.

Avec la multiplication des projets immobiliers (
résidence HENOVA, Les Terrasses de Lorette etc. cela devient invivable !

La colline de Lorette doit rester un endroit calme et
paisible. Nous voulons que ce lieu historique ne soit pas massacré, défiguré. Visé
doit rester une ville accueillante, charmante, où « il fait bon de vivre ». Et
pour ce faire, nous aimons à penser que les projets immobiliers du futur
tiennent davantage compte des citoyens et de la physionomie du bâti
existant. 

Juin 2022 un torrent d’eau

Visé Magazine 2018!

La lettre de réclamations a été prophétique. Un
torrent d’eau s’est abattu sur les rues Haute, du Collège et Souvré dans le
centre de Visé, dans la nuit du 24 juin 2022. Dans la rue Souvré, l’eau est
montée au moins jusqu’aux essieux des voitures. Au restaurant 1930 la cave a été
remplie d’eau. Une véritable tuile pour Philovin qui venait de fêter son
premier anniversaire et qui ne désemplissait pas. « C’est une catastrophe»,
explique, la voix dépitée, Philippe Jonlet, le patron, « le plafond au-dessus
du bar est gorgé d’eau. Les pompiers m’ont interdit d’ouvrir tant que ce
n’était pas réparé parce qu’il y a évidemment un risque d’effondrement. Tous
les frigos ont pété, les portes sont abîmées (La Meuse 25/6/2022).

Un lien de cause à effet avec les projets
immobiliers qui imperméabilisent des surfaces de plus en plus importantes ?
Voici la carte lidaxes qui donne les axes de ruisselement (on pourrait dire
aussi inondations). Ces cartes mériteraient d’être précisées dans les
agglomérations ou dans les environnements boisés, mais elles sont un bon point
de départ et on ne peut plus dire que l’on ne savait pas.  

Le Bois Mayanne

Si on a le temps, on descendra par le Bois
Mayanne. On a là quelques phénomènes karstiques qui sont renseignés par l’atlas du karst wallon
(CWEPSS, 1996) et par la nouvelle carte géologique. Il s’agit d’effondrements
dans un petit vallon calcaire encaissé, 
dépressions de Souvré dans le bois Mayanne au
sud de Visé. Le chemin parallèle à la route de Dalhem nous conduira vers la
Vallée des soupirs et la rue du Roua. Nous croisons le Raval, l piste cyclable
qui va vers Richelle. En juin 2022 c’est par là que les torrents d’eau ont
dévalé, en débordant le bassin d’orage 
qui soi disant allait tout régler. Dans le Bulletin communal d’octobre
2021 nous lisons encore : « Visé
a été relativement épargnée, alors que naguère les eaux débordaient
régulièrement à Devant-le-Pont, Lixhe, Lanaye ou encore Souvré, Argenteau ou
Cheratte-Bas. Les aménagements n’ont pas été suffisants pour éviter tout
débordement à Lixhe et Lanaye et l’ordonnance d’évacuation, mais les
aménagements ont énormément atténué la hauteur de l’inondation. Des bassins
d’orage ont été réhabilités (Hennen) ou construits (Bois Mayanne) par la Ville.
Le parc des Libellules, sur le dessus de Visé, est aussi un bassin d’orage. Ces
nouvelles capacités de rétention ont permis de gérer les eaux de ruissellement
des plateaux surplombant Visé et éviter des inondations majeures à Souvré.
Seules quelques maisons ont malheureusement été impactées du fait des quantités
d’eaux tombées hors norme. Sans ces investissements massifs, les dégâts
auraient été d’une bien plus grande ampleur ».

Comme il n’est jamais trop tard pour
s’amender, cela incitera peut-être à remettre en question la bétonisation de la
Lorette…

Références

Mon blog sur le site et le culte de ND de
Lorette

https://hachhachhh.blogspot.com/2022/07/le-site-de-lorette-vise-une-longue-et.html

 

Et voici la fiche sur la Ferme

http://lampspw.wallonie.be/dgo4/site_ipic/index.php/fiche/index?sortCol=2&sortDir=asc&start=0&nbElemPage=10&filtre=&codeInt=62108-INV-0053-02

https://www.egliseinfo.be/lieu/46/vise/notre-dame-de-lorette

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_du_patrimoine_immobilier_class%C3%A9_de_Vis%C3%A9
Ensemble formé par la chapelle Lorette, la ferme du Temple et les abords

http://lampspw.wallonie.be/dgo4/site_thema/index.php/dossier/view/BC_PAT/62108-CLT-0004-01

avec des belles photos

 

Sur les Chiroux et Grignoux voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.com/2010/12/chiroux-et-grignoux.html

 Sur la
collégiale
https://openchurches.eu/fr/edifices/saint-martin-et-saint-hadelin-vise

 https://www.academia.edu/1164019/La_collegiale_Saint-Martin_et_Saint-Hadelin_de_Vise._Guide_de_leglise_et_du_tresor Paul Bruyère,  La collégiale Saint-Martin & Saint-Hadelin de Visé, 2010